Le Templier et le Papillon : nouveau Polar Cistique du Bob

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bob d artois
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Re: Le Templier et le Papillon : nouveau Polar Cistique du B

Message par bob d artois »

Bon, personne ne s'est aperçu que j'avais zappé celui d'hier, on va le faire dans le furtif :whistle:

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A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?

Bob
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bob d artois
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Message par bob d artois »

IV- Les Talents cachés

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L’endroit et l’ensoleillement convenant à un pique-nique, Anne-Sophie et Ivan proposèrent d’aller chercher des provisions.
Assise sur le bord de la falaise Elsa attendait leur retour en contemplant le paysage. Thierry inspecta les traces qu’avaient laissées les outils sur la craie creusée puis vint s’assoir à ses côtés.

- Il faut du monde pour un tel ouvrage, il semble que beaucoup de Templiers aient échappé à l’extermination.
- Les Templiers n’ont pas été exterminés. Ils ont été arrêtés par Philippe le Bel en 1307 puis il a obtenu du Pape qu’il convoque un concile en 1311 pour statuer sur l’ordre lui-même. Ce fut ce concile, réunit à Vienne, qui mit fin aux Templiers. Non pas en les tuant mais en dissolvant l’ordre.
Confiés à l’Inquisition, les Templiers qui ont avoué ont été libérés, les rares qui résistèrent malgré la torture restèrent en prison.
- Torturés à vie ?
- Non les règles de l’inquisition interdisaient de torturer plus d’une fois, ce qui ne veut pas dire qu’on ne cherchait plus à obtenir leurs aveux par des moyens plus classiques.
- Mais il y a bien des Templiers qui ont été brûlés ?
- Oui, les « relaps », c’est-à-dire ceux qui ayant d’abord avoué se sont ensuite rétractés. Ils étaient alors rejetés de l’église et confié au bras séculier c’est-à-dire au Roi qui les conduisait au bucher.

Thierry resta un moment songeur.

- Tu as bien dit 1311 ?
- Oui, c’’est la date d’ouverture du concile. Pourquoi ?
- Parce que je crois que ce sont les Templiers qui ont suggéré cette date au Roi…
M… ! Nous avions tout sous les yeux depuis le début !
- Tout quoi ? Explique-toi !

- Hier j’ai cherché dans la Bible si un passage faisait référence à la finance.
- Je trouve que tu t’intéresses beaucoup à ce livre depuis que tu connais Anne-Sophie.
- Un seul en décrit les mécanismes : « La parabole des Talents ».
- « Mathieu 25-14 ». Je connais. Sa conclusion illustre bien le drame du capitalisme : « car on donnera à celui qui a mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a ».

http://www.sourcedevie.com/lire-la-bibl ... on-LSG.htm

- C’est plutôt ce qui précède qui a retenu mon attention, je n’arrivais pas à comprendre son lien avec la morale de l’histoire.
- Moi non plus mais Anne-Sophie te dirait qu’il s’agit d’une parabole, il faut trouver son sens spirituel pour la comprendre.
- Peut-être mais je pense que les Templiers se sont appuyés sur son sens au premier degré. Pour appréhender celui-ci, il faut s’imaginer en présence d’une transaction classique :
Le maître possède 8 talents qu’il distribue. Lorsqu’il quitte ses serviteurs, le premier détient 5 talents, le deuxième 2 et le troisième 1. Le maître, lui, n’a plus rien. Le total en cours est de 8 talents.
A son retour, bien plus tard, les serviteurs ont fait fructifier l’argent. Ils rendent au maître ce qu’il leur a donné et conservent leur bénéfice soit 5 talents pour le premier, 2 pour le second et rien pour le troisième qui s’est contenté d’enterrer l’argent prêté. Pour sa part, le maître possède à nouveau 8 talents.
Il réprimande le troisième serviteur, le renvoie et donne son talent au premier pour le récompenser.
- Mais le troisième ne possédait plus ce talent puisqu’il l’avait rendu au maitre ?
En effet ainsi à la fin de la transaction il reste au maître 7 talents, le premier serviteur en a 6 et le deuxième 2.
- Le maître a donc perdu un talent. Où est son intérêt ?
- Pour le comprendre il faut lire ce que dit de lui le troisième serviteur : « Tu moissonnes où tu n’as pas semé et amasses où tu n’as pas vanné ». Ceci signifie que le maître ne pouvait justifier de l’origine de ses huit talents. En revanche si on lui demande d’où viennent les sept qu’il possède désormais, il pourra dire que cinq proviennent du travail de son premier serviteur et deux du travail du second.
La parabole signifie qu’un argent n’a pas même valeur suivant d’où il provient. Il peut même n’en avoir pas s’il a été créé de toute pièce comme l’argent virtuel dont nous avons beaucoup parlé. En revanche l’argent produit à partir de lui retrouve une vraie valeur.

- Cette parabole semble avoir été écrite de nos jours.
- Tu ne crois pas si bien dire. Dans la conclusion qui te plait tant, ne trouves-tu pas qu’il y a quelque-chose d’étrange ?
- Oui, il y a une contradiction. Comment retirer ce qu’il a à quelqu’un qui n’a rien ?
- C’est exactement ce qui s’est passé lors de la crise de 2008. On avait vendu des maisons à des clients qui ne pouvaient se les offrir. Grâce à cela on a pu créer une masse monétaire appuyée sur la valeur hypothécaire de ces maisons.
- Ce sont les huit talents du maître au début ?
- Oui. Par des mécanismes complexes les banquiers réussirent à revendre ces « actifs pourris » à d’autres qui les ont vendus à d’autres, souvent en les mélangeant à des produits saints.
- Les premiers ont récupérés les sept talents saints et ceux qui avaient les huit pourris étaient persuadés qu’ils étaient saints.
- Tu apprends vite. L’immobilier ne pouvant monter éternellement tout s’est écroulé et des gens ont cru perdre leurs maisons.
- Ils ne les ont pas réellement perdues ?
- Ils ne les ont pas réellement achetées surtout, car ils n’en avaient pas les moyens. Ces achats ont simplement justifié la création d’une masse monétaire. A la fin on leur a retiré des maisons qu’ils n’ont jamais réellement possédées.

- On a retiré ce qu’il avait à celui qui n’avait pas…
C’est ce que tu voulais dire quand tu affirmais que tout était sous nos yeux depuis le début ?
- Non, je parlais des Templiers, de leur bulle financière et de leur autodissolution. Tout était écrit sur la tête en argent qui a été trouvé lors de leur arrestation. Sur une telle œuvre d’art, un « IVI » qui ressemble à un « M » ne peut être qu’intentionnel. Tu te rappelles ce que nous a expliqué Ivan sur le binaire et l’hexadécimal ?
- Oui, un nombre peut s’exprimer en plusieurs bases : en base deux on n’utilise que le 0 et le 1 et dans les bases supérieures à dix on complète les chiffres par des lettres. Tu penses que 58M est un nombre exprimée dans une base supérieure à dix ?
- Exactement. Dès leur arrestation les Templiers nous ont indiqué la date qu’ils avaient choisie pour convaincre le Pape de dissoudre l’ordre. « 58M » en base 25 s’écrit « 1311 » en base 14.
- Stupéfiant ! Mais pourquoi les bases 25 et 14 ?
- Mathieu 25-14 : La parabole des Talents.

Etait-ce cette révélation ou le trouble qu’elle ressentait à être si proche de Thierry ? Elsa ressenti le besoin de détourner ses yeux du visage de son interlocuteur. Se concentrant sur ce qu’elle venait d’apprendre et laissant vagabonder son regard sur les bords de Seine, elle songea :

Quelle intelligence ! S’ils avaient atteint leur but, les Templiers n’auraient pu sortir de leur clandestinité qu’après s’être réhabilité de leurs accusations. Quel meilleur moyen de s’innocenter que de démontrer avoir soi-même planifié sa déchéance ? C’était l’un des buts du visage d’argent. Quelle ingéniosité avaient ces hommes pour coder plusieurs secrets dans un même message chiffré…

- Nom de Dieu !
- Ca y est, tu y crois aussi ?
- Je peux revoir le texte que je t’ai traduit ?

Thierry sortit le papier de son sac en veillant à y garder le plan. Elsa le consulta nerveusement.


Lentement mon âme s'élevait au-dessus des sables qui couvriraient bientôt le lieu du martyr templier. Cernés par les flammes ils furent tous exécutés.
Au-delà des dunes, vers l’orient, une flèche semblait surgir du sol pour indiquer le trésor que portaient les chariots.
Mais ce n’était qu’un mirage qui détournait mon regard des cornes protectrices.
Là où fut enfouie la vraie croix.


- Je ne crois toujours pas en Dieu et je pense que l’auteur de ceci ne croyait pas aux mirages.
- Tu veux dire qu’il y aurait bien un trésor à Hattin ?
- Je me suis trompée, ce texte ne parle pas de Hattin. Le « lieu du martyr templier, cernés par les flammes, ils furent tous exécutés » c’est l’île aux Juifs à Paris ! Là où furent brulés Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay.
- Mais il n’y a pas de sable à cet endroit ?
- Si ! Une fois par an, lors de l’opération « Paris plage » et le sable qui sert de plage aux parisiens vient précisément de cet endroit.

Elle montra du doigt une sablière située en bordure de Seine.

- Et le « mirage » ?
- Je suppose que nous le verrons lorsque nous serons au-dessus de ces « dunes ».

Elsa et Thierry confièrent leurs conclusions à leurs camarades entre deux tranches de saucisson puis proposèrent d’aller voir l’entreprise de plus près. Le grillage était fermé et l’on n’y constatait aucune activité. Ils garèrent leurs voitures à distance et s’approchèrent de l’entrée.

- Tu m’aide à franchir le portail ? Demanda Elsa à Thierry.
- Ce n’est pas une bonne idée. Remarqua Ivan. C’est certainement gardé, peut-être avec des chiens.
- Garder du sable ? Pour quoi faire ?
- Ça a plus de valeur que tu le crois, nota Thierry. Sais-tu que les plus gros importateurs mondiaux de sable sont les Emirats Arabes Unis ?
- Ils importent du sable dans le désert ?
- Il y a sable et sable, celui qui est le plus apte à la construction commence à se faire rare.

Elsa haussa les épaules et commença à grimper, arrivée en haut elle se tourna vers Thierry.

- Je m’y connais plus en animaux qu’en sable. Une entreprise ne peut laisser un chien de garde sans maître à proximité. S’il y avait un maître, il y aurait une voiture quelque part. Tu viens ?

Thierry regarda les autres en esquissant un geste d’impuissance et entrepris également le franchissement.

- Tu fais le guet Anne-Sophie ?
- Oui, si Ivan reste avec moi.

Thierry suivit la jeune fille à travers le dédale de constructions tubulaires. Elle finit par s’engager sur une longue rampe dominant tout le complexe.

- Ne sens-tu pas ton âme s’élever au-dessus des sables ?

Thierry sourit et la pris par la taille lorsqu’arrivée en haut elle entreprit d’observer les alentours avec sa lunette d’ornithologue.

- J’en étais sûre ! Regarde, ne vois-tu pas un mirage, au milieu des bâtiments qui sont à l’Orient ?
- Ok, on y va. Répondit Thierry d’un air faussement blasé.
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Re: Le Templier et le Papillon : nouveau Polar Cistique du B

Message par BIGBROZEUR »

bob d artois a écrit :IV- Les Talents cachés
Ben une chose est sûre....c'est que les talents de Bob ne sont pas cachés..... :'OO': :'OO': ....mais jusqu'où s'arrêtera-t-il ???!!!..... :'OO': :'OO':....
B)
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Re: Le Templier et le Papillon : nouveau Polar Cistique du B

Message par bob d artois »

Merci BIG ;)

Je vois que tu es devenu spécialiste en décodage de poèmes Templiers :one: :one:

B) Bob
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Re: Le Templier et le Papillon : nouveau Polar Cistique du B

Message par bob d artois »

Arghhh !

J'ai oublié le fichier au boulot donc la suite demain "spe_pasfrevin"

pour vous faire patienter, voici un exemple de modèle de la NASA

http://svs.gsfc.nasa.gov/cgi-bin/detail ... ton=recent

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Message par bob d artois »

V- Les Fils du Mystère

Un quart d’heure plus tard les jeunes gens contemplaient ce qu’on pouvait qualifier de « flèche semblant surgir du sol ».

- C’est la première fois que je vois un mirage de si près.
- Oui Thierry, et cette flèche n’est pas pointée au hasard, elle indique un endroit au pied du château. Je suis sûre que nous y trouverons l’accès au trésor des chariots de Jean de Châlon.
- Tu penses à celui qu’ont contenu les coffres vides que nous avons découverts à Neaufles ? Qui l’aurait transféré ici et pourquoi ?

Le prolongement de la flèche heurtait la colline du château juste au-dessous d’un point de vue touristique. L’endroit était caractérisé par un large trou semblable à un cratère de bombe. Elsa et Thierry découvrirent un sentier sur ses arrêtes. Le sentier s’éloignait du château en descendant parallèlement à la route. Bien plus bas, un long grillage se présenta face à eux, Elsa, restée bien en arrière interpella ses amis.

- Venez voir, je crois qu’il faut tourner ici.

Lorsqu’ils furent à sa hauteur, la jeune fille leur montra une gravure sur un arbre représentant deux lettres.

- J’ai horreur de ce genre de truc, donc cela attire mon œil. Je les ai vues sur plusieurs arbres, et sur d’autres c’était les lettres BR. Je pense que l’un des couples de lettres indique de prendre à gauche, l’autre à droite.
- Quelle drôle d’idée.
- Peut-être mais traduis ces couples de lettres en chiffre templier, tu verras qu’elles forment un dessin très explicite.
- Je crois que je vois ce que tu veux dire. Ce serait encore mieux si les couples de lettres étaient doublées.
- Tu as compris, vous me suivez ?
- Bien sûr, d’autant que ce sentier semble conduire à la tour que nous avions vue depuis le calvaire de la Reine Marguerite. Quel meilleur coffre-fort pour remplacer le donjon détruit de château Gaillard ?

C’est ainsi que le périple de l’équipe s’engagea dans un chemin tortueux et encombré de ronces qui se faufila bientôt entre une falaise et une clôture sensée les protéger du précipice. D’évidence il menait bien à la tour mais les derniers cinquante mètres étaient constitués d’un flanc de falaise infranchissable recouvert d’une herbe glissante. A regret, l’équipe désormais habituée à ce type de blocage, décida de renoncer. Sur le chemin du retour, Anne-Sophie remarqua un arbre gravé qui avait échappé à Elsa.

- Regardez ! On dirait la troisième des croix utilisées dans le code templier. Celle qui forme le mot « lait » en anglais et qui se retrouve dans le symbole du chinois. Je crois qu’il y a une grotte derrière cette roche.

Plus qu’une grotte, le bloc cachait une sorte de chapelle clandestine au sol recouvert de pierres et de cailloux. Les statues avaient disparu mais leurs sept emplacements restaient creusés dans les parois. Trois au fond et deux sur chaque côté. Anne-Sophie les observa consciencieusement.

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- C’est étonnant, il y a des trace dans la poussière comme si on y avait replacé plusieurs fois les statues d’origine. Elsa, sais-tu si les Templiers vénéraient sept Saints en particulier ?
- Non, leurs cultes étaient semblables à ceux des catholiques. Pourquoi cette question ?
- Je suis persuadée que cette chapelle a un rapport avec la tour. Peut-être qu’équipée de ses statues elle nous donnerait la solution pour y accéder ?
- Et si l’une d’elle était tout simplement Baphomet ? demanda Thierry.
- Pas idiot dit Ivan. Dommage qu’il nous soit impossible de retourner chercher sa tête, notre incursion dans leur centre informatique a dû éveiller la méfiance des Templiers.
Anne-Sophie poussa un cri. Une vision immonde venait d’apparaître au centre de la grotte. Ivan la pris dans ses bras pour la rassurer.

- Ne t’inquiète pas c’est juste la tête de Saint Louis. Cet idiot de Thierry avait dû la mettre dans son sac après le déclenchement du piège.

Ce dernier éteignit sa lampe faisant disparaitre la vision inquiétante. Il sentit dans l’obscurité une réprobation unanime.

- Ho ça va, j’avais l’intention de la remettre en place. Admettez que j’ai eu raison de croire qu’elle avait encore des choses à nous dire. Eclairez-moi, je vais avoir besoin de mes deux mains.

Naturellement Thierry choisit la position centrale. Dès qu’il plaça la tête un bruit sourd et court raisonna dans la pièce. Un bruit équivalent se produisait lorsqu’il retirait le crâne, il était évident qu’elle déclenchait un mécanisme.
Malheureusement une inspection minutieuse ne révéla aucun changement dans la grotte. Au bout d’une heure le découragement avait gagné toute l’équipe quand Anne-Sophie braqua sa lampe sur une autre niche.

- Essaie plutôt celle-ci.
- Pourquoi ?
- Sous le mirage qui nous a conduits ici, j’ai vu une inscription. Il s’agissait d’un nombre écrit en binaire. Peut-être indique-t-il le numéro de la niche ?

L’idée plut aussitôt à tous et Thierry s’exécuta. Malheureusement rien ne se passa, seule la niche centrale provoquait une réaction mais ses conséquences restaient un mystère. Ils étaient indéniablement sur la bonne piste mais il leur fallait être de retour au manoir avant le dîner. Tous étaient d’accord pour cacher leur découverte à l’inspecteur, il était donc important qu’ils soient de présents avant son arrivée.

A minuit, l’inspecteur n’était toujours pas de retour, l’équipe s’était à nouveau installée dans la bibliothèque et profitait du répit pour réfléchir au secret de la grotte. Seule Anne-Sophie avait trouvé une hypothèse intéressante. Grace aux mesures prises près du mirage elle avait pu faire une modélisation 3D qu’elle projeta sur l’écran.

- J’ai prolongé la « flèche » par une ligne fictive afin de voir ce qu’elle pointait. Comme vous le voyez, celle-ci n’indique pas le départ du sentier ni même la grotte mais la fameuse tour inaccessible. Mon avis est que c’est elle qui recèle le trésor.
- Et la grotte ?
- Elle doit cacher le moyen d’y accéder, une sorte de code.
- Demande à Ivan, ça ne doit pas être plus compliqué que de casser le code d'accès de leur calculateur.
- Qui te dit qu'il avait un mot de passe ?
- Ça paraît évident non ?

Ivan sourit.

- Je l'ai trouvé de la même manière que j’ai découvert où était l’ordinateur. Tout était inscrit près de la croix percée, sur le panneau indiquant la fibre optique que nous avons suivie. Mais ils ont certainement changé de mot de passe depuis notre passage. Pour la grotte je pense qu'il faut plutôt partir du mirage.

Toute l'équipe se remit au travail, analysant chaque photo et cherchant toutes les combinaisons à partir du mot binaire du mirage. Seule Anne-Sophie était restée à l'écart, son visage semblait à la fois soucieux et rêveur puis s'éclaira soudain d'un étrange sourire.

- J’aimerais quand même savoir ce qui était écrit sur ce panneau Ivan.
- Anne-Sophie, nous verrons ça plus tard. Dit Elsa. Aide-nous plutôt à...
- Il y était inscrit la réponse...

Ivan avait prononcé ces mots avec une gravité qui surprit Elsa.

- Une réponse ? Quelle réponse ?
- LA réponse !
…La réponse à la grande question sur la vie, l'univers… et le reste.

Semblant avoir attendu autre chose, Anne-Sophie proposa timidement :

- …Dieu ?
- Ça c’est TA réponse, mais as-tu déjà posé cette question à Google ?
Anne-Sophie lui jeta un regard méfiant et saisit sur un des ordinateurs :

the answer to life, the universe, and everything

La réponse la plongea dans un abîme de perplexité.

- Je tombe sur une calculette qui indique le résultat 42.
- Exactement, comme le panneau de la fibre optique.

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- Mais…
- Il y a encore mieux, ce panneau était près d’une voie ferrée, pose donc la question à la SNCF.

Anne-Sophie ouvrit le site http://aide.voyages-sncf.com/ et posa la question suivante à Lea, la conseillère virtuelle du site : « la vie l’univers et le reste ».

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La réponse fut identique…

- Qu’est-ce que cela veut dire ?
- Il s’agit d’une sorte de « private joke » d’informaticiens. On retrouve ce nombre dans différents programmes et même dans le nom de certaines sociétés. Il fait référence au livre « Le Guide du voyageur galactique ».
Des chercheurs y construisent Deep Through, un immense ordinateur, pour calculer la réponse à la grande question sur la vie, l'univers et le reste. Après sept millions et demi d'années, Deep Through fournit la réponse : « quarante-deux ».
- C’était un bug ?
- Ils ont lancé un autotest et l’ordinateur a répondu : « c'est la réponse exacte. Le problème, est que vous n'avez pas vraiment bien saisi la question ».
- Je vois, on en revient à la sensibilité aux conditions initiales qui est la particularité de la théorie du chaos. Quelle était la question posée ?
- Tout le problème est là : après sept millions d’années plus personne ne s’en souvenait. Plusieurs propositions apparaissent dans la suite du roman, la dernière est trouvée en sélectionnant au hasard les pièces d’un scrabble.
- Ça ne doit pas être la plus digne d’intérêt.
- Sauf pour notre affaire. Voici le nombre 42 tel qu’il s’afficherait sur l’ordinateur d’Apollo. Si tu fais pivoter le 4 dans le sens des aiguilles d’une montre et le 2 dans le sens de la profondeur tu obtiens deux lettres.

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- Oui, c’est un jeu connu. Cela donne « hs » comme hors service. Il était bien en panne donc.
- Reviens plutôt au scrabble. Quel mot peut-on écrire avec hs et Lea ?
- Mon Dieu ! Le mot de la Bible. C’était donc ça le mot de passe ?
- Non, trop aisé à trouver. Puisque le thème était lié à la théorie du chaos, j’ai choisi dans le roman la proposition de question la plus en rapport avec le climat : « How many roads must a man walk down? »
- On dirait une chanson de Bob Dylan, quel rapport avec le climat ?
- Le titre bien sûr, mais surtout ce vers : « How many years can @ moutain exist, before it’s washed 2 the sea » *

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* Combien de temps peut exister une montagne avant qu’elle ne sombre dans la mer.
@ remplace « a » et 2 (two) remplace « to » qui a ma même prononciation.
Dernière modification par bob d artois le ven. 04 mars 2016 23:07, modifié 1 fois.
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Message par bob d artois »

Et voici le 5 ci-dessus

On y rencontre un spot que j'aime beaucoup pour l'avoir trouvé par hasard :'OO': (la chapelle).

Je revenais alors de la tour à laquelle j'avais quand même pu accéder mais avec trop de précautions pour pouvoir y engager des cisteurs.
Dommage c'est aussi un beau spot.

Bob B)
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Message par ducale78 »

Je reste sans voix devant cette profusion d'idées :'OO': :'OO':
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Message par bob d artois »

:one:

J'espère que le fil de l'histoire n'en devient pas trop dur à suivre :lol:

Petite astuce à ce propos :
La première lettre des prénoms de personnages est celle de leur profession ; )

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Message par bob d artois »

Hop une suite...
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Message par bob d artois »

VI- Les trois Portes

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Un bruit de FAX raisonna au fond de la pièce. Peu habitués à utiliser ce genre d’outil les jeunes gens mirent un temps à le trouver. L’impression contenait un message manuscrit signé « Paul » qui indiquait une position GPS suivie d’un horaire : 02H00.
Anne-Sophie cru faire une erreur en la situant sur la carte.

- Drôle d’endroit pour un rendez-vous discret.
- Au contraire, contredit Ivan. Quoi de plus discret qu’un endroit où tout le monde passe et personne ne s’arrête. Qui aurait l’idée d’y séjourner ? Qui aurait l’idée de le surveiller ?

Mardi 4 janvier 2011

La configuration des lieux obligea l’équipe à abandonner les véhicules à distance. Ils avaient souvent longé ce site banal sans y porter attention mais, au milieu de cette nuit, il offrait un aspect étrange et hors du temps. Les lampes prévues sur le pourtour avaient été coupées et remplacées par des flammes de lanternes. En approchant, les jeunes gens passèrent sous un étrange portique rouge.

- Qu’est-ce que ce truc chinois fait ici ? Demanda Elsa.
- Ce n’est pas un « truc chinois » mais un Torii Japonais mademoiselle Greco.

La silhouette qui venait de parler se tenait dans l’ombre, face à eux, sur une sorte de fauteuil pliant. Le vent portant la lueur des lanternes éclairait parfois ses yeux bridés.
Thierry se tourna vers Elsa.

- Tu t’appelles Greco ?!
- Oui et alors ? Écoute-le, c’est l’homme que j’ai rencontré à Château Gaillard.
- Et peut-être à la chapelle ! Répondit Thierry en se débarrassant de sa veste dans l’intention d’en venir aux mains. Mais une ombre s’interposa.
- Du calme Thierry ! Monsieur Sheng Zhao est un ami.

Tous reconnurent la voix de l’inspecteur, celui-ci s’approcha de l’homme et tous deux se saluèrent en couvrant leur poing droit de leur main gauche. Le chinois indiqua des tabourets posés devant lui, il attendit que ses invités hésitants décident de s’assoir pour faire de même.

- Désolé mademoiselle, je ne pouvais pas laisser circuler une photo de moi en compagnie de l’inspecteur. Je crains que mes collaborateurs aient fait un peu de zèle.

A ces mots, deux hommes avancèrent dans la lumière, encadrant l’orateur. Les « collaborateurs » semblaient officier également à titre de gardes du corps. Elsa fit mine de les ignorer.

- C’était donc vous. Je vous ai également vu de loin dans une ouverture du mur bas de Château Gaillard.

L’homme sembla surpris mais se reprit.

- J’adore cet endroit. Voyez-vous nous avons deux points communs avec les français : nous aimons l’histoire et celles de nos pays présentent des similitudes. Cette porte japonaise au cœur de la Normandie l’illustre parfaitement.

Anne-Sophie observa plus attentivement le portique.

- Vous commencez à m’intéresser.
- Peut-être mademoiselle Greco pourrait-elle nous résumer l’histoire de la région ?

Elsa s’exécuta sans enthousiasme particulier.

- Le royaume d’Angleterre fut créé lorsque les normands qui vivaient dans cette région ont débarqué dans les îles britanniques. S’en est suivit un interminable conflit entre ce royaume insulaire et le royaume continental de France. La Normandie fut naturellement le théâtre de ce conflit…
- La porte d’accès d’un royaume à l’autre comme l’indique ce Torii. Laissez-moi vous raconter une autre histoire.
C’était il y a 1500 ans. Les habitants de ce que nous appelons aujourd’hui la Corée émigrèrent sur un archipel et fondèrent le Japon. Depuis, une rivalité séculaire s’est établie entre la Chine continentale et le Japon insulaire. A l’instar de la Normandie, la Corée servit régulièrement de porte d’entrée aux invasions.

Par un réflexe maintenant bien rôdé, les jeunes gens se tournèrent vers leur historienne. Elsa confirma :

- Je n’avais jamais interprété les choses par cet angle mais il a raison. Par exemple le terme « Kamikaze » vient des typhons qui repoussèrent une invasion venue de Chine par la Corée. De même c’est par la Corée que le Japon envahit la Manchourie en 1894 et en 1937.

Thierry avança devant une lampe afin que l’on constate sa réprobation.

- J’ai l’impression qu’on nous enfume ici !
Inspecteur, que trafiquez-vous avec cet homme ? Ne me dites pas que vous faites des recherches historiques ! Nous savons que la Chine s’intéresse comme nous aux supercalculateurs et aux Templiers. Tout cela sent fort l’odeur de l’argent.

L’homme répondit froidement.

- Vous parlez en connaisseur monsieur. Je sais que vous avez échoué hier à trouver le trésor évoqué par Jean de Châlon.

L’inspecteur surpris, jeta un regard interrogateur à son équipe, les yeux baissés d’Anne-Sophie lui donnèrent une réponse. Le chinois reprit.

- Vous n’avez cependant pas tort sur ce qui motive notre intérêt. L’inspecteur nous a tenus au courant de votre enquête, vous avez très bien expliqué comment les Templiers ont accéléré les échanges d’argent.

C’est maintenant à l’inspecteur de subir des regards inquisiteurs. Il leur répondit d’un signe de tête les invitant à laisser l’orateur poursuivre. Après un sourire discret, le chinois reprit la parole.

- Les japonais ont réussi à nous vaincre en 1894 parce qu’ils avaient acheté de l’armement moderne à l’empire Britannique. Lorsque nous avons demandé la paix ils ont exigé de nous des territoires et une importante indemnité afin de pouvoir rembourser leur dette. Pour obtenir les ressources nécessaires nous avons conclu un accord avec l’empire russe en échange de droits sur Port Arthur et sur la traversée du transsibérien en Mandchourie. Les russes de leur côté, finançaient le transsibérien grâce à des emprunts russes contractés auprès de la république française.

Elsa marmonna.
- J’ai l’impression d’entendre Ivan parler d’échanges de terres entre un baron et les Templiers.
- Vous y êtes tout à fait mademoiselle. Dans un sens ou dans l’autre, la transaction ne traversa jamais les steppes. La France régla directement la somme à l’Angleterre par un simple jeu d’écriture à Londres.

Elsa se tourna vers Thierry.
- J'imagine que tes semblables ont dû s’en mettre plein les poches en faisant croire à des mois de transport de fonds.

Elle regretta immédiatement cette phrase, le visage de Thierry se durcit.

- Intéresse-toi plutôt à savoir combien notre inspecteur a reçu pour nous faire travailler au profit de la Chine.

L’inspecteur, qui était resté debout, s’avança.

- Je vous dois effectivement des explications. C’est une investigation officielle sur notre Templier qui m’a conduit à m’intéresser à l'arrestation de 1307. C'est alors que j'ai reçu le soutien de monsieur Sheng Zhao pour enquêter beaucoup plus loin. Le dossier devenant complexe, j’ai eu l’idée de vous recruter avec l’argent de mon commanditaire.
- En nous faisant croire que nous travaillons pour notre pays et le bien de l'humanité !?
- Mais c'est le cas. Monsieur Sheng, pouvez-vous leur expliquer ?
- Avec plaisir. Voyez-vous les Japonais n'ont pas accepté de voir les russes s'installer à Port Arthur et le vase déborda lorsque ceux-ci commencèrent des incursions en Corée.
- Oui, dit Elsa. Ceci mena à la guerre de 1905 qui vit la victoire du Japon.
- Et la défaite du Tsar qui conduisit plus tard à la révolution, ruinant les épargnants français et vous faisant perdre votre principal allié en pleine grande guerre.
- Je vois où vous voulez en venir mais tout cela remonte au déluge.
- Pas vraiment. Il se passa la même chose en 1934 ce qui conduisit à Pearl Harbor. Quand en 1945 notre territoire fut libéré nous avons essayé de nous protéger en nous alliant avec la Corée mais le gouvernement japonais ne l'a pas toléré.

Thierry réagit.
- Vous voulez parler du gouvernement d'occupation du Japon dirigé par le général Mac Arthur sous mandat des Nations Unies*.
- Je vous l’accorde, si vous admettez également que ce général a bien failli nous nucléariser.
- J’admets le fait que vos guéguerres ancestrales vont bien finir par détruire la planète. Je ne vois pas quel est notre rôle dans tout cela.
- Vous avez bien compris que jamais un de nos deux pays acceptera d'être inférieur à l'autre. Face à notre poids démographique et historique, le Japon a longtemps choisit la suprématie militaire. Il n'a accepté d'y renoncer qu'en la remplaçant par une suprématie économique…
Anne-Sophie l’interrompit.
- Vous êtes conscient que cette image du gentil chinois face au méchant japonais à peu cours chez nous ?
- Ce n’est pas si simple, dit Elsa. A l’image de nos croisades beaucoup de guerres du Japon ont été créées pour calmer les ardeurs des descendants des shoguns et autres samouraï.
Après la défaite de 1945 ce sont les japonais eux-mêmes qui ont demandé à Mac-Arthur de supprimer définitivement l’armée nippone afin que les anciennes familles ne fassent pas renaître le militarisme du pays. Celles-ci se sont rabattues sur l’économie avec le succès que l’on connait.
- Revenons-en donc à la finance dit le chinois. En l'absence de modèles fiables simulant l'économie, les experts actuels se contentent de prolonger les courbes. Et ces courbes n’annoncent pas seulement un enrichissement de la Chine, n'est-ce pas monsieur le trader ?

Thierry fronça les sourcils.
- En effet, tout le monde attend un effondrement du Japon. La hausse du pétrole et l’arrêt de plusieurs de leurs centrales nucléaires ne font que l’amplifier.
- Et parallèlement le Japon recommence à s'armer et nos deux forces ont déjà eu quelques heurts.
- Mais vous venez de dire qu’il n’avait pas d’armée.
- C’est vrai, il n’entretient que des « forces d’autodéfense ». « Entretien » qui le place a cinquième rang mondial en termes de budget militaire…
- Vous croyez sérieusement que le Japon pourrait vous attaquer ?
- C’est peu probable mais à Port Arthur comme Pearl-Harbor, ce pays a attaqué sans déclaration de guerre. Ceci nous impose des précautions.
- Qu'entendez-vous par « précautions » ?
- Si la situation se durcit, nous devrons étendre notre zone de surveillance aérienne afin d’éviter toute surprise.
- Je pense qu'ils peuvent le comprendre.
- Sauf que celle-ci, pour être efficace, devra englober leurs îles Senkaku ce qui va leur imposer de nous demander une autorisation pour y aller.
- Mon Dieu ! Dit Anne-Sophie qui avait compris les risques encourus.
- Mais rassurez-vous jeune fille, comme vous et les anglais au XIXème siècle, nos pays ont apprit jusqu'où ne pas aller trop loin. Le problème est que les autres ne le savent pas.
- Qui appelez-vous « les autres » ?
La réponse vint d'Elsa.
- La Corée du Nord, la finesse de son dirigeant et sa bombe nucléaire.
- Excusez-moi, dit Anne-Sophie, mais il va falloir être plus clair.
- C’est malheureusement très simple, dit Ivan :
Nos amis chinois et japonais savent que tout le monde se trompe en croyant que la Chine va continuer à s’enrichir alors que le Japon périclite. Ils n’ont cependant aucun moyen de le prouver à leur population, à leurs cercles d’influence et au reste du monde.
Ils ne peuvent empêcher une évolution régulière des tensions entre leurs deux états mais savent cependant qu’ils pourront l’arrêter avant qu’il soit trop tard.
La Corée du Nord, elle, n’a aucune raison de leur faire confiance sur ce point. Elle sait que si le conflit éclate, il se déroulera en grande partie sur son sol. Son seul moyen de l’éviter est d’utiliser son arme nucléaire. Mais les adversaires sont trop proches et son territoire trop petit pour qu’elle se permette d’attendre d’être envahie.
- Seigneur ! Cela veut dire que le dirigeant coréen devra frapper le Japon ou la Chine préventivement, dès que lui-même croira la guerre sur le point d’éclater.
- Attendez ! Demanda Elsa. Pourquoi tout le monde se tromperait sur l’évolution économique de la région ?

Le chinois répondit :

- Côté chinois nous savons que nous sommes arrivés au bout de notre croissance miraculeuse. A partir de maintenant plusieurs handicaps vont nous freiner : le reste de notre vieille industrie étatique, notre marché intérieur trop faible, le manque de prestige de nos marques… Je vous passe les considérations les plus complexes.

Thierry se chargea du côté nippon.

- Les japonais ont de leur côté une chance de limiter les dégâts : Une dévaluation forte et brusque de leur monnaie qui relancerait leurs exportations.
- Mais c’est impossible dit Elsa. Ils n’ont aucune matière première, rien que la hausse du pétrole qui se paie en dollars contribuerait à précipiter leur ruine.
- Oui dit Thierry, c’est pour cela qu’en même temps il faut qu’ils relancent leur énergie nucléaire.
- Allons bon, nous avons donc le choix entre une explosion de bombe atomique coréenne et une explosion de centrale japonaise !
- Non, nous aurons les deux. Le Japon ne peut rassurer la Corée en dévoilant ce projet qui, après Fukushima, lui vaudrait la réprobation de sa population et du Monde.

Le chinois reprit.

- De même que nous ne pouvons avouer au Monde et à notre peuple que nous sommes un géant économique aux pieds d’argile.
Anne-Sophie s’était levée pour toucher le bois du Torii et en contempler la facture. Sans le quitter du regard elle déclara :
- Merci pour ces bonnes nouvelles. Qu’avons-nous à faire dans cette histoire inspecteur ?

Le policier s’approcha, occultant la silhouette du chinois.

- Comme l’a dit notre ami, tout le problème vient du fait que les experts financiers, en l’absence de modèle fiable, ne savent faire des prévisions qu’en prolongeant les tendances actuelles. Grâce à votre travail, nous savons que les Templiers sont à deux doigts de créer ce modèle. J’ai besoin de vous pour les convaincre d’utiliser ce modèle et leur influence pour rassurer l’économie mondiale sur la divergence des économies chinoises et japonaise.
- Je comprends dit Anne-Sophie. Il suffirait qu’ils prédisent quelques évolutions économiques pour se rendre crédibles, alors les milieux économiques pourront les croire quand ils déclareront que ce grand écart est improbable.
- Étant neutre, dit l’inspecteur, monsieur Sheng pensait que je serais mieux placé pour convaincre les Templiers, mais il me faut votre expertise pour me rendre crédible auprès d’eux.
- Ça demande réflexion dit Ivan.

Le chinois se leva.

- Selon la religion Shintoïste, chaque Torii traversé doit être traversé dans l’autre sens pour revenir dans le monde précédent. Si vous ne l’avez pas fait d’ici demain minuit, je considèrerai que nous sommes toujours dans le même camp.
- Je crois que je vais le traverser tout de suite dit Thierry. Je pense que vous voulez simplement utiliser la technologie des Templiers pour enrichir un peu plus quelques oligarques de votre pays.
- Si je vous donnais le moyen d’accéder au trésor Templier caché aux Andelys, croiriez-vous à mon désintéressement ?
- Que voulez-vous dire ?
- Le mirage n’indique pas un numéro mais un nombre.



Image
L'île de Tsushima qui a donné son nom à la bataille navale russo-japonaise de 1905

__________________

* Ils parlent de la guerre de Corée. La Chine soutenait la Corée du Nord contre la Corée du Sud appuyée par les forces de l’ONU commandées par le général Mac Arthur. Les forces de l’ONU provenaient essentiellement des forces américaines occupant le Japon. Le général Mac Arthur gouvernait le Japon occupé.
Dernière modification par bob d artois le mar. 08 mars 2016 17:20, modifié 1 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?

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Message par bob d artois »

Voici la suite

Fin cette semaine B)

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Message par bob d artois »

VII- Le trésor de Jean de Châlon

Thierry pénétra le premier dans la grotte pour chercher ce que lui avait signalé le chinois. Le nombre écrit sous le mirage n’indiquait pas un numéro de cache mais un nombre de trous groupés ensemble sur une des parois.

- Voici la clef, déclara le chinois en tendant un objet à Thierry.

Il s’agissait d’une pierre sculptée dont la forme en tige grossière, terminée par un cercle plein, pouvait symboliser une clef sans pennon.

- On dirait la poignée d’une épée dit Thierry en la passant à Elsa.

Celle-ci confirma de la tête en observant l’objet. Elle constata qu’elle était gravée de cinq croix. Elsa leva des yeux incrédules vers le chinois.

- L’épée de Jeanne d’Arc ?

Le chinois sourit.

- Nous ne sommes pas peu fiers de cette trouvaille. Ne sachant comment interpréter ces trous, nous avons analysé les poussières qui s’y trouvaient. Certaines ne correspondaient pas à la roche locale mais à de la pierre dure dont on fait les statues. Parmi les œuvres de la région sculptées dans cette pierre se trouvait la statue que vous connaissez.

Ivan précisa
- Il parle d’une statue de la collégiale qui semble représenter Jeanne d’Arc avec un bouclier templier. Son épée ne comprend pas de poignée.


Image

- Plus exactement il manque le pommeau et la fusée, la garde étant restée sur la statue.
- C’est donc vous qui l’avez cassée ?
- Démontée plutôt. Les cinq croix que vous voyez identifient l’épée de Jeanne d’Arc.
- Sauf que selon les sources ces croix sont citées soit sur la garde, soit sur la lame.
- C’est ce qui nous a fait penser que cette fusée avait de l’importance.
- Mais comment avez-vous pensé qu’elle pouvait se séparer du reste ?
- La légende dit que Jeanne a cassé son épée sur le dos d’une prostituée non ? Si vous observez bien, vous verrez des morceaux de métal à l’opposé du pommeau, ils forment le panneton de la clef. Il suffit de l’utiliser comme une clef classique, dans chacun des trous.

Elsa s’exécuta.

- Et maintenant ?

Le chinois porta un simple regard sur Thierry. Celui-ci compris, hésita, puis ouvrit son sac pour y prendre le crâne de « Baphomet ». Lorsqu’il le posa sur la niche centrale, le bruit plusieurs fois entendu fut suivit d’un autre plus long accompagné d’un grincement sinistre.
Alors, dans un bruit de tonnerre, le sol s’ouvrit avalant les cailloux qui jonchaient le centre de la grotte. Puis ce fut le silence, entrecoupé par le claquement sinistre de la trappe qui venait de basculer.

Lorsque la poussière se dissipa Anne-Sophie se précipita sur Ivan dont la tête saignait. Il n’avait échappé à la chute qu’en se jetant en arrière contre la roche.

Du « désolé » et du « ça va » qui furent échangés, l’architecte ne retenu que le sourire indéfinissable du chinois et le regard méfiant de l’informaticien.

L’accès conduisait à une galerie maçonnée qui débouchait sur une grande pièce. Le clair de lune, perçant au travers d’une ouverture dans le mur de droite, dévoilait un ameublement moyenâgeux fait de coffres et de bancs de pierres. Quelques tentures poussiéreuses dégageaient une forte odeur de moisissure. Monsieur Zhao invita ses hôtes à s’installer alors que ses hommes allumaient quelques chandelles.
Elsa dédaignât la proposition et se dirigea vers la fenêtre.

- Vous étiez ici lorsque nous vous avons vu depuis l’autre rive ? Cette pièce a une autre issue qui conduit à une tour. Qu’attendez-vous pour nous la montrer ?

Sur un regard de son chef, l’un des gardes du corps souleva une tenture et ouvrit la porte de chêne qu’elle dissimulait. Elsa s’engageât à sa suite dans un couloir sombre. Elle avança à l’aveugle jusqu’à heurter une paroi de pierre.
Lorsque monsieur Zhao arriva avec une lampe et le reste des invités, le garde du corps avait disparu et la lumière découvrait un espace de terre battue cerclé d’un mur.

- Nous sommes dans la tour qui est en contrebas du château. Dit Anne-Sophie en sondant la maçonnerie.
- Vous nous aviez parlé d’un trésor, dit Thierry avec une moue d’impatience. Je ne vois rien ici ou dans la pièce précédente.

Le chinois sourit et dirigea sa lampe vers le haut.
La tour ne comprenait aucun étage intermédiaire mais son mur circulaire était entièrement percé de trous carrés à l’image des anciens pigeonniers, à la différence que chacun des trous contenait un coffre de bois.

#tour dans hp

- Il y en a des centaines ! S’exclama Thierry. Que contiennent-ils ?

La lampe fit une rotation de 180 degrés, dévoilant le garde du corps qui se tenait d’une main à environ trois mètres de hauteur. Sans sembler faire le moindre effort, il ouvrit un coffre avec son autre main pour en extraire une liasse de billets de banque.
Le chinois baissa sa torche.

- Convaincu ? Je propose de retourner dans la grande pièce, ce que vous venez de voir mérite des explications.

Ne voyant pas comment accéder lui-même à hauteur des coffres, Thierry s’exécuta et les autres suivirent. Dès qu’ils furent assis, le second garde du corps leur présenta des verres d’étain soigneusement décorés.

- C’est de l’hypocras, dit leur hôte, j’ai pensé que cela conviendrait à l’endroit, mais j’ai aussi un excellent thé de mon pays mademoiselle Greco.

Lorsque tous furent servis il entama son discours.

- Nous, chinois avons un point commun avec les français…
- Oui, vous aimez l’histoire, vous nous l’avez déjà dit.
- …En effet. Beaucoup de mes compatriotes sont fascinés par l’histoire des Templiers et cela concerne aussi les milieux officiels. Nous avons donc enquêté sur cette légende de trésor sorti du Temple. Nous pensons que le trésor se trouvait bien à Gisors mais que quelqu’un s’en est emparé, l’a revendu et a stocké ici l’argent obtenu.
- Où était-il ?
- Certainement dans un endroit accessible par les souterrains du château.
- Mais qui l’aurait trouvé ? Lhomoy ?
- Non, nous pensons comme vous que Lhomoy n’a trouvé que de la terre et peut-être un début de galerie. C’est celui qui a fouillé après qui l’a trouvé.
- Le 12éme régiment de Génie ?
- Non, je pense que ces hommes n’ont pas eu connaissance de sa présence, sinon les pouvoirs publics seraient au courant.
- Ils auraient pu garder le secret au sein du régiment.
- Ce régiment n’existe plus je crois. Remarqua l’inspecteur.
- Vous tombez dans l’erreur qui a longtemps trompé nos propres militaires, répondit le chinois. Le numéro des régiments français n’est pas lié à un lieu ou à des hommes mais à un drapeau. Lorsque vous réduisez vos effectifs vous essayez de garder les drapeaux les plus prestigieux. C’est ainsi que lorsque le 71éme régiment de génie a été dissous…
- Son drapeau a été récupéré par le 12éme qui a de fait changé de numéro.
- En effet.
- En quoi ceci nous intéresse ?
- En 1971 un homme a été affecté comme officier Au 71éme, il est aujourd’hui une des personnalités politiques les plus en vue de votre république. Si ce régiment avait un secret il serait connu par votre état ou au moins par son opposition. Vous feriez mieux de vous intéresser à celui qui avait ordonné les fouilles du 12éme en 1964.
- Je ne vous permets pas, intervint le policier. Vous parlez d’un homme qui fut un excellent ministre et un grand résistant.
- Et surtout un immense écrivain. Et il ne cache pas dans ses propres livres que, dans sa jeunesse, il fut condamné pour trafic d’œuvres d’art en provenance d’Angkor. Admettez qu’il n’est pas improbable que face à l’un des trésors les plus recherchés de votre histoire il ait pu retomber dans ses travers.
- D’autant qu’il possédait à l’époque une société de revente d’œuvres d’art. C'est idéal pour transformer ce trésor en ce qu’il y a ici. Remarqua Thierry. Au fait quelle valeur y-a-t-il dans ces coffres ?

Comme s’il attendait cette question, le premier garde du corps pénétra à son tour dans la pièce et présenta l’un des coffres à son patron. Sheng Zhao sortit une liasse qu’il jeta à terre :

- Aucune comme vous pouvez le voir.

Le trader ramassa la liasse par réflexe, puis ses yeux s’écarquillèrent.

- Oh le salopard de m… !
- Un peu de dignité s’il vous plait, gronda l’inspecteur. On vous a dit qu’il s’agissait d’un ministre illustre qui fut un grand résistant.
- Je ne parlais pas de lui mais d’un président illustre qui fut un grand libérateur.
- Que voulez-vous dire ?
- Que l’histoire de votre ami se tient et que je viens de comprendre pourquoi cet argent est toujours là. Voici ce qui a dû se passer :
En 1964 André Malraux demande aux hommes du 12éme régiment du génie d’engager des fouilles. Ceux-ci trouvent quelques galeries mais rien qui s’approche d’une chapelle souterraine.

Malraux entreprend alors une visite des galeries découvertes, ceci ne nécessite plus les moyens du régiment qui est opportunément tenu à l’écart. Il découvre ainsi la chapelle qui, outre ce que nous y avons vu, contient le trésor du temple évacué en 1306.

- Le trésor des Templiers existait donc ?
- Pas au sens où on l’entend. Comme nous l’avions vu, les Templiers avaient besoin de dépôts d’argent dans plusieurs endroits du territoire. Il s’agissait donc de la réserve prévue pour Paris. La somme n’en est pas moins formidable, d’autant qu’elle a été décuplée en étant vendue à titre d’antiquité.
Comme l’a dit notre ami chinois, le ministre retrouve ses réflexes de jeune homme, il s’empare du trésor qu’il cache dans un endroit sûr : cette tour.
- C’est assez logique, en tant que ministre de la culture il avait tout moyen de garder cette tour inaccessible et toute demande de fouille devait passer par lui.
- Oui. Comme nous l’avons dit il crée une société d’antiquité ce qui lui permet de blanchir le larcin qui se présente depuis comme vous pouvez-le voir.

Le chinois reprit la parole.

- Nous sommes arrivés à des conclusions similaires à un détail près : Si le président que vous avez traité de salopard est celui que je crois, je tiens à vous rappeler qu’il reste très apprécié dans notre république populaire.
- Qu’il fut l’un des premiers à reconnaitre je sais. Veuillez m’accorder que cette expression maladroite était surtout admirative. Même les ennemis du Général s’accordaient sur le fait qu’il était désintéressé et fondait toute son action sur la grandeur et la prospérité de son pays. Pour lui, le trésor des templiers devait revenir à la France.
- Alors pourquoi n’a-t-il pas fait arrêter son ministre ?
- Parce que cela l’aurait confronté à trois difficultés. D’abord un scandale d’état qui aurait pu lui couter le pouvoir, puis d’inévitables revendications d’héritiers de templiers, réels ou supposés, et enfin des années de procédures judiciaires.
- Alors selon vous quelle fut sa solution ?
- Très simple, il a créé le nouveau Franc !
- Ah oui, comme vous avez créé l’Euro récemment ?
- Oui mais avec une différence de taille. Lors la création du nouveau Franc il n’a autorisé l’échange en liquide qui si le détenteur pouvait justifier de son origine. Ainsi toutes les coupures issues de trafics et de magouilles n’ont pu être échangées et leur valeur est revenue instantanément au trésor public.

L’architecte intervint :
- Vous voulez dire que le Général de Gaule s’est emparé de la valeur du trésor des Templiers ?
- Non, pas lui, intervint le chinois. Vous !
- Qui « nous » ?
- Vous, vos parents, vos voisins, les français en général, via le budget de leur état. Je viens de le comprendre, félicitation pour vos déductions monsieur le trader.

Elsa eu un sourire rêveur.

- Vous vous rendez compte que c’est exactement ce que souhaitait Philippe le Bel en arrêtant les Templiers ? C’est comme si les deux hommes avaient collaboré au travers des siècles pour les flouer.
- Ma pauvre Elsa, tu n’as toujours rien compris au capitalisme, dit Thierry. L’argent que de Gaulle a volé au Templiers a permis à la France de développer son industrie, sa recherche, son économie. Grâce à cela elle a pu, en particulier, progresser dans le domaine des supercalculateurs et de la simulation bien mieux que n’auraient pu le faire les Templiers en dépensant eux-mêmes leur trésor. Aujourd’hui ils bénéficient de cette recherche pour réussir leur projet. D’un point de vue financier ça ressemble plus à un investissement qu’à un vol.
Tu vois, c’est cela le capitalisme, lorsqu’on le laisse jouer librement, tout le monde gagne !

Elsa était devenue écarlate.
- Cette fois c’en est trop !
Elle se jeta sur lui frappant son torse de ses petits poings. L’inspecteur s’adressa à Anne-Sophie d’un air amusé :

- Je crois qu’il est temps pour eux que cette enquête se termine.
- Ce n’est pas mon avis inspecteur. Vous savez, entre mon travail et ma passion, la plupart des humains que je croise sont sous forme de statues. Ils ne bougent pas, ne parlent pas, leurs seules expressions viennent de leurs yeux. Et les yeux de ces deux la m’incitent à penser qu’ils n’ont pas fini de cheminer ensemble.
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Message par miss marple 27 »

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Dommage, je commençais à prendre le rythme !!!!
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Message par bob d artois »

:D c"est vrai qu'elle trotte bien ma tite athlète :flowers:
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Message par bob d artois »

Petite pause avant les deux dernier chapitres, je dois revoir quelques éléments.

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Message par BIGBROZEUR »

bob d artois a écrit :Petite pause avant les deux dernier chapitres, je dois revoir quelques éléments.

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Bonne revoyure..... :D
B) B
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Message par bob d artois »

C'est reparti

Le chapitre suivant étant un peu long il sera publié en deux parties (pour info cela veut dire qu'il y aura une seule ciste pour les deux parties)

Bob B)
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Message par bob d artois »

VIII- L’épée de Jeanne

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Comme par enchantement les chinois s’étaient éclipsés à la faveur de l’agitation provoquée par Elsa. L’inspecteur pris la main d’Anne-Sophie et y glissa la poignée de « l’épée de jeanne ».

- Vous êtes ici chez vous. Monsieur Sheng vous confie la clef des lieux.
Il consulta sa montre.
- Je dois maintenant le rejoindre. Lorsque vous sortirez, pensez au nom que les japonais donnent à leur pays.

Les jeunes gens restèrent seuls un moment dans l’étrange pièce sans savoir comment réagir puis décidèrent de rentrer.
Ils trouvèrent facilement le moyen de remonter la trappe et étalèrent de leur mieux les pierres restantes pour la dissimuler. Thierry retira le crâne puis Ivan verrouilla à nouveau le mécanisme.

En remontant le sentier ils eurent l’impression d’émerger d’un autre monde. Une neige immaculée avait recouvert le paysage et le jour commençait à poindre.
Un léger vent avait dégagé le ciel lorsqu’ils aperçurent les murs du château.

- C’est magnifique ! S’émerveilla Anne-Sophie avec un brin d’émotion dans la voix.

Ils s’approchèrent les uns des autres et leurs mains vinrent se poser naturellement sur l’épaule de leur voisin. Les murs de craie reflétèrent une lumière de plus en plus intense avant de s’obscurcir de façon inattendue.
- Maudit nuage ! Grogna Elsa.

Mais l’obscurité s’intensifia étendant sa pénombre sur tout le paysage. Anne-Sophie tourna la tête.

- J’avais oublié que nous étions le 4 janvier…
- Et alors ?
- Alors, ce n’est pas un nuage…

Sur leur gauche un spectacle encore plus grandiose se déroulait. Un globe noir mangeait petit à petit le soleil à mesure qu’il perdait ses reflets roux. L’œil d’Anne-Sophie laissa perler une larme qui blanchit sous l’air glacé.

- L’éclipse du soleil levant !
- Pardon ?
- Le second nom du Japon est « pays du soleil levant », une façon de se positionner par rapport à la Chine.

Thierry songea au discours du chinois.

- « Pays du soleil levant », je comprends maintenant pourquoi les coréens appellent le leur « pays du matin calme ».
- Ca ressemble à une prière en effet.

Devinant que la nuit avait été longue, l’hôtelier les accueillit avec un brunch gargantuesque. Autour du buffet s’établit une conversation animée concernant le choix qui leur était demandé. Ivan se servit généreusement et engagea exceptionnellement les débats.

- Je trouve ce chinois très fort pour avoir découvert la clef de la grotte.
- Je dirais plutôt que nous avons été mauvais, tempéra Elsa. Le lien était logique. La période précédant l’arrivée de la pucelle était délicate pour les Templiers. Ceux qui savaient avaient un objectif peu compatible avec une guerre de cent ans. Ils souhaitaient une paix, propice au développement de l’économie et auraient pu se satisfaire d’une unification des deux royaumes sous l’autorité de Henry VI.
- Une sorte de prélude à l’Europe d’aujourd’hui ? Demanda Thierry.
- Oui, c’est la même logique. L’autre groupe était formé de tous ceux qui, n’étant pas dans le secret, ne pensaient qu’à se venger.
- Ceux qui s’étaient réfugiés en Angleterre. Tu penses qu’ils ont combattu la France ?
- Non, rappelle-toi la malédiction lancée par Jacques de Molay à Philippe le bel.
- « Soyez maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ».
- Oui et, justement, à l’époque de Jeanne, Charles VII ne descendait pas de Philippe le Bel mais de son frère Charles de Valois. En revanche le roi anglais Henry VI descendait d’Isabelle de France, la fille de Philippe. L’épopée de Jeanne ressemble beaucoup à une croisade, il est possible qu’ils y soient pour quelque chose.
- Et l’autre groupe ?
- Jeanne, facilitant la victoire d’un camp, hâtait la paix, donc les servait. Au début, du moins.
- Au début ?
- Jusqu’au sacre. Après elle insista pour continuer la guerre contre la Bourgogne alors que le Roi souhaitait négocier.
- Tu veux dire que son arrestation…
- Tu vas trop loin. Pour en revenir à l’épée, elle fut découverte à Fierbois sur les indications de Jeanne. Selon les dires de la pucelle, il s’agissait de l’épée de Charles Martel mais la seule piste trouvée par les historiens conduit à Godefroi de Bouillon.
- Celui à qui les Templiers doivent leur nom, la boucle est bouclée. Ce Sheng Zhao est très fort. Tu vas accepter de l’aider Elsa ?
- Je ne sais pas, j’ai du mal à croire ce que dit ce chinois. Est-il seulement lié à son gouvernement ? On l’oublie mais c’est encore un pays communiste, étrange d’y trouver des gens qui se reconnaissent grâce à un symbole de chevalier. Zhao est le nom d’une des plus anciennes familles de l’ère pré-impériale, celle des royaumes combattants. Parmi les quatre personnages les plus importants de cette période on trouve un certain Zhao Sheng. Et puis, crois-tu possible que de Gaulle ait changé notre monnaie simplement pour contrer son ministre ?
- Il avait d’autres bonnes raisons pour le faire mais cela pourrait expliquer pourquoi il a accéléré les choses.
- Accéléré quoi ?
- Il n’a pas attendu que les billets soient prêts, ce qui a obligé la Banque de France à éditer des coupures libellés en anciens francs avec une contremarque rouge indiquant leur nouvelle valeur. Ce bricolage ne ressemble pas au Général, il a dû avoir une bonne raison pour le faire.

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- Et tu crois ce qu’il dit sur son ministre ? Demanda Anne-Sophie.
- Pas totalement. Ayant commis des erreurs de jeunesse en Extrême-Orient, l’homme peut déplaire à un asiatique qui, à contrario, peut donner le beau rôle au premier homme à avoir situé le gouvernement de la Chine ailleurs qu’à Taiwan. Peut-être que les deux hommes ont simplement coopéré pour flouer les Templiers.

Elsa remarqua que Thierry avait tempéré son discours de la veille. Elle y vit moins le fruit d’un raisonnement qu’une volonté de pacifier leurs rapports.

- Excuse-moi de m’être emportée hier, mais parfois j’ai l’impression que, comme tous les financiers, tu crains que les décisions prises pour lutter contre le réchauffement détruisent vos petits business.
- Pas du tout, par exemple j’aime bien la taxe carbone, surtout depuis l’affaire BlueNext.
- Qu’est-ce donc que cette nouvelle théorie ?
- Nous avons vu qu’au premiers temps les Templiers jouaient sur les taux de change pour s’enrichir, aujourd’hui il existe quelque chose de mieux : la TVA. En passant d’un pays à l’autre on compense les variations de taux par des paiement-remboursements, en sautant une de ces étapes il y a moyen de faire de gros gains.
- Tu oublies les douanes, dit Ivan. Pour faire de gros bénéfices il faut de gros volumes. Cela se voit.

Thierry fit le geste de celui qui tente d’attraper une mouche, puis ouvrit sa main vide.
- Quel douanier pourrait contrôler ceci ? Outre ses incontestables effets pour notre environnement, la taxe carbone est le rêve de tout capitaliste : vendre du vent ! Pas de conditionnement, pas de transport, pas de douane, pas de notice à traduire...
- C’est bon, on a compris. Grogna Elsa. Mais je te sais honnête donc ce genre de fraude n’a aucun intérêt pour toi.
Personne ne remarqua les clins d’œil échangés par les jeunes filles.

- En effet dit Thierry. La France ayant les plus forts taux c’est à son détriment que se fit la plus grosse fraude, elle porta sur 20 milliards d’Euros dont 1,6 pour nos contribuables. Pour arrêter les dégâts la France n’a trouvé qu’une solution : supprimer la TVA sur le carbone.
- Et c’est ceci que notre Thierry a vu comme un très beau cadeau, dit Anne-Sophie
- Je déteste les taxes.
- Mais n’a-t-on pas pu trouver les sociétés responsables ?
- Si bien sûr, l’une d’elle était dirigée par un SDF de Creteil.
- Un faux SDF ?
- Non un vrai, si tu as vu le film « un fauteuil pour deux », c’est à peu près le même principe. On a tout de même arrêté quelques vrais coupables. Savez-vous comment l’un d’eux décrivait la faille du droit européen qui permet cette fraude ?
- « Laisser les clés sur une Ferrari garée à La Courneuve ». Ma société connait cette règlementation, dit Ivan. C’est le régime douanier 42.
- Ho la la ! Dit Anne-Sophie en se levant. Je vais aller me coucher avant que vous ne vous embarquiez dans de nouveaux délires mathématiques.
- Abacus !
- Thierry ! Tu m’avais habitué à des compliments plus distingués ! Dit Anne-Sophie en se retournant.
Elsa pouffa.
- Je pense qu’il veut parler de ceci, dit-elle en montrant une gravure.

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- Abacus est le nom du bâton de commandement des grands maîtres du Temple. Mais que vient-il faire dans notre conversation Thierry ?
- Pour comprendre il faut remonter à 1994 quand une charmante dame du nom de Blythe Masters crée l’«arme financière de destruction massive»…
- Elle crée quoi ?
-C’est le surnom donné aujourd’hui aux CDS ou « Credit deflaut swap ». Ce sont ces produits qui infestant toute la finance internationale ont conduit à la crise de 2008.
- Et de 1994 à 2008 personne n’a vu le danger venir ?
- Si bien sûr. Voici par exemple ce qu’écrivait le 23 janvier 2007 un membre de Goldman Sachs à sa petite amie travaillant dans la même banque

« Seul survivant potentiel, le fabuleux Fab debout au milieu de toutes ces transactions complexes, à fort effet de levier, exotiques, qu’il a créées sans forcément comprendre toutes les implications de ces monstruosités !!! »

- Ca doit être sympa d’être le client d’un gars comme lui !!
- Nous fonctionnons tous suivant des cercles de loyautés qui déterminent nos priorités. Ses clients venaient en quatrième position, avant il lui fallait sauver sa banque en liquidant ses actifs pourris à leur détriment. C’est pour cet usage qu’il créa un produit complexe qu’il leur vendit sous le nom d’Abacus
- Ce en quoi il a réussi puisqu’a ma connaissance Goldman Sachs fut la seule banque à échapper au désastre.
- Elle fit même des bénéfices, mais Fab avait une priorité plus importante.
- Son amie j’imagine.
- C’est ce qui l’a perdu, les mails qu’il utilisa pour la prévenir furent utilisés pour le condamner.
- Je suis toujours surpris que les avocats ne réfutent pas ce genre de preuve. Les protocoles utilisés pour les mails ne garantissent pas la non-répudiation.
-La non quoi ?
- La non-répudiation répéta Ivan. Les noms que vous voyez sur la partie émetteur et destinataire d’un mail sont une copie du texte envoyé et n’ont aucune garantie d’authenticité, ce ne sont même pas ceux qu’utilisent les protocoles pour acheminer le message et même si ce n’était pas le cas, rien ne permet de garantir que le message n’a pas été modifié lors de son transit dans les réseaux.
- Le fabuleux jeune homme s’est peut-être laissé faire pour couvrir quelqu’un, dit Anne-Sophie en relisant ses notes. Si j’ai bien compté Thierry, sa petite amie était sa seconde priorité. Quelle était la première ?
- Notre enquête a démontré que les Templiers avaient essaimés leurs membres dans toutes les grandes entreprises, je pense que Fabulous Fab était l’un d’eux. Fab signifie Fabien, c’est un compatriote comme les Templiers.

Un bruit sourd se fit entendre. Elsa venait de poser brutalement le livre de Fibonacci sur la table.

- Abaci est le pluriel d’Abacus, la boucle est bouclée nos Templiers ont utilisé les études des autres pour s’enrichir à leurs dépends.
- Je pense plutôt qu’en attendant leur outil informatique ils arrivent déjà à prévoir certaines catastrophes mais trop tard pour les empêcher. Ils ont juste le temps d’avertir leurs coreligionnaires de par le monde.
- En influençant le nommage de produits dangereux avec des noms de codes comme « 42 » ou « Abacus » ? Demanda Anne-Sophie.
- C’est la façon la plus rapide de diffuser une information dans le monde entier sans attirer l’attention.
- C’est plausible mais j’ai du mal à croire qu’ils n’en profitent pas pour favoriser les sociétés où ils sont le plus implantés, dit Elsa. Je me suis renseignée sur la fameuse société laitière Suisse. Celle-ci semble bénéficier d’un traitement très favorable des marchés.
- Je dois avouer que si les péteurs continuent sur leur lancée, elle va finir par emprunter à des taux négatifs*.
- A ce propos, je suis un peu déçue de n’avoir rencontré aucun Templier lors de cette enquête. S’il n’y avait pas le danger qui me retient, je serais tentée d’accepter ce qui nous est proposé.
- Anne-Sophie a raison concernant le risque de l’entreprise, dit Ivan. Mais il n’est pas le seul. Nos amis peuvent se passer de notre collaboration mais admettront-ils de laisser dans la nature des jeunes gens qui en savent tant sur eux ? J’imagine que tu y as pensé avant de refuser Thierry ?
- Non, en revanche il y a eu un fait nouveau. J’ai promis à monsieur Zhao de considérer ses arguments s’il nous montrait où était le trésor de Jean de Châlon.
- Allons bon, intervint Elsa. Tu n’as rien signé et puis il lui coutait peu de nous révéler la cache d’un amas de papier sans valeur.
- Elsa, s’il est vrai que personne n’acceptera un chèque de vingt euro sans que tu y appose ta signature, il se négocie chaque jour des millions sur la foi d’une simple parole. L’échange de contrat et de signature est incompatible avec la vitesse des marchés financiers. Il n’y aurait pas d’économie sans respect de la parole donnée. C’est en quelque sorte mon outil de travail.
- Tu veux dire que tu vas y aller ?
- J’ai promis de considérer ses arguments pas d’y céder. Comme vous, je m’interroge.

Au bout de deux heures chacun compris que la discussion tournait en rond et que le choix était trop délicat pour permettre une décision collective. Tous rejoignirent leurs chambres pour se reposer et réfléchir, à l’exception d’Elsa qui préféra retrouver sa maison.


_______________
* C'est le cas depuis 2015.
Dernière modification par bob d artois le mar. 08 mars 2016 20:24, modifié 4 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?

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Message par BIGBROZEUR »

Alors là .....! :'OO': :'OO': :'OO': c'est décidé je transfère mes sociétés et mes comptes des îles Caïman , vers la Bretagne et je confie la gestion à Bob ........
B) B
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Message par bob d artois »

Yes :D

je vais pouvoir te proposer de superbes investissements dans des calculateurs de cuirrassés :lol:
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?

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Message par bob d artois »

Petite pause fignolage jusqu'à demain

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Message par bob d artois »

Désolé pour ce retard voici la suite de ce chapitre.

Petite particularité, il mènera à une ciste bonus (donc hors série)

Le spot vaut vraiment la peine mais est un peu particulier je ne voudrais pas que vous vous sentiez obligé de le rejoindre ;)

Vous pourrez vous décider au dernier moment puisqu'une ciste de la série est à proximité.

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Message par bob d artois »

VIII- L’épée de Jeanne (suite)

Mardi 4 janvier 2011 - 17H00

Sur le lit défait de la chambre d’hôtel, un ours à la peluche usée par quinze ans de lavages gisait sous un amas de feuillets barbouillés de chiffres.
Sur le balcon tout proche, enveloppée dans sa couette, Anne-Sophie contemplait les rives de Seine. Au centre du lit, un agrandissement de photo présentait ce qui avait perturbé sa sieste.

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Juste à côté un article parlait d’un des quatre grands opérateurs français de télécommunications. Trois phrases étaient surlignées :


« …l’opérateur dispose de 64000 kilomètres de fibre optique… »
« …En 2010 le fondateur de la société crée une école d’informatique innovante baptisée 42.fr … »
« …A cette date sa société reste la seule à proposer à ses abonnés l’adressage réseau de dernière génération IP V6. Les adresses proposée commence toutes par « 2A01 : …»


- 2A01… Pourquoi cela avait-il échappé à Ivan ?

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Anne-Sophie s’était lancée dans de nombreux calculs pour déterminer si, comme 58M ou 42, « 2A01 » cachait un secret.
Il en cachait deux : une date et une distance . « 2A01 » en base 12 était égal à « 7KM » en base 25.

Cela répondait à une des questions de l’inspecteur : si l’on oubliait les indices donnés par les alliés de Marguerite ou du prisonnier de la tour, il en restait quelques-uns qui devaient être d’origine Templière. Qui voulaient-ils guider grâce à ces indices ?

Depuis la nuit des temps, les Templiers devaient connaître le moyen d’accéder sous le donjon et dans la chapelle par les souterrains anciens de Gisors.
Leur problème apparu lorsque ceux-ci furent obturés : diffuser à tous les membres le moyen d’accéder au nouveau souterrain aurait inévitablement provoqué des fuites. La solution était d’écrire une indication qui ne pourrait être comprise que d’un Templier cherchant un calculateur : le panneau de la fibre optique.

Anne-Sophie s’imagina à la place de ce Templier :

Je connais les secrets de la tête d’argent : le mot Selha et le fait que 58M en base 25 vaut 1311 en base 14.
Sur place, le monument le plus lié aux Templiers et la croix percée, je m’y rends et découvre le panneau près de quelques rails rouillés.
Le numéro 42 me donne le code d’accès à l’ordinateur puis ; la voie ferrée, 42 et Léa me rappellent Selha et la société informatique du même nom.
En comparant les cartes de la ville mayennaise et de Gisors je remarque la coïncidence des croix blanches et rouges. A mi-chemin entre celles de Gisors, je trouve l’ancien emplacement de la croix percée.
En reproduisant le codage de la tête d’argent, 2A01 me donne « 7KM » et 25-12.

25-12 est la date à laquelle s’ouvre la grille de la chapelle, en y accédant par la fibre optique je découvre la porte close menant au souterrain neuf.
En traçant un cercle de 7km autour de la position originelle de la croix percée (qui marque l’emplacement de la chapelle) je trouve la roche trouée.
Dans l’alignement de la roche trouée et de l’emplacement premier de la croix percée, le seul bâtiment d’époque Templière est celui qui abrite l’ascenseur du souterrain neuf.

Quelqu’un frappa à la porte.

- Qui est-ce ?
- C’est moi. Répondit Thierry en entrant sans attendre d’y être invité.

Il présenta deux coupes de champagne accompagnées de la phrase qu’il avait servi à Elsa un jour plus tôt. Décontenancée par l’intrusion, la jeune architecte contempla le verre en se demandant comment sortir un bras de sa couette sans dévoiler ce qu’elle couvrait.
En la prenant par l’épaule pour la conduire sur le balcon, Thierry résolut temporairement cette difficulté.

- C’était magnifique ce que nous avons vu ce matin. Tu crois que c’est Dieu qui a créé tout cela ?
- Ça dépend. Tu parles du paysage enneigé ou de l’éclipse ?

Thierry masqua son trouble. C’était la réponse la plus surprenante qu’il ait obtenu avec cette classique entrée en matière. Il allait devoir jouer serré.

- Commençons par les étoiles. Dit-il en indiquant le ciel avec son verre.
- Le Big-Bang me semble, à ce jour, l’hypothèse la plus cohérente.
- Étrange position pour une catholique non ?
- Pourquoi ? Cette théorie a été initiée en 1927 par Georges Lemaitre qui était lui-même chanoine.
- Un chanoine ? Tu as vraiment le don de me surprendre…
Tu admettras quand même que la Bible a été créée pour expliquer ce que les hommes ne comprenaient pas. Aujourd’hui nous avons une démarche plus scientifique.

Anne-Sophie le regarda d’un air étonné.

- As-tu entendu parler de la théorie des cordes ?
- Non.
- Te souviens-tu de l’explication d’Ivan sur l’ordinateur d’Apollo ; l’inconvénient du « complément à un » sur le « complément à deux » ?
- Oui, le premier place deux zéros entre -1 et 1.
- Je pense que cette erreur est peut-être un clin d’œil des Templiers. Il n’existe qu’une formule mathématique composée uniquement de deux zéros successifs. On l’appelle « la formule de Dieu ».
- La formule de Dieu ?!
- Oui il s’agit de la formule « zéro puissance zéro » qui se représente par un zéro suivit d’un zéro plus petit et plus haut, comme la symbolisation courante de la terre et de sa lune.
- Joli. Mais pourquoi « formule de Dieu » ?
- A l’époque des Templiers Al-Samaw’al, un savant arabe, démontra que tout nombre positif élevé à la puissance zéro était égal à un. Ce ne fut que beaucoup plus tard que les mathématiciens hasardèrent l’idée que zéro puissance zéro était aussi égal à un.
- Hasardèrent ??!
- Oui car cela ne s’appuyait sur aucune démonstration mais était tout simplement pratique. On appelle souvent cette formule « formule de Dieu » parce que deux zéro aboutissent à un et que seul Dieu sait créer à partir du néant. Pour moi elle signifie que Dieu n’est pas la seule hypothèse admise pour des raisons pratiques, les scientifiques en usent autant que les croyants.
- Et la théorie des cordes ?
- Il s’agit aussi d’une théorie créée par les scientifiques qui tente de contrer la contradiction entre la théorie de la mécanique quantique et celle de la relativité générale. En gros, les lois qui définissent ce qui nous entoure, les atomes les molécules etc. ne sont pas compatibles avec celles qui expliquent ce que tu vois là-haut.
- Et tu crois en cette théorie ?
- Non et peu de scientifiques y croient vraiment. Pour moi, la solution est plus simple : L’univers et la terre ne proviennent pas de la même création.

Il s’approcha pour capter son regard.
- Il va falloir m’en dire plus.

Elle indiqua des yeux la Bible qui était sur la table de nuit toute proche.
- Lis-moi les premières pages, celles de la Genèse.

Thierry s’exécuta, Anne-Sophie rattrapa sa couette juste avant qu’il revienne à son côté.

- « Au début était le néant…»
- Dieu choisit ici un endroit vide dans l’univers qui lui était familier et y créa « les cieux et la terre ».
- Mais le ciel c’est l’univers !
- Non, sinon il ne serait pas bleu ou gris mais noir. Les cieux c’est l’atmosphère, une atmosphère très utile pour ce qui vient.
- Oui quand Dieu fait apparaître le soleil.
- Tu vas trop vite. As-tu remarqué que dans la genèse, le soleil apparaît trois jours après la lumière ?
- Tu rigole ?
- Non, tout vient de la distinction entre « créer » et « faire apparaître ». Je reviens au premier jour : Dieu a créé une masse informe de terre autour de laquelle il place une masse informe composée essentiellement d’eau et qui a comme but principal de protéger la première des agressions de l’univers.
- Ok, mais d’où vient la lumière dont il parle ?
- Du soleil bien sûr. Dieu approche sa création du soleil, y faisant apparaitre une lumière rendue uniforme par le filtre de l’atmosphère qui joue le rôle d’abat-jour.
- Oui…Ça se tient.
- Puis il fait tourner sa création afin que cette lumière en parcoure toute la surface…
- Et accessoirement respecte les lois des autres planètes.
- On crée toujours en s’appuyant sur ce que l’on connait. Donc par la rotation de la terre il sépare, dans le temps, la lumière des ténèbres. Les nuits succèdent aux jours créant le premier jour. Les deuxièmes et troisièmes jours, il prend une partie de l’eau de l’atmosphère pour créer les océans et dans cet écrin unique dans l’univers, il fait apparaître la vie.
- Unique, unique…
- Pour l’instant on n’a pas trouvé d’équivalent et tous les scientifiques sont d’accord pour admettre qu’une variation infime des conditions de la terre suffirait à empêcher l’arrivée de la vie.
- Bon. Mais si je te suis bien, au troisième jour, le soleil n’existe pas ?
- Si mais il n’est pas visible en tant que « luminaire ». Au lieu d’un disque jaune dans un ciel bleu, on voit une lumière blanche uniforme, comme au travers d’un abat-jour.
- Pas mal… Mais cette situation était meilleure non ? Pourquoi l’avoir changée.
- Pour « que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours, les années. » Dieu a réglé l’opacité de l’atmosphère pour faire apparaitre les étoiles, la lune, le soleil. Par le premier jour, Dieu avait créé le temps, il fallait donc y associer une horloge.
- « Réglé » ?
- Oui, je ne saurais te dire comment, mais jouer sur le diamètre des gouttes d’eau qui la composent aurait suffi.
Tu vois, Elsa a raison de vouloir respecter notre atmosphère, Dieu l’a créée pour nous protéger, comme une maman place une couverture sur son enfant endormi. Si nous la déchirons en jouant, il la réparera.

Thierry consulta le livre pour y voir la phrase correspondante.
« Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. »

- C’est une belle histoire mais il est un peu osé de parler de grand luminaire pour notre lune qui est 400 fois plus petite que le soleil.
- Ah bon ? Pourtant lors de l’éclipse de ce matin, la lune couvrait presque totalement ce soleil, non ? Ce qui importe à Dieu c’est ce que voit l’homme. Si la lune est 400 fois plus petite que le soleil elle est également 400 fois plus loin. Quelle chance a-t-on de retrouver une telle configuration dans l’univers ?

Thierry l’avait menée ou il voulait. Elle était dans son monde, confiante en sa capacité d’écoute. C’était le bon moment pour tenter de l’embrasser, il se lança d’un mouvement doux et tendre mais un petit doigt s’interposa en se posant sur ses lèvres. Il se recula avec un sourire interrogateur.

- Que veux-dire ce doigt ? « Pas avant le mariage » ?
Elle lui porta un regard attendrit, presque désolé.
- Non, il veut dire « pas pour toi ».

Comme la plupart des séducteurs, Thierry recevait beaucoup de « oui » parce qu’il osait s’exposer à beaucoup de « non ». Pourtant celui-ci lui fit ressentir une impression nouvelle et déroutante. Une sorte de… soulagement.

Tout au long de cette aventure, si le regard de Thierry s’était souvent tourné vers Anne-Sophie, c’est Elsa qui avait le plus occupé ses pensées. Parfois parce qu’elle l’avait surpris, souvent parce qu’elle l’avait énervé. Mais cela n’expliquait pas tout, en particulier l’envie qu’il eu, en quittant l’architecte, d’aller convaincre l’historienne de partager un dernier repas au manoir.

En conduisant sa voiture sur le court parcours, il pensait que seul son instinct de chasseur l’avait conduit à se rapprocher de cette fille aux charmes discrets. Cela aurait pourtant pu aller plus loin lorsqu’ils s’étaient trouvés seuls, en haut d’une falaise dominant un splendide paysage.
Elsa avait perdu l’équilibre, il l’avait rattrapée de justesse. La position obtenue ouvrait à toutes sortes d’audaces mais quelque-chose avait freiné son élan.

- Qu’avait-elle eu besoin de caresser ce stupide animal !

Il faut dire que « Baphomet » avait laissé une partie de son odeur sur les vêtements de la jeune fille.
Ce souvenir fit sourire Thierry.

- C’est tout de même étrange la présence de ce bouc sans troupeau ni berger ?
L’ABS de l’Aston-Martin fit de son mieux pour contrôler les événements lorsque son conducteur poussa la pédale de frein à fond de course. Thierry lança son véhicule dans un tête-à-queue contrôlé et fonça dans la direction opposée.
Attaquant en trombe les lacets menant au plateau, il se remémora le texte traduit par Elsa.


Lentement mon âme s'élevait au-dessus des sables qui couvriraient bientôt le lieu du martyr templier. Cernés par les flammes ils furent tous exécutés.
Au-delà des dunes, vers l’orient, une flèche semblait surgir du sol pour indiquer le trésor que portaient les chariots.
Mais ce n’était qu’un mirage qui détournait mon regard des cornes protectrices.
Là où fut enfouie la vraie croix.


Le trésor du chinois indiqué par le mirage était un leurre destiné à détourner leur attention.
Le vrai trésor était dans la roche percée.
Cette grotte que gardaient « les corne protectrices » d’un bouc odorant.
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Message par bob d artois »

Il faudrait peut-être que je place un petit exercice de changement de base pour trouver une des cistes :D
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?

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Message par BIGBROZEUR »

bob d artois a écrit :Il faudrait peut-être que je place un petit exercice de changement de base pour trouver une des cistes :D
Pfffff !!!! Ben moi les bases j'y comprend rien.... :'OO': :toctoc:
B) B
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Message par bob d artois »

Heureusement on trouve des sites qui font les calculs seuls :)

http://www.miniwebtool.com/base-n-calculator/

Mais je sais que tu as décodé du beaucoup plus dur BIG ;)

ce soir dernier chapitre mais il sera peut-être en deux parties car un peu long B)

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Message par bob d artois »

IX- Les pas Japonais (début)

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Lorsqu’Anne-Sophie entra dans la salle de restaurant, seul Ivan était assis devant les trois couverts. Il posa la revue qu’il était en train de lire pour complimenter d’un regard la tenue qu’elle portait. Anne-Sophie remarqua le magazine en prenant place.

- Encore de l’informatique ?
- J’avais besoin de lire quelque chose que je puisse comprendre.
- J’ai du mal à croire qu’il y existe quelque chose que tu aies du mal à comprendre.
(A part les femmes songea-t-elle.)
- J’ai passé l’après-midi à lire le rapport du GIEC. Je parle du vrai, pas de ses résumés. Il explique bien les limites de nos connaissances sur le sujet mais le faisceau d’indices converge vers une situation qui mérite notre inquiétude. Nous savons que les Templiers ont délibérément avancé les arguments les plus facilement réfutables. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi des partisans de la thèse du réchauffement ont fait de même ?
- Par facilité, certains pensaient qu’un but légitime pouvait excuser des arguments douteux.
- Il y a quand même des limites ! Par exemple, quel est l’effet du réchauffement climatique le plus souvent mis en avant ?
- L’extinction des ours blancs suite à la disparition de la banquise de l’océan arctique.
- Et bien nous sommes exactement dans le cas du paradoxe Namatzu : L’arctique existe grâce aux ours polaires, pas le contraire.
- Pardon ?
- C’est très simple, arctique veut dire pays des ours et antarctique pays sans ours. Si l’espèce disparait nous aurons simplement deux antarctique, un continent et un océan.
- Tu ergote un peu non ?
- Je le reconnais, mais le sujet vaut qu’on s’y attarde un peu. Commençons par le début : pourquoi l’ours polaire est-il blanc ?
- Pour se cacher dans l’univers blanc qui l’entoure.
- Se cacher de quoi ? Il est au sommet de sa chaîne alimentaire.
- Justement, il ne faut pas ses proies le voient venir.
- Je le croyais aussi mais sa proie principale est le phoque, pas la gazelle. Quelle chance un phoque a-t-il de battre un ours à la course ?
- Il peut se sauver en plongeant dans l’eau.
- Oui mais l’ours polaire est également un excellent nageur et quel est l’intérêt d’un camouflage blanc sous l’eau ?
- D’accord, n’en jetez plus. Mais alors, pourquoi est-il blanc ?
- En fait il n’est pas blanc, il est noir.
- De pire en pire…
- Et oui, cet animal que l’on croyait primitif est un condensé de technologie. A l’instar des autres mammifères aquatiques il se protège du froid non par sa fourrure mais par une épaisse couche de graisse. Hors de l’eau sa peau noire absorbe la chaleur.
- Et ses poils ?
- Se poils sont transparents et s’enfoncent profondément dans sa couche de graisse. Ils fonctionnent comme des fibres optiques conduisant la lumière au cœur de sa couche protectrice.
- C’est fascinant mais pourquoi les voit-on blancs ?
- Pour la même raison que notre atmosphère : la diffraction. Un ours Polaire fonctionne comme la terre, les rayons du soleil chauffent la peau noire qui irradie selon une autre longueur d’onde qui, elle, est renvoyé par les poils blancs, c’est pour cela qu’ils apparaissent jaunes. L’ours polaire connaissait l’effet de serre bien avant l’humain.
- Tout cela ne change pas le fait que la fonte des glaces va le faire disparaitre ?
- Pourquoi donc ? L’ours polaire hiberne l’hiver, il n’a aucune idée de ce qu’est la banquise à son apogée puisqu’il dort. Si la terre se réchauffe il dormira moins et mangera plus facilement. De plus le réchauffement va étendre la banquise pas la rétrécir.
- Encore l’effet Namatzu ?
- Non, plutôt « tartine de confiture ». Le réchauffement diminue la quantité de glace en faisant fondre de l’eau douce mais, arrivée dans l’océan, celle-ci gèle plus vite que l’eau de mer. Moins il y en a, plus elle s’étale.
- Qui te dit que ce ne sont pas les phoques qui vont disparaitre du fait du réchauffement ? L’ours s’éteindrait alors par manque de proies.
- Si c’est le cas, il faut sauver les phoques et pas les ours. L’ours blanc est le plus gros carnivore de la planète. Si l’arctique se réchauffe d’autres espèces que les phoques pourront le peupler et régaler les ours.
- Supportera-t-il la chaleur ?
- Les dernières études ont démontré que le pelage qui ressemble le plus à celui de l’ours polaire est celui du dromadaire.
- Alors pourquoi les ours disparaissent ?
- L’ours blanc ne rejoint sa tanière que pour se reproduire. Le reste du temps il se déplace seul pendant des mois sur des centaines de kilomètres. Je me demande bien comment on a pu établir des statistiques sur son nombre. D’autant qu’il n’est pas facile à approcher.
- On peut les compter depuis un avion.
- Et essayer de repérer un pelage blanc…
- Transparent !
Il sourit.
- Je voulais dire un pelage renvoyant du blanc sur un fond blanc. Dans les années 90 une association a essayé de contourner le problème en survolant l’arctique avec une caméra thermique. Elle a détecté plusieurs animaux mais aucun ours blanc.
- Il y a donc bien disparition.
- Non, des ours étaient présents mais leur magnifique pelage retient tant la chaleur qu’ils sont indétectables par cette technologie.
Anne-Sophie se mit à rire.
- Qu’y a-t-il de drôle ?
- Tu as dit que son pelage ne lui servait pas de camouflage. Ce n’est pas exact, il le dissimule à la vue de l’homme qui croit ainsi devoir veiller à sa survie. C’est le premier pelage qui, au lieu d’écarter les prédateurs, attire les protecteurs.
- J’aime bien ce raisonnement. Malheureusement je pense qu’il n’est pas impossible que cette espèce soit en danger. La pollution des océans, la recherche pétrolière et l’arrivée de l’homme dans son espace lui nuisent certainement.
- Comment y remédier alors ?
- Certainement pas en construisant des supercalculateurs en tout cas. Mais suivre l’exemple de ce qui a été fait pour règlementer la chasse à l’ours, en la limitant aux méthodes traditionnelles Inuits, me semble la voie à suivre.
- A t’entendre, il est impossible de prédéterminer le climat et il faut arrêter la prospection pétrolière. La conséquence est qu’il est inutile de poursuivre dans la recherche sur les supercalculateurs. Ceci ne plairait pas à nos Templiers non ?
- Je ne sais pas.
- A moins que ceux-ci aient enfin atteint leur but. Dans ce cas la fin de ces recherches leur permettrait d’être seuls à pouvoir prédire l’économie.

Ivan ne sut quoi répondre, il fut sauvé par l’arrivée du maître d’hôtel.

- Je vous ai fait servir le café au petit salon, vous y serez plus à l’aise.
L’initiative visait surtout à avancer la fermeture du restaurant mais elle fut appréciée. Le canapé du salon était large et confortable, Anne-Sophie s’assit tout près de son ami. Au soulagement de ce dernier la conversation prit une autre direction, un peu inattendue.

- Est-il vrai que les Templiers ont combattu à Hattin pour aller secourir une femme enfermée dans un château ?
- Hm…C’est rarement présenté sous cette forme, mais on peut voir les choses ainsi. Elle s’appelait Echive.
- Tu crois que les Templiers vont nous accueillir dans leur célèbre tenue ? Avec armure et épée ?

Ivan posa sa revue sur la table et but son café.

- Au moyen-âge, l’épée était une arme moderne adaptée à la mission des Templiers. Pour qu’ils l’utilisent aujourd’hui il faudrait qu’elle soit conçue avec des technologies de pointe et contribue au progrès des supercalculateurs.

Elle sourit.

- Toute petite j’ai toujours rêvé d’épouser un chevalier. Tu crois que les Templiers n’aimaient pas les femmes ?
- Hugues de Payns a eu deux épouses.
- Nous n’avons pas été très discrets dans notre enquête, ça ne t’étonne pas qu’ils n’aient pas réagit ?
- Peut-être ne se sont-ils aperçus de rien.
- Je pense au contraire qu’ils savaient tout, depuis le début. Je pense qu’ils nous ont infiltrés.
Il se tourna vers elle brusquement.
- Qui veux-tu…
Elle approcha son visage, son sourire était rayonnant. Elle baissa les paupières timidement puis les ouvrit.
- J’aime bien ton prénom.
- …C’est gentil.
- Tu as remarqué ce qu’il donne quand on y ajoute le nom du Datacenter ?

Ivan évalua plusieurs options possibles face à une telle question, une seule avait une probabilité raisonnable de réussite :
Il l’embrassa.


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Voir ici la revue qu'Ivan lisait
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?

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Re: Le Templier et le Papillon : nouveau Polar Cistique du B

Message par bob d artois »

Petit interlude en attendant demain pour la fin du dernier chapitre B)

ICI

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Re: Le Templier et le Papillon : nouveau Polar Cistique du B

Message par BIGBROZEUR »

Trop fort la théorie de l'ours "blanc" :one: :one: :one: :one:
Mais alors il est de quelle couleur le caméléon .......????? <_<
B) B
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