Escargot de Quimper?
Centre de formation...
Ça sent le roussi pour le projet du centre de formation du Stade Brestois à Plougastel-Daoulas. Le dossier suscite depuis dix jours de nombreuses réactions. La dernière en date, celle de Bretagne Vivante, auteur des recours bloquant actuellement le projet, qui organisait ce mardi matin une conférence de presse. L’occasion de faire un point général sur la situation. Ok, c’est long. Mais le dossier est véritablement compliqué. On a essayé de le rendre clair en répondant à trois questions majeures.
Où en est le dossier ?
Eh bien, il est bloqué… Deux recours ont été déposés par Bretagne Vivante contre le plan local d’urbanisme et le permis de construire du centre de formation et de vie du Stade Brestois. L’association reproche à la collectivité d’avoir utilisé une procédure de révision simplifiée du Plan local d’urbanisme pour permettre la mise en place rapide du projet. Cette procédure doit être justifiée par l’intérêt général. Sur ce point, les avis divergent.
Bretagne Vivante estime que le centre de vie des professionnels ne répond en aucun cas à ce critère. Et que le centre de formation, non plus. « Il accueillera 23 gamins, dont la majorité ne sera pas du coin », assure Daniel Malengreau, administrateur de l’association. Mais l’intérêt général est une notion vague. Le travail fourni aux entreprises, la création d’emplois, la nécessité pour le Stade Brestois de disposer de telles structures pour rester en Ligue 1… Toutes ces données, et d’autres encore, peuvent être retenues par le juge administratif pour valider l’intérêt général et le recours à cette procédure de révision simplifiée.
Cette décision ne sera pas rendue avant plusieurs mois, voire plusieurs années. Et au final, ce n’est pas vraiment le problème. Ces recours ne sont pas suspensifs. Le Stade Brestois pourrait très bien commencer à construire son centre de formation sans attendre la décision du juge. Il lui faudrait obtenir une dérogation du préfet. Chose assez compliquée. Car c’est là qu’intervient le fameux escargot de Quimper…
Et l’escargot de Quimper ?
Cet escargot de Quimper est-il bien présent à Plougastel ? En mai dernier, à l’issue de l’enquête publique, le commissaire enquêteur écrivait texto dans son rapport : « A ce jour l’inventaire des zones humides réalisé pour le compte de Brest Métropole Océane sur l’ensemble du territoire communautaire, aucune espèce protégée en flore ou en faune n’est répertoriée sur le secteur de la zone humide concernée ». Il n’existerait donc pas d’escargot de Quimper, ni ne fougère « Dryopteris Aemula », ni d’écureuil roux sur le site ? Daniel Malengreau n’était pas de cet avis. Bretagne Vivante a donc fait venir le 13 juillet un huissier. Ce dernier a bien constaté la présence d’escargots de Quimper dans la zone concernée. Nous avons vu le procès verbal. Et ce dernier a été remis aux différents acteurs du dossier en juillet.
Et ce n’était pas une surprise pour Bretagne Vivante. L’escargot de Quimper est présent « à la pointe bretonne, au pays basque et en Galice », affirme Daniel Malengreau, qui reconnaît que dans ces régions du globe, il se retrouve dans toutes les zones correspondants à son habitat naturel. Donc, s’il est rare au niveau de la planète, il l’est beaucoup moins dans le Finistère. Le gastéropode n’en est pas moins protégé. Et devrait le rester encore de nombreuses années… D’où le problème rencontré dans ce dossier.
Car le préfet du Finistère a envoyé un courrier au président du Stade Brestois à la fin du mois d’août, l’avertissant de la présence de cet escargot et des risques encourus si jamais il détruisait un ou plusieurs specimens de cette espèce protégée au cours des travaux. « 10 ans de prison et 15.000 € d’amendes », reconnaissait dans nos colonnes Michel Guyot. Prendrait-il le risque de demander une dérogation, ce qu’il n’a toujours pas fait, et d’entreprendre aujourd’hui les travaux ? Visiblement non. Les associations écologistes seront très vigilantes. Et des dégâts environnementaux, au cours de tels travaux, seraient automatiques. Comme dans tout chantier, direz-vous ? Dans beaucoup de cas, effectivement.
D’ailleurs, si le ministère de l’environnement prône un impact zéro sur la nature, il prévoit la mise en place de solutions compensatoires si des dégâts sont inévitables et que le projet est rendu nécessaire pour des raisons impératives d’intérêt public. Michel Guyot a rencontré le 4 septembre dernier les représentants de Bretagne Vivante, pour leur proposer une compensation, justement. Selon l’association, « il s’engageait à recréer une nouvelle zone humide dans le quartier de la Fontaine Blanche », toujours à Plougastel-Daoulas. « Un espace récréatif » qui n’a pas reçu leur aval. Pourquoi ? Parce que Bretagne Vivante considère aujourd’hui que le centre de formation et de vie du Stade Brestois n’est pas d’intérêt général. On y revient.
Quelles solutions ?
Le projet semble donc fortement compromis en l’état. Que faire ? Bretagne Vivante ne retirera pas ses recours. « Même si le projet du Stade Brestois est annulé. Nous contestons la procédure utilisée pour réviser le plan local d’urbanisme ». Et si le Stade Brestois modifiait son projet et se contentait du centre de formation en laissant tomber le centre de vie ? Il pourrait alors construire sur la zone anciennement agricole et pas sur la zone humide. Romain Ecorchard, juriste de Bretagne Vivante, semble penser que cette solution pourrait convenir. Mais il faudrait reprendre le projet et déposer un nouveau permis de construire.
Autant changer de lieu ! Justement. Michel Guyot déclarait, il y a dix jours dans nos colonnes : « Si le projet ne se fait pas à Plougastel, il va falloir trouver 10.000m² de terrain viabilisé ailleurs sur le territoire de la collectivité ». Mais aucune demande n’aurait été déposée auprès des services de Brest Métropole Océane qui étudient actuellement plusieurs options en prévision d’un tel cas de figure. Ça prendrait combien de temps de déplacer le projet ? « Un trimestre, voire un semestre », nous confie-t-on du côté de la collectivité en précisant que cette option n’est pas l’ordre du jour. Elle le deviendra peut-être très bientôt.