Vous me rassurez tous les deux, ce n'est pas la partie que j'ai le plus l'habitude de rédiger.
Pour ceux qui voudraient déjà faire des recherches, le site devrait déjà être identifiable mais d'autre éléments permettant de le reconnaître arriveront dans les chapitres suivants.
Bob
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Pendant que Julien aidait l’équipage à accoster sur la rive gauche, Genoffa contemplait la falaise. Le sentant revenir elle lui dit :
- Selon Danielle Porte, le nom Alesia proviendrait de la racine « ales » qui signifierait « falaise »
- Vous voulez dire que cet endroit aurait pu s’appeler Alesia ?
- Non, en fait je ne crois pas à ces théories étymologiques.
- Pratique, ça vous évite d’avoir à expliquer la présence d’une plaque gravée « in Alisiia » sur le site d’Alise-Sainte-Reine.
Genoffa sourit.
- Connaissez-vous le carré SATOR ?
- Bien entendu !
Sur la poussière recouvrant un coffre de la péniche, elle traça un carré de trente-six cases.
- C’est un SATOR à six cases ?
- Disons plutôt que c’est une sorte de « serrure », écrivez le nom de César sur les trois premières lignes.
- En latin ?
- Évidemment, mais en alignant à droite, pas à gauche.
Julien traça successivement, en lettres maladroites « CAIVS, JVLIVS, CAESAR »
- Et pour les autres lignes ?
- Écrivez les mêmes mots mais en inversant l’ordre des lettres et l’ordre des mots.
- En alignant à droite, ok ; et maintenant ?
Elle prit les jumelles et recommença à observer la falaise.
- Je n’ai rien à expliquer concernant la plaque trouvée à Alise. Alisiia et Alésia sont des mots différents, de plus, le A étant en partie effacé il est possible que IN et ALISIIA fassent partie du même mot dont deux ou trois lettres ne seraient plus visibles. Cela nous fait beaucoup de combinaisons.
- A propos de combinaisons, qu'est-ce que je fais de la « serrure » que vous m’avez fait tracer ?
Sans quitter son observation elle répondit :
- Déverrouillez-la : réécrivez le second CAIUS à l’endroit.
- Ok, j'ai gardé l'alignement à droite, ça a formé une symétrie dans deux des colonnes. Et alors ?
Elle lui adressa un regard charmeur
- C’est sur une autre colonne qu’il faut porter votre attention.
Elle fit semblant de reprendre son observation avec les jumelles mais sourit intérieurement en imaginant le visage de Julien quand il comprendrait ce que révélait le carré. Quand elle estima lui avoir laissé un temps suffisant, elle changea de conversation pour cacher son jeu.
- C’est vraiment impressionnant, je suis sûre que c’est ici, on voit bien les collines de chaque côté. C’est ce que j’appelle une place imprenable.
- C’est vous qui êtes impressionnante...
Une légère rougeur apparut sous les oculaires, Julien sourit.
- Maintenant que vous avez joué les touristes, on peut peut-être passer à la phase guerrière? Prenez ça.
- Un casque ? Vous voulez monter à l’assaut ?
- Non, sur un scooter. Nous venons de le débarquer...
- Mais pourquoi guerrier ? Ah oui, le point faible ! J’avais oublié... Je vous suis.
Le petit scooter grimpa la route qui contournait le site par l’aval. La conduite de Julien était douce et prudente mais Genoffa estima pouvoir se serrer contre lui sans qu’il l’interprète comme une avance. Alors qu'elle regardait le paysage, quelque chose la troubla. Elle cria pour couvrir le bruit du moteur.
- Il n’y a pas quelque chose qui vous gêne ?
- Non, restez comme ça, c’est plutôt agréable.
- Non, je voulais dire qu’il n’y a pas de rivière.
- En effet mais il y a une vallée encaissée. La rivière a pu disparaître avec le temps, ceci ressemble bien à un lit. Nous arrivons près du point faible, je vais tourner.
- Zut, il y a un grillage!
- Ah oui, et ça semble bien plus qu’un grillage... C’est une zone militaire ! Vous avez vu les pancartes, il vaut mieux ne pas rester là.
Genoffa et Julien firent quelques sondages sur les routes avoisinantes mais comprirent très vite la situation. Tout le site était devenu un camp militaire. Entamant un second tour, ils remarquèrent un large chemin montant sur l’oppidum en longeant le grillage. Un panneau « sens interdit » en ornait l’accès. Julien lut le panonceau qui était dessous :
- « interdit sauf véhicules militaires »
- … J’en déduis que c’est autorisé aux piétons.
Ils abandonnèrent le scooter et se retrouvèrent bientôt sur un promontoire calcaire dominant la Seine.
- Quelle vue magnifique !
- Oui, c’est ce que j’appellerais un point stratégique, on y contrôle le fleuve sur des kilomètres. Malheureusement il y a ce grillage derrière nous.
- Vous savez, mademoiselle, si ce site plaisait aux militaires de l’époque il n’est pas illogique qu’il attire ceux d’aujourd’hui.
- Certes, mais comment vérifier ma théorie si nous ne pouvons pas entrer ?
- Effectivement, il va falloir vous contenter de théorie. En tout cas le paysage correspond bien à votre tableau.
Genoffa contempla son dessin avec l’air boudeur d’un enfant privé de manège. Julien pensa que cet échec lui donnait l’occasion de basculer vers un objectif plus romantique.
- Puisque nous ne pouvons pas aller plus loin, je propose de poursuivre notre promenade en péniche. Nous pourrions continuer à descendre la Seine jusqu’à Rouen, c’est un très beau parcours, ça vous changera les idées.
Concentrée sur sa peinture, Genoffa ne semblait pas avoir entendu, pourtant elle releva la tête et répondit d’un air enchanté :
- Vous avez raison !
- A la bonne heure, nous arriverons à Rouen au coucher du soleil, un bon moment pour un dîner sur le pont en version « fly boat .»
- Rouen ? Que voulez-vous faire là bas ? Non, comme vous le dites, la solution est dans mon dessin.
- La solution ?
- Oui, la petite colline que j’ai ajoutée au Nord. Dans la description de la bataille d’Alésia on parle d’un combat qui s’est déroulé sur une colline au Nord. Il est dit que ses dimensions ne permettaient pas de l’inclure dans les lignes romaines. Peut-être César s’est-il encore inspiré d’un des événements qui ont eu lieu ici ?
- Je croyais que votre hypothèse était une reddition sans combat ?
- Peut-être y a-t’il eu des préliminaires? On y va ?
Julien ne répondit pas et se dirigea, déçu, vers le scooter. Ils durent bientôt le laisser à nouveau pour continuer à pied jusqu’au sommet de la colline.
- Bon, nous y sommes. Vous voulez que j’aille chercher des outils pour commencer vos fouilles ?
- Ah non ! Je ne fais jamais de fouilles moi-même, j’aurais trop peur de tomber sur des ossements humains. Il me faut juste un indice pour justifier des fouilles officielles.
- Je vois une bouse de vache, c’est un indice ?
- Mais non ! Nous ne sommes pas au bon endroit. C’est sur le coteau Sud qu’il faut chercher.
Genoffa avait prononcé ces mots en montrant le livre qu’il avait gardé dans sa poche et déjà, commençait à dévaler la pente. Julien qui essayait de la rattraper tout en feuilletant l’ouvrage ne la vit pas s’arrêter et faillit la percuter.
- Que se passe-il ? Nous sommes déjà à flanc de colline ?
- …Il n’y a plus de flanc de colline.
Étonné, Julien s’avança mais elle le retint à temps. Devant lui se trouvait une paroi à pic, toute une partie de la colline avait été dévorée par une carrière.
- Ces criminels ont concassé tout un pan de notre passé, je suis furieuse !
- N’ayez pas de regrets de toutes façons vous ne colliez pas au texte.
- Pourquoi ? Il est bien dit que le fort était sur le flanc de la colline ?
- Oui, à cause des dimensions de celle-ci.
- Et voilà, parce qu’elle était trop petite.
- Non, trop grande, écoutez :
« Les Gaulois tiennent conseil sur ce qui leur reste à faire. Ils ont recours à des gens qui connaissent le pays et se font instruire par eux du site de nos forts supérieurs et de la manière dont ils sont fortifiés. Il y avait au Nord une colline qu'on n'avait pu comprendre dans l'enceinte de nos retranchements, à cause de son trop grand circuit ; ce qui nous avait obligés d'établir notre camp sur un terrain à mi-côte et dans une position nécessairement peu favorable. »
Genoffa regarda sa carte.
- Vous avez raison, en fait la bonne colline est celle-ci, celle qui est en aval du site.
- Elle n’est pas exactement au Nord.
- Vu son étendue, si. Et puis il est écrit « une colline au Nord » et pas « la colline qui est était au Nord » c’est une indication générale. Je peux conduire le scooter ?
- Non.
Vingt minutes plus tard une Genoffa hors d’elle déversait un flot d’insultes italiennes à une série de panneaux blancs.
- C’est quand même incroyable ! Toute cette colline est encore un site militaire !
- Calmez-vous, nous allons nous faire remarquer. Regardez, face à la carrière il y a un chemin qui semble autorisé. Voyons s’il conduit plus haut.
- Autorisé ? Vous n’avez pas vu la barrière ?
- Elle interdit les véhicules, nous irons à pied. Faites semblant d’être en promenade amoureuse.
- Mais bien sûr, je vous vois venir. Je propose plutôt des frères et sœurs cherchant des champignons.
- Ce n’est pas la saison.
Le couple passa devant une seconde carrière puis suivit un chemin bordé de panneaux d’interdiction. La pente était légère mais constante. Soudain Genoffa poussa un cri.
Quatre hommes étaient apparus à une centaine de mètres, semblant surgis de nulle part. Surpris par le cri, ils hésitèrent, puis avancèrent en direction du couple. Genoffa, rassurée, les identifia comme des promeneurs. Précédant Julien, elle avança le visage droit, s’attendant à subir les regards que pose tout garçon croisant une jolie fille en pleine forêt. Pourtant, arrivé à sa hauteur, le premier détourna les yeux et les suivants eurent la même attitude. La jeune fille eut l’impression humiliante d’être transparente. Julien revint à sa hauteur.
- Ils sont bizarres, ils n’ont pas répondu à mon salut. Ils parlaient une langue des pays de l’Est il me semble, qu’en pensez-vous ?
- Je pense que j’en ai assez de ces voyages en scooter, j’ai une coiffure horrible avec votre casque.
- Oh ! Regardez, je vois d’où ils sortaient, il y a une grotte là à droite.
Ils pénétrèrent tout deux dans le creux que Julien balaya de sa lampe.
- Il n’y a rien de particulier ici, si ce n’est que le fond est muré.
- Que sont-ils venus voir ? Il n’y a pas un chien ici.
- Pourquoi voudriez-vous qu’il y ait des chiens ?
- C’est une expression, en Italie « il n’y a pas un chien » signifie qu’il n’y a personne. Je croyais que vous disiez la même chose en France.
- Vous n’êtes pas tombée loin. Il y a d’autres grottes plus haut, allons voir.
Mais Julien stoppa la jeune femme à l’entrée de la seconde.
- Il y un panneau, cette grotte est en terrain militaire.
- Oui, il y avait un panneau aussi à la première.
- Ah ? Il m’avait échappé. Il vaut mieux que nous n’entrions pas.
- Ca n’a pas l’air gardé.
- Nous n’en savons rien et quand bien même, nous sommes près du pont.
- Et alors ?
- L’endroit à été énormément bombardé lors de la dernière guerre, par mesure d’économie seules les parties autorisées au public ont été soigneusement déminées, il en va de même concernant la solidité des grottes.
- De toute façon, nous perdons notre temps sur ces collines.
- On va à Rouen ?
- Non, au camp.
- Quel camp ?
- Celui de Labienus. Réfléchissez, nous ne savons pas s’il y a eu des combats et, même si c’était le cas, ce n’est pas sur un des lieux d’affrontement que nous trouverions le plus d’armes.
- Je suis votre raisonnement, vous pensez au le lieu de la reddition. Quand les Gaulois se sont rendus ils ont déposé les armes au camp romain, donc celles qui n’ont pas intéressé les vainqueurs peuvent y être encore. Où est-ce ?
- Labienus dit : « le camp était assis dans une position avantageuse sur l’autre rive de la Seine »
- Oui, mais il n’y a pas de colline en face !
- Donc ce sera la première colline en amont. Labienus n’aurait pas laissé les Gaulois entre lui et ses lignes de ravitaillement.
- Allons-y et remettez ce casque, nous allons passer en ville.
Dernière modification par bob d artois le dim. 30 oct. 2011 13:45, modifié 4 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
"Je pense que j’en ai assez de ces voyages en scooter, j’ai une coiffure horrible avec votre casque." Tout pareil !
Ce sont ces petits détails qui rendent ce récit décoiffant
La marquise demanda sa voiture et se mit au lit. JE SUIS CHARLIE
le récit comporte deux parties, disons deux tomes , de dix chapitres chacun
il y aura une ciste par chapitres sauf pour un qui mènera à une série de 5 cistes
bonne lecture
Bob
au fait ? quelqu'un a-t-il essayé de dessiner le carré ?
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Le couple s’arrêta dans un commerce pour acheter une carte plus précise de la région.
- Regardez, voici la première colline en amont du pont...
- Je pense plutôt que le camp était sur la suivante.
- Pourquoi ? Parce qu’elle est plus haute ?
- Non, à cause de son nom.
- Nom de D… ! Je n’avais pas vu ça! Je vois aussi quelque chose qui va vous énerver...
- Quoi donc ?
- C’est aussi un site militaire.
Genoffa se saisit de la carte.
- Ah non ! Cette fois ça suffit je vais acheter ce qu’il faut mais aucun grillage ne m’arrêtera plus.
- Attendez, souvent ils ne placent pas leurs clôtures en bord de falaise pour pouvoir faire des rondes extérieures. Regardez ce chemin, il est en dehors du périmètre. Vous voyez le point 94, c’est depuis cet endroit que la vue sur l’oppidum gaulois doit être la meilleure.
Une demi-heure plus tard, ils se tenaient en haut du promontoire. Genoffa reprit son souffle et dit :
- C’est certainement la meilleure vue sur le site gaulois. Labienus s’est probablement tenu ici.
- La vue est un peu gênée par les arbres.
- La France était beaucoup moins boisée à l’époque, les historiens sont d’accord pour dire que le site d’Alise lui-même était dénudé.
- Taisez-vous ! Ecoutez.
Julien s’était allongé au bord de la falaise, la jeune femme fit de même et quand elle s’immobilisa elle entendit quelqu’un parler juste au dessous d’eux. Ils virent alors trois hommes s’éloigner de la paroi et rejoindre le chemin qu’ils avaient pris à l’aller. Elle chuchota :
- J'ai cru voir une arme.
- Oui, une sorte de fusil d’assaut, regardez ! Il le range dans son sac.
- J’ai l’impression que ce sont les hommes que nous avons croisé ce matin. Et s’ils montent ici ?
- Non, regardez, ils descendent. Nous allons attendre un petit peu et regarder ce qu’ils faisaient là-dessous.
Descendant le chemin en prenant toujours à droite, le couple se trouva bientôt à l’aplomb de leur point de vue. Genoffa s’arrêta brusquement.
- Encore une grotte ?
- Non, c’est une carrière. Mais elle n’est pas sur la carte.
- C’est petit pour une carrière. Et pourquoi creuser si haut, loin de toute route ?
- Ce doit être une vieille carrière de pierre. La technique utilisée jadis imposait de trouver une couche de pierre solide surmontée d’une couche friable.
- C’est effectivement une combinaison qu’on ne doit pas trouver sur toute la hauteur. Mais pourquoi ?
- Les carriers creusaient la couche friable jusqu’à pouvoir s’allonger sur la couche de bonne pierre. Après ils fendaient la couche du dessous en y enfonçant des coins de métal. Il ne restait plus qu’à faire glisser les pierres découpées sur la couche de silex que vous voyez ici. Regardez là-haut, ils avaient recommencé à creuser la couche supérieure.
- Très bel exposé monsieur, mais j’ai un autre avis.
- Allons bon !
- Une petite carrière reste une carrière, c'est-à-dire un morceau de notre terre que l’on peut réduire à néant sans rendre des comptes.
- Que voulez-vous dire ?
- Que je ne crois pas à une coïncidence ! Tous les sites liés à cette bataille sont occupés par les militaires ou ont été transformés en matériaux de construction. On nous cache quelque chose, j’en suis certaine et cela prouve que j’ai raison.
- Voyons mademoiselle, ces sites existaient du temps de la conscription. Si l’armée y cachait des vestiges, nous aurions fini par le savoir.
- Je ne pense pas que l’armée y entrepose des éléments secrets, je pense que vos gouvernants y ont installé des camps militaires pour empêcher les fouilles.
- Et pourquoi ?
- Je n’en sais rien, je ne comprends pas. Au début je pensais que pour des raisons économiques, ils ne voulaient pas remettre en question le site d’Alise-Sainte-Reine... Mais les moyens mis en œuvre sont trop importants, il doit y avoir autre chose.
- Et César ?
- César ?
- Oui, commençons par le début. Pourquoi aurait-il fait tant d’efforts pour décrire une bataille qui n’a pas existé ?
- Mais c’est évident ! Il a envahi les Gaules pour conquérir le pouvoir. Son épopée fut glorieuse mais admettez que la fin tourne un peu en queue de poisson. Son pire ennemi lui est livré sans combat et, pire, la gloire de la capture revient à son second couteau.
- Je n’avais pas vu ça sous cet angle, vous marquez un point. Mais si Alésia n’a pas existé, qu’en est-il de ses habitants ?
- Ses habitants auraient été les Mandubiens, un peuple prétendument puissant mais dont le nom n’a jamais été mentionné avant la bataille d’Alésia.
- Et après ?
- Pour eux il n’y a jamais eu d’après, écoutez ce qu’en dit César : « Les Mandubiens, qui les avaient reçus dans leur ville, sont forcés d'en sortir avec leurs enfants et leurs femmes. Ils s'approchent des retranchements des Romains, et, fondant en larmes, ils demandent, ils implorent l'esclavage et du pain. Mais César plaça des gardes sur le rempart, et défendit qu'on les reçût. » - Ils seraient donc tous mort entre les deux lignes ? C’est affreux.
- Affreux si c’est vrai, pratique si c’est faux.
- Et les Romains eux-mêmes ? Une armée si nombreuse, comment garder le secret ?
- De toute l’œuvre de César, Alésia est la seule bataille où aucun numéro de Légion n’est mentionné. Pour Gergovie, il va jusqu’à citer des noms de centurions, ici, seuls les sept généraux les plus haut placés sont nommés.
- Justement, pourquoi n’ont-ils pas dénoncé la supercherie ?
- Précisément parce qu’ils ont été cités. A l’exception de Labienus, César ne met pratiquement jamais ses généraux en valeur, sauf à Alésia où ils jouent tous un rôle glorieux. Je pense d’ailleurs que ce sont eux qui ont écrit la partie mensongère du livre, ce qui expliquerait pourquoi César a arrêté d’écrire lui-même à partir de cet épisode. Le livre VIII est d’une autre main.
- Les généraux auraient menti pour glorifier César en échange d’une part des honneurs ? Mais Labienus ?
- Hors César, c’est lui qui a le plus beau rôle dans la bataille mais je pense qu’il a été mis devant le fait accompli.
- Qu’est-ce qui vous fait penser ça ?
- César n’a jamais eu d’allié plus fidèle et plus compétent. Pourtant, après la guerre, Labienus reprocha à César son « manque de reconnaissance ». Son ressentiment évolua tant qu’il finit par se ranger du côté de Pompée durant la guerre civile. Labienus mourut à la tête d’une armée qui combattait César.
- D’accord, vos arguments sont convaincants mais pourquoi êtes-vous la seule à les défendre ?
- Vous vous trompez, d'autres pensent comme moi, et depuis longtemps. De grands hommes ont soutenu cette thèse mais on a toujours refusé de les écouter. Je pourrais vous en citer des dizaines.
- Citez-m'en un plutôt.
- Lionel Royer.
- Le peintre ?
- Oui.
Elle pianota quelque chose sur son i-phone puis lui confia l'appareil.
- Connaissez-vous ce tableau ?
Julien n'aimait pas être pris pour un idiot.
- Il me semble l’avoir déjà vu mais j'hésite entre la Joconde et le radeau de la Méduse.
Il lui rendit sa tablette en ajoutant ironiquement :
- En tout cas ce n'est pas une œuvre de Royer.
Elle haussa les épaules et recommença sa saisie, Julien se plaça dans son dos pour observer l'écran. En quelques glissements de doigts elle fit apparaître une ligne diagonale sur l'image du tableau.
- Il y a en réalité deux tableaux dans le radeau de la Méduse. En bas à gauche il représente le désespoir, la soif, la mort. Mais au dessus de la ligne on voit l'autre thème, l'espoir, le sauvetage, la joie, la vie. Si l'image était plus grande vous verriez en haut à droite le navire qui les a secourus.
- L'Argus si je ne me trompe.
- Oui, maintenant observez bien les deux femmes au centre de la photo.
- Oui, c’est une erreur de Géricault, il n’y avait qu’une seule femme sur le radeau.
- Essayez d’avoir l’esprit plus large, il a fait une œuvre figurative. Ces femmes sont le seul lien entre les personnages des deux tableaux. L’une a l’espoir et essaie d’entraîner la seconde. Cette dernière, désespérée, essaie de retenir la première. Par ces deux tableaux il rappelle que les soixante premiers morts du radeau sont tombés la première nuit ; dans un combat entre ceux qui voulaient couler l’esquif pour abréger une souffrance inutile et ceux qui gardaient espoir.
Julien agrandit l’image par un glissement de doigts.
- Brillante démonstration mais où nous mène-t-elle ?
- A ce tronc abattu qui me paraît confortable.
Genoffa s’assit et déroula une feuille de papier qui était dans son sac, Julien s’installa à ses côtés.
- Ça c’est une peinture de Royer...
- Oui, et elle est également composée de deux tableaux mais, au lieu d’être juxtaposés, ceux-ci sont superposés. Le premier se lit du bas gauche vers le haut droit, on y voit Vercingétorix sur son cheval blanc jeter ses armes aux pieds de César mais que distinguez-vous derrière le Consul ?
- Ses Généraux ?
- Exact ! Caïus Trébonius, Caïus Antistius Réginus, Caïus Caninius Rébilus, Caïus Fabius, Brutus et Marc Antoine, les six généraux qui sont cités dans son récit d’Alésia.
- Il manque Labienus ?
- Non, il est présent mais ailleurs, il y a aussi un second Vercingétorix.
- Un autre Vercingétorix ?
- Observez le guerrier Gaulois qui est en bas à droite, à votre avis que regarde-t-il ?
- Son chef bien sûr.
- Non, si c’était le cas son regard serait plus haut ; ici il vise le cheval.
- Je ne vous suis plus. Le cheval représente Labienus ou le deuxième Vercingétorix ?
- Oubliez le cheval, le cavalier, César et les six généraux, essayez d’imaginer le tableau sans eux.
Julien saisit la feuille et se concentra sur l’image.
- Je crois comprendre…
- Vous avez compris. Le premier tableau, orienté de gauche à droite et mis en lumière, c’est la légende, ce que l’on veut faire croire mais dessous se trouve le second tableau, la sombre réalité, elle se lit de droite à gauche.
- Donc, ce guerrier en bas à droite serait aussi Vercingétorix mais un Vercingétorix entravé, livré à des soldats romains qui le présentent à…
- A Labienus, c’est lui que regarde le guerrier, on le voit en sombre, derrière le cheval, à la tête de son armée, devant son camp.
Julien resta songeur devant sa page, il était impressionné par cette jeune femme, il eut envie de la pousser dans ses retranchements.
- D’accord pour les témoins, mais il existe des preuves matérielles attestant que la bataille s’est déroulée à Alise-Sainte-Reine.
- Vous voulez parler des nombreuses armes, dont quarante pilums, qui ont été trouvés sur le site ?
- Oui, celles qui sont justement conservées au musée de Saint-Germain-en-Laye. Elles viennent bien d'Alise non ?
- Bien sûr, et personne ne conteste qu'il y ait eu bataille à cet endroit. Mais ce siège n'a pas eu lieu en -52 et il n'a rien à voir avec Alésia. Ces fameux pilums, avez-vous essayé de les voir ?
- Non.
- Vous avez bien fait, c’eût été inutile. Tout le monde connaît leur existence mais le musée n’a jamais accepté de les montrer, ni au public, ni même aux spécialistes.
- Vous affabulez!
- Hé bien allons-y, vous essaierez vous-même...
- Si vous voulez ! Pour l’instant, retournons à la péniche, il commence à faire nuit et il est temps de manger.
Quand ils rejoignirent le bord, le couple de mariniers avait déjà dîné mais Françoise proposa de leur préparer un repas pour deux. Alex fit à Julien un clin d’œil qui n’échappa pas à la jeune fille.
- Nous allons repartir en direction de Paris. J’ai dressé une table sur le pont avant, vous pourrez profiter de la douceur de cette soirée.
Genoffa flaira le piège lorsqu’elle vit la nappe blanche et les chandelles. Pourtant elle trouva l’attention touchante et décida de profiter du moment sans penser plus avant. En dégustant le succulent repas, elle contempla un peu plus son voisin de table, le vent relatif avait éteint les bougies, exposant son visage à la lumière dansante des lampions. Il n’était pas dénué de charme.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
cst73 a écrit :
et suivre leurs aventures sur géoportail...
Bravo
On vient de poser Trois des cistes avec Tioo et Nanou78, y compris la dernière de la série dont on est très content, bravo à Dame Tioo pour le boulot .
Du coup je suis un peu à la bourre pour le prochain chapitre et il demande encore un top de préparation pour sortir ce soir (participation exeptionelle de Vaco6 et Platdetain ), je dois reporter la sortie à demain
bonne nuit
Bob
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
La péniche accosta à son port d’attache tard dans la nuit. Le lendemain, le couple se retrouva au musée des Antiquités Nationales. Julien avait fait la connaissance du conservateur lors de la négociation du contrat de rénovation de la statue. Pourtant, ils ressortirent du musée sans avoir pu accéder aux fameux pilums.
- Il avait une bonne excuse, on ne peut pas lui faire de reproche, dit Julien.
- Ils ont toujours une bonne excuse mais bizarrement, ce n’est jamais la même. Pourtant notre visite ne fut pas inutile je crois...
- Précisez votre pensée...
- Pendant que vous l’occupiez, j’ai pu consulter un document sur une table de son bureau, il parlait d’un souterrain reliant les deux châteaux.
- Quels deux châteaux ?
- Celui du musée et un autre que l’on nommerait le « Château Neuf ». Une gravure représentait le mur de ce dernier qui cachait l’entrée du souterrain.
- Et alors ?
- Je suis sûre de pouvoir reconnaître ce mur si je le vois, nous pourrons alors entrer dans le souterrain et accéder au château qui cache les armes.
- Impossible!
- Je sais, c’est une effraction mais c’est tout aussi illégal de cacher des vestiges. J’irai seule si vous avez peur!
- Aller où ? Le château dont vous parlez a été rasé sous la Révolution.
- Ah ? Et il n’en reste rien ?
- Juste quelques morceaux insignifiants.
- Mais le souterrain doit exister encore, il suffit de situer où est son entrée en comparant les cartes actuelles aux plans du château. Vous avez Internet ?
Un quart d’heure plus tard, chez Julien, Genoffa pianotait...
- Regardez ! J’ai trouvé une simulation 3D du château, je vais pouvoir vous montrer l’endroit qui était sur le plan du conservateur.
Dans une rue proche, un homme retira ses écouteurs pour utiliser son téléphone cellulaire.
- Something interesting, boss.
- Parlez français au téléphone, ils ont aussi des services d’écoute, inutile d’attirer l’attention.
- Ils sont sur un ordinateur, ils parlent d’un souterrain qui conduirait au musée.
- Peut-on voir ce qu’ils consultent ?
- Non, nous pouvons capter les rayonnements du signal vidéo jusqu'à une centaine de mètres mais ils doivent utiliser un ordinateur portable.
- Pas idiot, et il a certainement inhibé la sortie moniteur. Enregistrez la conversation quand même.
- C’est parti...
Julien avait pris une chaise et regardait l’écran par-dessus l’épaule de la jeune fille. Il se sentait bien ainsi, bercé par cette musique de fond aux accents pathétiques.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Vous habitez ici ! Vous reconnaissez quelque chose ?
- Je crois que c’est Paris
- Comment ça Paris ?
- Votre parfum, c’est Paris d’Yves Saint-Laurent...
- Concentrez-vous. Essayez d’identifier un endroit
- Je vous l’ai déjà dit, tout ce que vous voyez a été détruit, il n’en reste rien.
Déçu par le peu de portée de son compliment, Julien observa plus attentivement les images de synthèse sans trouver d’endroit familier. Il murmura.
- Et vous ?
- Je ne sais pas, je me suis enrhumée à cause de l’autre chipie...
- Je parlais de votre mur.
- Rien vu de ressemblant pour l’instant...
Pendant un temps, l’espion n’entendit plus que la musique, puis soudain, la voix de Genoffa le surprit.
- Le voilà ! C’est lui ! …
La main de Genoffa était toujours sur la souris de l’ordinateur. Julien posa délicatement la sienne dessus, puis guida la petite main et le périphérique pour amener le pointeur sur le menu principal. Son index appuyant sur celui de Genoffa il éteignit l’ordinateur en quelques clicks brefs.
- Que faites-vous ? J’étais au bon endroit, connectez-vous à nouveau que je repasse la vidéo.
- Inutile j’ai vu et j’ai une bonne mémoire, je sais où il faut aller.
- Vous avez aussi du flair.
- J’ai simplement déjà vu ce mur.
- Je ne parlais pas de ça...
Une demi-heure plus tard, le couple contemplait ce morceau de mur qui était un des rares vestiges de l’ancien château dit « neuf ». Genoffa alluma une cigarette et compara les lieux à l’animation 3D.
- Regardez, cette porte n’existait pas sur la vidéo, ce doit être l’entrée du souterrain.
- Ça m’étonnerait, je l’ai déjà vue ouverte, elle donne sur une remise et sur le jardin de la maison de gauche.
Ils longèrent le mur jusqu’à son extrémité gauche; un mur plus récent appartenant à la maison le prolongeait. Julien entraîna Genoffa plus haut pour lui permettre de voir par-dessus.
- Regardez, on voit la sortie de la galerie qui vient de la porte.
- Oui, je vois mais la petite galerie qui est juste au-dessus, où mène-t-elle ?
- Grands Dieu ! Je ne l’avais jamais remarqué. Elle longe le mur, c’est peut-être ça...
- Mais comment y aller ?
- C’est simple, je récupère une de mes échelles, nous forçons la porte que vous avez vue pour atteindre la galerie du bas et nous grimpons dans celle du haut depuis le jardin.
- Et bien sûr, tout le monde trouvera normal de voir un couple se balader pendant la nuit avec une échelle ?
- Nous n’irons pas de nuit mais à dix-sept heures, quand le musée ferme. J’ai un petit camion qui ne porte pas le nom de la société. Si à cette heure de pointe, je bloque le trafic pour descendre l’échelle et que nous portons des casques et des gilets réfléchissants, tout le monde trouvera ça normal. Un de mes employés nous accompagnera, il ramènera le camion quand nous serons rentrés.
La manœuvre fonctionna à merveille, la rage des automobilistes se concentrant sur le camion. Genoffa s’engagea dans la petite galerie pendant que Julien y tirait l’échelle. Dès qu’une bifurcation à gauche les isola de la lumière du jour ils allumèrent leurs torches. Le cheminement devint boueux et tortueux. Plusieurs autres galeries communiquaient avec celle qu’ils suivaient mais le sens de l’orientation de Julien les conduisit à bon port. Après avoir forcé une serrure d’un autre âge, Julien ouvrit une porte sur ce qui ne pouvait être que la réserve du musée.
Genoffa trouva l’interrupteur, et la lumière dévoila un immense entrepôt vouté.
- C’est magnifique ! Je m’attendais à une cave plus moderne.
- Oui, nous sommes ici dans les vestiges du troisième château de Saint Germain, le plus ancien. Il fut construit par Louis VI le gros. Le château actuel à été construit par-dessus en conservant l’ancien donjon dans son angle sud-ouest.
- C’est donc cela que j’ai vu chez le conservateur. Je me rappelle le dessin du donjon et de cette cave toute en longueur. A y réfléchir, son axe était bien orienté dans la direction où nous avons trouvé l’entrée du souterrain. Reste à trouver les armes en question.
Julien tenta d’évaluer le nombre de caisses qu’il voyait.
- Il nous faudrait des années pour fouiller tout ça.
- Un conservateur reste un conservateur, il répertorie même ce qu’il doit cacher.
- Ah ! Donc il faut trouver le mot de passe de leur ordinateur.
- Non, ils doivent utiliser un système sécurisé.
- Un pare-feu ?
- Non, des fiches cartonnées…
Genoffa se dirigea vers un magnifique meuble ancien composé d’une multitude de petits tiroirs. Sans qu’il ait compris comment elle avait interprété leurs étiquettes, elle sortit de l’un d’eux un paquet de cartons jaunis.
- Ça nous fait douze caisses à ouvrir.
Le sérieux du conservateur se confirmait, les caisses étaient regroupées. Par contre, leur taille variait énormément; la plus petite était presque une boîte d’allumettes et contenait de simples éclats de ferraille rouillée. C’est sur le contenu de la plus grosse que Genoffa se pencha le plus longuement. Julien prit une des armes:
- Vous voyez, ce sont bien des pointes de pilums et il y en a une quantité impressionnante.
- Oui, en effet mais regardez celles dont le système de fixation est intact, vous verrez qu’il est dissymétrique.
Julien fut content de pouvoir de montrer à cette jolie brune prétentieuse qu’il n’était pas ignare en matière historique.
- C'est tout à fait normal. La pointe des pilums était fixée sur le manche par deux chevilles, l’une en fer, l’autre en bois. Ainsi, lorsque le pilum se plantait dans le bouclier adverse, la cheville de bois cassait et le manche restait fixé par le fer. Le soldat romain pouvait appuyer dessus pour baisser le bouclier et frapper son ennemi.
- Et cet ennemi ne pouvait réutiliser les pilums romains puisqu’ils cassaient au premier choc. Cette invention fut étendue à toute l’armée Romaine par Marius en 103 avant J.C.
- Jules César ?
- Jésus Christ. Je sais que pour vous je suis une sotte risible mais comment pouviez-vous croire que j'ignorais ce détail ? Cependant la technique évolue en un siècle!
Elle ouvrit son livre sur la guerre des Gaules, chaussa une paire de lunettes et lut :
« Les Gaulois éprouvaient une grande gêne pour combattre, en ce que plusieurs de leurs boucliers se trouvaient, du même coup des javelots, percés et comme cloués ensemble, et que le fer s'étant recourbé, ils ne pouvaient ni l'arracher, ni se servir dans la mêlée de leur bras gauche ainsi embarrassé. Un grand nombre d'entre eux, après de longs efforts de bras, préférèrent jeter leurs boucliers et combattre découverts »
- Les lunettes vous vont très bien.
Elle les retira nerveusement et les rangea dans leur étui.
- M’avez-vous écoutée, au moins ?
- Oui, les pilums des armées de César se pliaient au lieu de casser, ils n’étaient donc pas les mêmes que ceux de Marius, et vous en déduisez que ceux-ci sont trop vieux pour avoir fait la guerre des Gaules.
- Non, puisqu’il n’y a pas eu de Romain dans le nord de la Gaule avant César. Il est probable que la technique Marius ait perduré, mais que César ait fait modifier les armes de sa propre armée.
- Mais pourquoi ?
- Parce que, comme vous l’avez vu, le pilum avait été conçu pour battre des fantassins.
- Et comme la meilleure arme des Gaulois était la cavalerie...
- … il fallait que le pilum se plie sur un gros choc comme un bouclier...
- … mais reste réutilisable quand on l’utilise comme pique fixe contre des chevaux!
Genoffa trouvait ce garçon très intelligent et regrettait que ce ne soit pas réciproque... Lorsqu’il faisait une déduction son visage prenait un air enfantin qu’elle trouvait par ailleurs très attendrissant.
- J’ai quand même du mal à croire que le reste de l’armée romaine n’ait pas fait de même, d’autant qu’à la même époque, Crassus fut vaincu par des cavaliers Parthes!
Elle sourit :
- La cavalerie Parthe était composée d’archers qui combattaient de loin et de cataphractaires dont même les chevaux portaient des armures, les javelots modifiés de César n’auraient pas eu d’effet contre eux.
Il sourit à son tour.
- Je vous rappelle que les Romains ont perdu.
Il reçu un regard noir pour première réponse, puis ;
- Vous avez raison, je manque de preuves pour étayer cette hypothèse mais je maintiens que c’est la bonne piste. Je vais ranger ces treize fiches.
- Treize ? Mais il y avait douze caisses ?
- Oui, la treizième fiche ne donne pas de numéro de caisses, juste une rose des vents et des mots incompréhensibles.
- Une rose des vents ?
Elle lui présenta la fiche.
- Ce n’est pas une rose des vents, c’est un logo. L’insigne de l’OTAN... et ces groupes de cinq lettres composent un message chiffré...
Dernière modification par bob d artois le dim. 16 oct. 2011 23:26, modifié 2 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
bob d artois a écrit :il décevra peut-être Dame Cst
ben, pourquoi?
non, au contraire... le jeu des deux acteurs est parfait...
tout en retenue...et en même temps très suggestif...tout est distillé au compte goutte et c'est tant mieux...
à l'imagination de faire le reste ...c'est ça un roman...
Pour quitter les lieux, ils choisirent une méthode plus discrète. Après la descente de Genoffa, Julien dissimula l’échelle dans la petite galerie puis sauta pour rejoindre sa complice.
La nuit ayant été longue, le couple s’était donné rendez-vous le lendemain à l’heure de l’apéritif. Julien avait proposé l’élégante buvette voisine de la statue du guerrier gaulois. Sirotant sa vodka martini, il contemplait la colline qui lui cachait le champ de bataille de Lutèce.
Genoffa arriva en retard et avait horreur de ça. Julien se leva pour la saluer et lui proposer une chaise.
- Si ça ne vous dérange pas je préférerais marcher. Je ne suis pas vêtue pour les mondanités.
Elle portait une combinaison corsaire kaki d’une pièce. Le côté pratique du vêtement avait échappé à Julien tant il était bien porté.
- Vous comprendrez que je ne souhaite pas ruiner des vêtements dans un autre souterrain.
- C’est judicieux mais vos chaussures ?
- Je les laisserai dans votre voiture, j’ai des bottes dans ce sac.
- Allons-y.
La nuit précédente, vers quatre heures du matin, elle lui avait téléphoné.
- Vous dormez ?
- Non, j’essaie de déchiffrer le message. Mais c’est impossible, ou plutôt cela prendrait des mois. C’est un cryptage OTAN qui date de la guerre froide.
- Ça ne me surprend qu’à moitié.
- Ah bon ?
- J’ai fait des recherches sur Internet. Durant la guerre froide il y avait un immense bunker de l’Otan pas loin du musée. Plus de mille personnes y travaillaient.
C’est donc vers cette piste que ce jour se dirigeait la camionnette de l’entrepreneur.
Ils retrouvèrent vite la falaise où avait été creusée la grotte mais son entrée demeura invisible. De nombreuses maisons l’environnaient et elle-même faisait partie d’une propriété privée. Le propriétaire ne répondit pas aux appels de son carillon.
- Cessez d’insister mademoiselle, il est certainement absent.
- Oui, c’est rageant. Il y a peut-être moyen d’entrer tout de même ?
- Nous n’allons pas violer un domicile sur une supposition si maigre.
- Vous avez raison, je ne pensais pas ce que je disais.
- Mille hommes dites-vous ?
- Oui, c’était l’effectif.
- Alors nous avons notre chance. Un endroit si vaste ne peut fonctionner sans aération. Il doit y avoir des cheminées qui débouchent là-haut, dans la forêt.
Ils garèrent leur voiture plus haut, près d’un petit bunker. La jeune femme chaussa ses bottes.
- Vous croyez que c’est ça ?
- Non, les ouvertures sont trop petites. C’est peut-être un vestige Allemand.
- C’est étonnant, il n’a pas d’entrée.
- En effet, mais revenons à nos cheminées... Je pense que le mieux est de fouiller la forêt entre ici et les maisons.
Ils essayèrent d’être méthodiques malgré les épais buissons... Après de longues recherches Genoffa s’arrêta brusquement.
- Dites, ce n’est pas ceci dont vous parliez ?
A ses pieds, se trouvait une dalle de béton moussu de deux mètres de côté. Noyée dans la végétation, elle ne dépassait que d’une vingtaine de centimètres.
- Oui, ce doit être cela ! Regardez, le dessous de la dalle permet le passage d’une grande quantité d’air.
- Oui mais pas d’une grande quantité de Genoffa.
- Eh oui, il fallait s’y attendre... Ces aérations étaient sécurisées.
- Votre idée était mauvaise finalement.
- Non... Ces cheminées ne sont plus entretenues depuis un demi-siècle. Je propose de chercher toutes les autres en espérant qu’une des dalles soit fêlée.
- Et comment les trouver ?
- Regardez, l’endroit où nous sommes est indiqué par un cercle sur la carte. Les autres cercles doivent être les autres cheminées.
Malheureusement, les positions indiquées sur la carte IGN étaient fausses, seul leur nombre était juste.
Cependant, ils connaissaient maintenant l’apparence de ce qu’ils cherchaient, si bien qu’après une bonne heure d’allers-retours dans les ronces et les fougères, ils réussirent à localiser toutes les cheminées. Ils contemplaient maintenant la seule qui soit cassée. Julien s’agenouilla près de l’ouverture.
- Le passage serait assez grand pour nous mais il est obstrué par une grande quantité de galets.
- Oui, je m’y attendais, ce genre de cailloux laisse passer l’air mais pas les grenades, et leur petite taille les rend indestructibles. Souvent le haut des conduits d’aération comprenait une sorte de panier de fer contenant ces pierres.
- Bon, il ne nous reste plus qu’à aller voir les cheminées qui sont de l’autre côté de la route.
- Quelle route ?
- Celle qui nous a menés dans la forêt, la carte indique d’autres cheminées sur sa droite.
- Je ne les avais pas remarquées.
Coupant au plus court, ils traversèrent la route puis fouillèrent l’autre côté. Genoffa remarqua un petit mur de parpaings d’un mètre de haut. Julien estima que la maçonnerie était trop jeune pour l’époque du bunker mais arrivés sur place ils constatèrent que c’était bien une cheminée. La dalle et les cailloux avaient été remplacés par un muret de béton surmonté d’un barreaudage empêchant l’accès à la cheminée. Genoffa se pencha au dessus de la grille.
- C’est très profond mais ça serait accessible s'il n'y avait pas les barreaux. On en cherche une autre ?
- Non, nous passerons par celle-ci, je vais scier une des barres. Je vais chercher du matériel dans la voiture.
Il revint peu de temps après avec un sac à dos et des cordages. Le morceau de fer ne résista pas longtemps ; après une chute qui sembla interminable, il signala son arrivée au sol par un tintement aigu.
Julien se tourna vers la jeune fille.
- Déjà descendu en rappel ?
- Oui, au Club Med, vous avez un "huit" ?
- Je ne suis pas spéléologue, ces cordes servent à arrimer des statues. On va faire à l'ancienne.
Julien fixa une courte corde à un arbre puis en glissa une beaucoup plus longue à l'intérieur ; arrivé au milieu, il groupa ses deux extrémités et jeta ce double cordage au fond du trou.
Il posa une autre longue corde à terre et en enroula l'extrémité autour de Genoffa.
- Hé !
- Laissez-vous faire, ça ne doit pas être trop serré.
Genoffa savait que c'était ridicule, mais le laisser faire la gênait un peu.
- Cette corde ne doit servir que si vous tombez, enjambez l'autre.
Elle vit sa main gauche relever la corde jusqu'à ses fesses, puis sa main droite la récupérer au niveau de son entrejambe et la glisser au-dessus de sa hanche droite.
- Tenez ça.
Passant son bras autour de son cou, il récupéra la corde pour la passer sur son épaule. Il fit alors glisser la corde suivant le circuit épaule - hanche - entrejambe jusqu'à ce que la partie venant de l'arbre soit tendue. Il fit alors passer l'autre extrémité sous sa fesse droite.
- Prenez-ça avec votre main droite.
- Je par...
Elle avait la gorge un peu sèche...
- Je parie que vous fantasmez sur les filles ligotés.
- Prenez des gants, ça vaudra mieux pour vous.
- Vous devenez susceptible maintenant ?
- Non, je voulais dire de vrais gants, à cause de la corde.
Il lui en prêta deux qu’il avait pris dans la voiture. Il eut droit à un sourire de remerciement qui mordit la corde pendant que la petite main droite disparaissait sous un gros morceau de cuir.
Il lui expliqua alors comment en levant son bras droit, elle pourrait freiner sa descente. Genoffa retrouva très vite les sensations du rappel classique et entama sa progression. Passant l'autre corde autour de son épaule, Julien la laissa filer prêt à la bloquer au moindre incident.
Soudain, il dut libérer de la corde plus rapidement, la jeune fille s’enhardissait et au lieu de marcher sur la paroi, progressait par bonds de plus en plus longs.
- Non ! Ne faites pas ça.
- Trop tard je suis arrivée.
Julien leva les yeux au ciel.
- Mettez-vous à l’abri, je vais jeter la corde d’assurance, vous pourrez vous détacher.
- Je croyais que vous vouliez le faire vous-même.
Julien lova la corde de rappel sur lui et fit une descente plus sage. Arrivé en bas, il sortit une lampe de son sac et la donna à la jeune fille.
- Éclairez-moi s’il vous plaît, et écartez-vous un peu.
Il saisit un brin de la double corde et tira dessus jusqu’à ce que l’autre sorte de l’attache nouée à l’arbre et retombe devant lui.
- Mais qu’avez-vous fait ! Comment allons-nous remonter maintenant ?
- Il est impossible de remonter une telle cheminée même avec une corde, elles ne nous ont servi qu’à descendre.
- Et pour la sortie ?
- Je ne sais pas, nous trouverons certainement une autre issue.
- Mais ce n’est pas vrai ! Vos lampes n’éclairent pas à plus de dix pas et vous me dites que vous allez improviser ! Mais que fais-je avec un tel cafone… Hooooooooo !
- Que vous arrive-t-il ?
- Ma cuisse me brûle.
- Dit comme ça, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Elle frappa du poing sur son épaule.
- Ne riez pas ça fait très mal.
- Je vous ai dit de ne pas descendre trop vite, la corde vous a brûlé, c’est classique. Mettez de l’eau froide dessus il y a une source souterraine là.
- Merci, ça va mieux… Non, ça recommence à brûler.
- Il faut examiner ça.
- Et comment ? Je porte un vêtement d’une pièce !
- Vous pouvez regardez vous-même.
- Non, c’est trop en arrière.
- C’est vous qui voyez.
- Passez-moi votre chemise et éteignez votre lampe.
Après deux minutes d’obscurité :
- Vous pouvez rallumer.
- Mais vous êtes nu-pieds !
- Je voulais vous éviter le fantasme de la fille en chemise avec des bottes... Je les laverai dans la nappe d’eau souterraine, l’eau y est d’une limpidité extraordinaire...
- Mais vous allez prendre froid
- Non puisque je vais poser mes pieds sur votre sac.
- Mon sac ?
- Je savais que les français étaient galants.
- Ah... Bon... Tenez-vous droite et éteignez votre lampe, je vais regarder.
Un frisson traversa la jeune fille quand l’obscurité se fit. Elle vit alors la lampe de Julien éclairer son pied puis remonter petit à petit sur sa jambe, générant une étrange impression, comme si ce faisceau de lumière, en progressant, la dénudait lentement. Elle mit un certain temps à comprendre ce qui n’allait pas :
- Je vous ai dit la jambe gauche.
- Mais c’est la gauche.
- L’autre gauche.
- Désolé.
Elle l'observa recommencer son manège. Il était évident que c’était intentionnel. Elle tira sur le bas de sa chemise.
- Vous y arrivez oui ?!
- Minute... Ça y est. Hou laaa !
- Quoi ?!
- Ce n’est pas beau mais vous avez de la chance ; certaines fois ça va jusqu’au sang. Vous retrouverez vite votre peau de bébé. Je vais mettre un petit cataplasme d’argile, ça vous soulagera.
Genoffa remit une tenue décente et Julien sa chemise et son sac souillé, puis ils entreprirent la fouille de la grotte.
- Ça a l’air immense ! Par où commençons-nous ?
- C’est un bunker, où mettriez-vous ce qui est important ?
- Loin de l’entrée.
- Donc éloignons-nous de la Seine...
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Julien et Genoffa passèrent devant plusieurs portes rouillées dont certaines refusèrent obstinément de s’ouvrir. La plupart des locaux étaient vides, d’autres trop spacieux pour être importants. La voûte était plus vaste que la portée de leurs lampes et ils s’éloignaient de la position des dernières cheminées.
- Hé ! Heu… Monsieur ! Arrêtez-vous.
- Je me prénomme Julien et vous ?
- Appelez-moi Dona.
- C’est un joli nom...
- Oui, ça veut dire « madame ». Où monte cet escalier à votre avis ?
- Il n’y a qu’un moyen de le savoir, Madame. Je suppose que dans ces conditions, il est d’usage que je vous précède.
Après une ascension épuisante, ils aboutirent à une porte donnant sur une salle basse de plafond. Le peu de lumière qui perçait au travers de deux fines ouvertures suffit un temps à les éblouir. Genoffa jeta un coup d'œil à l'extérieur...
- Nous sommes à la surface. Ce doit être une sortie mais je ne vois pas d’issue.
- Il n’y en a pas. Nous sommes dans le blockhaus qui est près de la voiture. Ce n’est pas une sortie mais le poste qui est censé la protéger.
- Si c’était le cas nous aurions vu cette sortie.
- Non, il s’agit d’une issue de secours type ligne Maginot. Elle ne fonctionne que dans un sens. Elle est couverte à l’extérieur par une épaisse couche de terre recouverte par la végétation naturelle de la forêt. Il faut ouvrir un plafond à l’intérieur pour faire s’écrouler la surface et ouvrir ainsi l’accès. Elle ne sert donc qu’une fois mais reste jusque là indécelable de l’extérieur.
- On doit donc pouvoir trouver ce plafond mobile ?
- Oui, mais ce serait inutile, je viens de le comprendre...
- De comprendre quoi ?
- Ce bunker comprend deux meurtrière, à votre avis quelle est leur utilité ?
- Certainement pas d’empêcher l’accès puisque celui-ci est indécelable.
- Exact.
- Donc elles servent à tenir l’ennemi à distance quand quelqu’un sort. Si on arrêtait les devinettes ?
- Attendez, pourquoi deux ouvertures ?
- Une pour voir que quelqu’un sort et l’autre pour tirer sur l’ennemi.
- Bravo, si vous savez laquelle fait quoi vous saurez où la sortie débouchait.
- J’ai l’impression que vous me posez une question dont vous avez la réponse.
Il sourit.
- Commençons par le côté ennemi, quelles sont les contraintes ?
- Voyons… L’ennemi cherchera le couvert des bois, il me faut un champ de tir profond et dégagé, si possible dans la direction la plus probable de son arrivée et à l’opposé de l’issue de secours. Donc c’est celle-ci.
- Je suis d’accord avec vous, passons à l’autre maintenant, quelles contraintes ?
- Une seule, il est difficile de protéger quelque chose sans savoir sa localisation exacte.
- Oui et il est hors de question d’y planter un drapeau. Il faut donc que vous puissiez la situer par rapport à un point de repère.
- Mais ce point de repère devra être pérenne et anodin ?
Il sourit. La jeune femme réfléchit, observa à nouveau l’ouverture puis proposa la place à Julien.
- Le point de repère est forcément dans l’axe de l’ouverture et n’est caché par rien, pour moi il s’agit du gros chêne que l’on voit dans cette direction.
- Bravo, maintenant vous pouvez deviner où est l’accès, il suffit de penser qu’il est entre le bunker et le chêne et que pour pouvoir s’écrouler il doit être le plus loin possible de toute racine. J’ajoute qu’il doit être en dehors du chemin pour le cas où l’on souhaite en faire une route.
Genoffa observa à nouveau au travers de la meurtrière.
- Mais ?!
- Vous avez compris, cette sortie a été neutralisée, certainement pour éviter des accidents. Il nous faudra découvrir une autre échappatoire mais trouvons d’abord ce que nous sommes venus chercher.
La descente de l’escalier donnait une vue panoramique sur cette partie de la voûte. Les deux lampes balayèrent l’espace dans un mouvement erratique jusqu’à ce que celle de Genoffa se fige.
- Regardez cette porte.
- Oui... Elle ressemble aux autres.
- Sauf que celle-ci n’a pas de rouille. Elle est neuve !
Ils eurent la chance qu’elle ne soit pas verrouillée. Les gonds restèrent silencieux et n’offrirent aucune résistance.
- Regardez ! Il y a des meubles et des classeurs. Il va falloir tout fouiller Dona, et ces lampes qui faiblissent…
- Et si l’on tournait l’interrupteur ?
- Quel interrupteur ?
- Celui-ci.
La pièce s’inonda de lumière, dévoilant un grand fouillis qui paraissait récent. Sur une table de camping trônait un four à micro-ondes et une cafetière. Le sol était souillé de mégots et un Colt 45 servait de presse-papier à une liasse de feuillets estampillés d’une rose des vents. Julien observa l’arme pendant que Genoffa examinait les documents.
- Il n’y a rien d’intéressant là-dedans ; donnez-moi quand même votre sac je vais les emporter.
- Ok, il faut que nous nous dépêchions de fouiller les classeurs, on n’abandonne jamais une arme très longtemps.
Il glissa le Colt dans son jean sous un regard réprobateur et ils ouvrirent les tiroirs. Tous étaient vides, certains avaient été sortis de leurs logements. Julien en frappa un du pied.
- Nous arrivons trop tard, ils ont fait le ménage !
- Faites moins de bruit. Regardez ce casier, il y a un papier chiffonné au fond. Il a dû glisser du tiroir et être comprimé derrière quand on l’a fermé.
- Que représente-t-il ?
- Un dessin d’enfant, c’est mignon.
- Mignon mais inutile.
- Que regardez-vous ?
- Nous n’avons plus rien à faire ici… Si nous suivons l’alimentation électrique elle nous mènera certainement à l’extérieur.
Genoffa plia tendrement le dessin qu'elle glissa dans sa poche puis sortit de la pièce pour suivre Julien. Celui-ci avait atteint une autre porte quand il s’aperçut qu’elle était restée en arrière.
- Que faites-vous ? Ils vont revenir, dépêchez-vous !
- C’est ma brûlure, elle me fait très mal quand le tissu frotte dessus. Dans l’escalier c’était insupportable.
Julien hésita un temps puis la prit par le bras pour retourner dans la seule pièce éclairée qu’ils connaissaient. Il s’agenouilla à son pied et sortit un canif multi-usage.
- Que faites-vous ?
- Ne vous inquiétez pas, je vous en achèterai une autre.
Elle le vit alors utiliser son couteau pour découper le haut de la jambe droite de sa combinaison. Elle hésita trop longtemps entre plusieurs réactions possibles, si bien que quand elle choisit de protester, il était déjà trop tard. Elle prit le temps de se regarder et fut rassurée d’être encore à peu près décente.
- Excusez-moi mais nous aurons certainement beaucoup de marche à faire.
- Je vous pardonnerai si vous m’évitez au moins le ridicule.
- Comment cela ?
- En faisant la même chose sur l’autre jambe.
Julien s’accroupit puis se remit à la tâche. Il sourit quand il vit qu’elle fermait les yeux.
Dernière modification par bob d artois le mar. 18 oct. 2011 23:25, modifié 2 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?