Bien sûr, avec un truc comme ça, il faut que ce soit moi qui ouvre le bal.
Imaginez... Un soir de décembre... la chasse aux chocolats (voire les cistes du calendrier de l'avent par krapette) bat son plein, ça décapsule dans tous les patelins

: et vas-y que je te cherche celle là, que je t'emmène plein sud pour mieux te faire perdre le nord et que je te promène jusqu'au fin fond du fond de l'Alsace pour récupérer un enième morceau, le tout dans la discrétion habituelle du cisteur au milieu des marchés de Noël les plus touristiques de France. Ô joie, bonheur et zénitude

. Forcément, dans ces moments où on ne doit pas se louper... ça bourde fort. D'autant qu'en général, on a du mal à expliquer que : "sisi, chez moi on suspend des pots de yaourt au sapin."

Va être crédible après ça.
Bref, tout à notre goinfrerie patissière, nous étions Newra et moi en chasse dans la ville de... euh... le village de... m'en souviens plus mais ça devait se terminer par "heim" et il y avait un marché de Noël: vous devriez pouvoir retrouver facilement avec ça

. La cache est localisée, et on va avoir l'air con à se promener les bras en l'air

: mais le cacheur a dit et si le cacheur a dit...
Sur place, et après avoir manqué de fuir sous les grincements strident des hauts-parleurs diffusant ce que d'aucuns nommeraient de la musique

, je coup-d'oeille à droite... rien. Je coup-d'oeille à gauche... rien (en même temps, il fait nuit noire, donc j'aurai loupé une harley clinquante sortant d'un concours de tuning

). Un coup d'oeil à Newra: elle a compris: elle fait le guet et je cherche. Je lève donc négligemment le bras (pas loin du milieu de la rue: là aussi faut du talent pour être naturel

), passe la main en aveugle dans un trou, localise un truc louche au touché et sort un joli sac tout pourri plein d'un truc qui s'appelle une ciste.
Cool

: déjà, c'est pas une bouteille de vodka, une poubelle régulière ou un tigre enragé.
Mais là, devant notre proie encore palpitante, nous oublions toute prudence: après la chasse, le dépeçage. Le sac plastique est viré en une seconde, la boite éventrée dans la foulée, retournée sur une main tendue, remise à l'endroit parce que le carnet veux pas sortir (saloperie), changée de main (mais non, pas comme ça! regarde..) rhaa...

Enfin, les yeux humides d'émotion retenue et le cœur palpitant

, nous pouvons admirer l'éclat chatoyant des trésors qui nous sont offerts (l'est où le renne ? Ben, là, non ? Ah ! C'est pas un cheval ?

). C'est à ce moment là, que tout à notre admiration, survient le drame sous la forme d'un passant qui me surprend.
Parenthèse. Vous savez ce qu'est être surpris ? Vous savez, ce truc totalement incontrôlable qui vous fait sauter au plafond (en vous collant le hoquet quand vous avez vraiment pas de bol

). Ben là tout pareil mais pire.
"Hiii" (à noter l'accent mâle du cri: une souris sous hélium aurait eu une voix plus grave :glare: ) que je fais avec un bond qui m'aurai permis de décrocher la lune. Seulement, là, c'est la ciste qui a décrochée. Superbe triple saut périlleux arrière et récupération à l'arrache avant le fracassage programmé sur le bitume (ouf). Les objets ont joué aux étoiles filantes, et, tout heureux de leur liberté retrouvée, se sont éparpillés joyeusement sur un cercle de 3 mètres de diamètre

. Notez l'étrange absence d'égout... j'aurais pu faire pire.
Le plus vexant dans cette histoire, c'est que le passant n'a fait que passer avec un dédain frôlant le crime vexatoire

. A l'heure où j'écris, Newra est toujours en train de se foutre de moi.
