Comme vous aimez bien lire ici, voici un petit roman policier pour ceux qui ont encore un peu de temps avant la rentrée.
Je publierai un épisode par jour, il y en a 10.
Tout ceci deviendra plus tard une série de cistes mais j’ai pensée que l’histoire seule pouvait avoir sa place sur le forum divertissement.
Ne cherchez donc pas les cistes qui s’y attachent, elles seront publiées quand je créerai le site internet lié à cette histoire.
En attendant, je vous propose de vous familiariser avec le Manuscrit de Voynich, l’étrange Grimoire qui est au cœur de cette histoire. http://www.ms-voynich.com/album/index.html
Bob
PS : Merci à Dame Tioo qui m'a aidé dans la rédaction
re bob
Dernière modification par bob d artois le ven. 30 juil. 2010 21:26, modifié 4 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Ah ben, ça promet ! Je connais un peu cette histoire... Ca dépend comment tu vas la traiter...
Après tout, c'est peut-être (et même sûrement) une bonne idée, que des cistes à thèmes hors-cistes, comme Rennes-le-Chateau ou les Templiers, vu que ces thèmes ont enflammé par le passé les imaginations, un peu comme les cistes qui elles les ont enflammées de manière modeste, mais tout aussi ardente !
Pourquoi pas cette convergence ? Bon courage, Bob, tous mes voeux t'accompagnent !
Je brûle d'impatience et ne vais pas lire le manuscrit pour une totale surprise, grand maître et cher Bob je vous embrasse pour cette heureuse initiative.
La marquise demanda sa voiture et se mit au lit. JE SUIS CHARLIE
Centrale Nucléaire de Saint-Laurent des Eaux
Vendredi 1 mai 2009
15H30 GMT
David n'avait encore jamais assisté à une manifestation antinucléaire.
Il n’avait d'ailleurs aucune opinion sur le sujet. Il avait simplement lu, dans son magazine préféré, qu'il y avait beaucoup de jolies filles dans les mouvements écologistes
C'est en vérifiant cette donnée qu’il la remarqua. Elle était habillée en tailleur et ne ressemblait ni à une écologiste ni à la double page centrale de son magazine. Elle avait cette beauté discrète des filles que l’on n’oublie pas. Pas très à l’aise mais semblant déterminée, elle était la seule à brandir un panneau où était écrit : « Non au troisième aéroréfrigérant. »
David trouva là l'occasion d'engager la conversation :
« Ils veulent construire un troisième réacteur ?
- Non, seulement un troisième refroidisseur.
- Pourquoi un refroidisseur sans réacteur ? »
Sans croiser son regard, elle lui répondit sans chaleur, à la manière d’une technocrate :
« Le 12 janvier 1987, la Loire a été prise dans les glaces. Un des deux refroidisseurs n'a pas pu fonctionner, nécessitant l'arrêt d'urgence d'un réacteur. Parmi les projets permettant de remédier à ce risque, il y en a un qui prévoit la construction d'un troisième refroidisseur. »
David commençait à se dire que les méthodes de séduction de son magazine masculin n’étaient pas meilleures que celles de Biba ou Cosmopolitain.
« C'est une bonne chose, pourquoi êtes-vous contre ?
- Le nucléaire n'est pas le pire danger qui nous guette, mais je ne pense pas que cela vous intéresse.
- Si, si ! Bien sûr que ça m'intéresse… »
Elle le toisa, haussa les épaules et quitta la manifestation. Arrivée à sa voiture, elle sembla se raviser. Elle écrivit quelque chose au dos du panneau puis le lança dans la direction de David. Elle démarra avant qu'il puisse le ramasser.
Il n’avait jamais obtenu l’adresse d’une fille aussi facilement. Mais en fait d’adresse, le panneau ne portait qu’une suite de chiffres :01 30 27 47 38 26. Devinant que la région Parisienne était trop loin pour qu'il s'agisse d'un numéro de téléphone, David y reconnut des coordonnées GPS.
Dessous était écrit :
Ce soir 22h00
Lisa.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Ne possédant pas de navigateur GPS, David situa approximativement l’endroit sur une carte 1/25000. A proximité de l’endroit, il trouva un parking. Un chemin menait vers une lueur au nord-ouest. David le suivit et déboucha sur une sorte de clairière centrée d’une grande mare.
Sur un bord, un feu de camp crépitait. Lisa était là, mais pas seule. Un homme était assis derrière le foyer, son visage caché dans la pénombre.
Sans le saluer l’homme lui demanda :
« Connaissez-vous le manuscrit de Voynich ? »
Surpris par la question, David sut quand même répondre :
« C'est un document ancien dont on ignore l'auteur et la date. Mais surtout, il est écrit dans une langue et un alphabet qui n’ont jamais été rencontrés ailleurs. Il n'a jamais été déchiffré.
- Asseyez-vous, monsieur.
David s’installa près du feu, imité par Lisa. Bien que le tailleur ne soit pas idéal pour s’asseoir en pleine forêt, elle le fit avec une grâce et une élégance qui le fascina. L’homme se présenta sommairement :
« Paul…
- David ! »
Paul entama alors un discours surréaliste :
« Vers la fin du XVéme siècle existait un mouvement religieux particulier. Il était issu des anciennes croyances païennes mais s’était converti au monothéisme, sans qu’on sût de quelle religion du Livre il s’était inspiré. Il croyait à la magie, aux forces du mal et toutes ces sortes de choses, mais était convaincu que tout ceci, ainsi que notre monde, avait été créé par un Dieu unique qui le détruirait lorsqu’il s’en lasserait.
En cette époque qu’on nommait Renaissance, l’Homme s’éveillait à de nouvelles connaissances et son pouvoir ne pourrait que grandir dans les temps futurs. Cette Renaissance n’avait qu’un défaut : elle avait rejeté tous les savoirs et pratiques des âges sombres sous prétexte que leur efficacité n’était pas prouvée. Mais l’aveuglement des hommes ne dure jamais longtemps, un jour ils penseront à associer leur savoir scientifique aux magies anciennes. Si ce jour arrive, l’homme aura le pouvoir de sauvegarder son espèce et son monde, même contre leur créateur.
Les Galmichs considéraient donc que, pour pouvoir conserver à Dieu son pouvoir, il fallait sans retard détruire l’homme. Dieu se chargerait du reste, au temps qui lui conviendrait.
- Les Galmichs ?
- Ce nom leur aurait été donné par Léonard de Vinci, mais nous ignorons leur véritable nom. J’y reviendrai.
- Vous pensez que ces Galmichs envisagent de provoquer un holocauste nucléaire ? »
Paul se mit à rire :
« Le danger nucléaire est une fable. Rappelez-vous Tsutomu Yamaguchi. Cet homme était en voyage d’affaire à Hiroshima lorsque la bombe éclata. Ayant survécu il est rentré chez lui à Nagasaki, juste avant l’explosion de l’autre bombe. Il vit encore aujourd’hui, à 93 ans.
- En effet, l’arme biologique m’effraie beaucoup plus, mais elle n’a jamais été développée à grande échelle.
- Et pourquoi ? A votre avis ?
- Parce qu’on ne maîtrise ni ses effets, ni sa durée, ni sa précision.
- Bien évalué, David. C’est que, de l’empoisonnement, l’homme moderne n’a retenu que le poison, considérant le reste comme ridicule et inutile. Nos anciens savaient néanmoins que pour un empoisonnement la réunion de quatre conditions était indispensable : un produit et un moyen de le diffuser ; un signe maléfique ; une période favorable ; des incantations. Oubliez un élément et l’effet perdra en force, en développement, en précision, en reproductibilité.
Le produit définit le type et la force de l’effet.
Le signe maléfique influe sur sa propagation, cette capacité double en fonction de sa taille. Au delà d’une certaine dimension, elle devient infinie.
La date de diffusion associe l’effet au rythme de la nature, elle permet de préciser la cible.
Les incantations prouvent la détermination de l’auteur ; elles influent sur le sérieux que les forces occultes prendront à faire agir les trois items précédents.
Une utilisation approximative de cette conjonction d’éléments peut faire de nombreuses victimes mais ne cause pas une extermination. Comprenez que, si l’homme est individuellement un être fragile, il est, collectivement, la matière vivante la plus résistante au monde. Pour le détruire, il faudrait combiner de façon parfaite les quatre éléments de base. C’est cette association extrêmement subtile et rigoureuse qu’enseignent les manuscrits de Voynich.
« Les manuscrits ?
- Nous savons qu’au moins trois exemplaires ont existé. L’un a brûlé avec un navire, l’autre est encore aux mains des Galmichs et le dernier est celui qui a été découvert par Voynich. En voici une reproduction.
Comme vous voyez, d’après la numérotation, plusieurs pages sont manquantes. Mais regardez d’abord la dernière, surtout le dernier mot.
- Galmich ?
- Oui, cherchant un nom pour l’auteur du livre, Léonard a choisi d’utiliser le dernier mot du manuscrit, prononcé dans notre alphabet.
- Le document comprend plusieurs parties, expliqua Paul, alors que David le feuilletait. La première décrit les plantes qui composeront le poison. »
Lisa intervint enfin :
« La deuxième partie représente des positions d’étoiles, elles indiquent des positions géographiques. Celles où on peut trouver les plantes. Certaines sont à l’autre bout du monde. »
Paul reprit :
« Et les thèmes astraux de la troisième donnent les dates favorables à l’empoisonnement.
- La quatrième partie décrit les effets à obtenir ? » suggéra David.
« Exactement, on y voit des femmes nues et grosses dans des bains parfois bleus puis verdâtres.
- Ils souhaitent donc détruire les femmes en empoisonnant l’eau.
- Vous m’impressionnez ! En agissant sur les femmes, on empêche la reproduction de l'espèce, c’est la signification du ventre.
- L’avant-dernière partie explique comment combiner les extraits de plantes, ajouta Lisa. C’est la recette du poison. Les textes de la dernière partie sont les incantations.
David s’étonna :
- Il manque le signe maléfique ?
- Vous êtes vraiment excellent ! Ecoutez, je sais que seule la beauté de Lisa vous a attirée ici mais je souhaiterais que vous nous aidiez. Nous somme à la recherche du moyen d’arrêter cette folie avant l’extermination de l’espèce humaine…
- Pourquoi moi ?
- Lisa est polytechnicienne et je suis spécialiste en sciences occultes. Nous somme complémentaires mais trop fermés aux idées de l’autre. Vous raisonnez bien et avez l’esprit ouvert, vous pourriez créer la synergie nécessaire entre nous.
David regarda Lisa.
Elle se contenta de lui adresser un sourire désarmant.
- J’accepte…
- A la bonne heure ! Paul se releva et tenta vainement d’épousseter les traces de terre qui souillaient son pantalon. Il commence à faire frais, que diriez-vous de célébrer notre association chez moi, Lisa est un vrai cordon bleu.
- Il est un peu tard pour mitonner mais je peux vous proposer une petite Flammeküche. C’est rapide et toujours festif » Dit Lisa dont le tailleur était resté immaculé.
Poussé par une curiosité tant cérébrale que gastronomique, David les suivit, mais il fit semblant de revenir chercher quelque chose près de la mare. Après tout, il ne savait pas où on l’amenait et souhaitait laisser une trace. Près du début du chemin et d’un tuyau d’arrivée d’eau il trouva une cache idéale. Il y glissa un papier avec une description ses hôtes et le numéro d’immatriculation de Paul.
Dernière modification par bob d artois le mer. 09 sept. 2009 23:52, modifié 1 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Bravo pour ce roman que l'on peut lire "en ligne". Je ne manquerai pas de suivre le déroulement de cette affaire...
Je suis comme vous amateur de ces livres à énigmes, qui partent d'un écrit retrouvé, d'un tableau, d'un incunable, d'un graffito (ou des graffiti) ancien, points de départ d'une histoire qui se déroule aujourd'hui mais avec une résonance historique et culturelle.
Ces livres sont classés, à tort, dans les romans policiers ; ils devraient être placés dans une catégorie particulière mais alors, comment l'intituler ? Livres à énigmes ? Non, car la plupart des romans de fiction entreraient aussi, comme l'Atlantide de Pierre Benoit (Antinéa ), etc...
Le but de ce laïus est de vous dire que je pensais ouvrir un sujet consacré aux livres de cette catégorie, vous proposer ceux que j'ai aimés, et de votre côté, vous proposeriez ceux que vous avez lus et que vous connaissez. On pourrait aussi donner des appréciations et des commentaires.
Mais, la quantité de titres est assez limitée, c'est pourquoi, si Bob en est d'accord, on pourrait les introduire ici.
Bob, il y a un an environ, m'avait indiqué un bouquin fort intéressant par MP.
Merci Bob de me donner ton accord car je ne veux évidemment pas "poluer" l'intérêt de ton roman...
«C'est une erreur de croire nécessairement faux ce qu'on ne comprend pas.» Gandhi
"La Voie ne consiste pas à accomplir des actions admirables, la Voie consiste à accomplir
de façon admirable les actions ordinaires. Et ceci est la Vie dans la vie." Arnaud Desjardins
C'est marrant, c'est exactement le problème que j'ai eu pour écrire le titre de ce sujet.
je trouvais que "roman policier" ne convenait pas mais qu'il n'existait rien d'autre
en fait c'est le style Dan Brown pour citer le plus connu.
Ton idée m'intéresse beaucoup mais je pense qu'il faut lui donner un sujet à part car si on compte seulement les intervention que j'aimerais y faire on arrive déjà à beaucoup de pages
par contre il pourrait donner des liens sur celui-ci, sur d'autres semblables et surtout sur les cistes créées sur ce modèle
Bob
PS :
Petite précision sur l'histoire qui est ici :
Elle ne comporte aucune idée ou conviction politique ou écologiste (ou non) ni aucune alusion à une religion existante.
La religion des Galmichs est une pure invention de ma part.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
... et quand on est abonné au suivi du sujet, et qu'on reçoit un mail, on croit que c'est bon
Brossard56 - Marco Loscopie - Dingo Sister's - Membre permanent de la Dingo Team ! <--- Clic : N'hésitez pas à rejoindre le groupe des cistes sur Facebook Chercher à comprendre, c'est commencer à désobéir - Jean-Michel Wyl
Quand on voit ce que les pigeons ont fait sur ce banc, il faut remercier Dieu de n'avoir pas donné d'ailes aux vaches - DG
Visez toujours la lune. même si vous la manquez vous atterrirez parmi les étoiles - Oscar Wilde
Mieux vaut une chaumière où l'on rit qu'un château où l'on pleure - Proverbe chinois
Cliquez pour voir ma carte animée
Je sais pas vous, mais moi j'ai mal dormi car j'ai pas eu droit à mon histoire du soir
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Quand on voit ce que les pigeons ont fait sur ce banc, il faut remercier Dieu de n'avoir pas donné d'ailes aux vaches - DG
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Mieux vaut une chaumière où l'on rit qu'un château où l'on pleure - Proverbe chinois
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Après dix minutes de route, Paul entra dans la cour d’une longère. La maison était blottie dans une forêt. Pendant que Paul garait sa voiture dans la grange, Lisa fit visiter les lieux à David :
« Nous sommes ici chez Paul qui me loge provisoirement. Il m’a laissé une chambre et le bâtiment en face de la grange. J’y ai créé un petit laboratoire.
- Tous les logements sont dans le corps central ?
- Oui, mais nous passons tout notre temps dans la bibliothèque, là, à droite.
- Et la verrière dans la partie gauche ?
- Rien ne vous échappe. Nous essayons de réunir les plantes décrites dans le livre. Certaines sont trop fragiles pour être cultivées à l’air libre.
- Et les autres ?
- Juste derrière la maison il y a un haut mur circulaire entourant un espace de 45 ares environs. Nous y gardons nos plantations à l’abri des regards indiscrets. »
Ils rejoignirent Paul qui avait servi l’apéritif dans la bibliothèque. Assis dans un confortable fauteuil, au milieu d’une quantité de livres sans âge, il continua son exposé :
« Il existe deux sortes de symboles : Ceux représentant des animaux et les symboles simples type croix etc.
Certains symboles simples sont bénéfiques, d’autres sont maléfiques. Les symboles animaliers sont plus efficaces et aident le poison à se multiplier. Mais, comme pour l'humain, le même animal peut-être bénéfique ou maléfique. Le mieux est d’associer un animal et un signe maléfique. Nous n’avons pas trouvé ces symboles, nous savons seulement qu’au moins l’un d’eux est gigantesque.
- Pour une propagation infinie du mal ? » Devina David.
« Oui. Nous ne savons pas combien de fois les Galmichs ont tenté leur forfait mais leur premier projet date de 1519.
- Comment savoir si c’était la première fois ?
Lisa posa deux flamekuche fumantes sur la table. D’un geste souple et contrôlé, elle versa le contenu d’un pot de crème tiédie sur le pourtour de la première, s’arrêtant juste avant de finir un cercle. Elle répondit :
« Ils avaient besoin de savoir si le monde entier baignait dans les mêmes eaux et il leur fallait récolter des plantes tout autour du globe. »
A ces mot elle laissa tomber une goute de crème là où elle s’était arrêtée. Le liquide s’étala en nappe s’agglomérant au dessin précédent pour former un anneau parfait. David compris où elle voulait en venir :
« Magellan ?
- Précisément » Dit Paul en découpant les parts.
« Il entama son tour du monde en 1519, son équipage était infiltré par les Galmichs. Leur exemplaire du document a été brûlé en même temps que le Concepción, alors que toutes les plantes manquantes avaient déjà été réunies.
- Comment le savez-vous ? »
Lisa, piqua une pointe de sa fourchette à la surface de son verre de vin et, simulant une flèche, vint la poser sur la gauche de son léger décolleté. Une goutte écarlate perla sur sa peau, refusant de glisser.
« Le 27 avril 1521, Magellan et une partie de ses hommes ont perdu contre les guerriers sous-équipés du roi Lapu-lapu uniquement parce que le poison de leurs flèches était fulgurant. On pense que ce sont les Galmichs qui ont composé le poison pour eux, afin de se débarrasser d’un chef suspicieux. »
D’un geste paternel, Paul nettoya la goutte d’un coin de serviette, David sortit de son trouble :
« Et Léonard de Vinci ?
- Il semble que nous lui devons, ainsi qu’à son héritier, d’avoir fait échouer le projet. Il est tombé brusquement malade en 1519, il est mort peu de temps après. Nous pensons qu’il a été empoisonné mais il a eu le temps de confier ses soupçons à son disciple. Si nous découvrons ce qu’ont voulu faire les Galmichs et comment Léonard de Vinci et Francesco Melzi les ont fait échouer, nous pourrons lutter contre ceux d’aujourd’hui. »
Les yeux de Paul s’étaient éclairés d’une étrange lueur.
« Si je saisis bien, si nous trouvons le signe maléfique, nous trouverons la source ?
- Tu as tout compris, et ce ne devrait pas être difficile si l’on considère les dimensions qu’il doit avoir.
- Ah oui, en effet, il est forcément sur un grand bâtiment, donc un château, étant donnée l’époque considérée. Il faudrait regarder si le manuscrit en représente.
- C'est une bonne idée. J'ai souvenir d'en avoir vu plusieurs mais l'un d'entre eux est représenté deux fois. D'abord ici au verso de la page 85.
- Ce pourrait être ce qu'on cherche, regardez comme il diffuse de l'eau dans plusieurs directions.
- En effet, et c’est aussi le cas sur la page 86 quand on la déplie complètement. Il y figure au centre, vu en 3D et de plus loin. Il semble diffuser son produit vers ce qui pourrait être les huit continents.
- Il n'y a que six continents sur la planète, Paul. » Corrigea Lisa.
« Tu es incorrigible, ma fille. Rappelle-toi que nos ennemis considèrent pour même vérité ce qui est prouvé et ce qui est légendaire. A l'époque on avait découvert l’Europe, l'Asie, l'Afrique puis l'Amérique, mais on supposait l'existence de l'Antarctique, de l'Arctique, de la Lémurie et de l'Atlantide…
- J'avais oublié qu'ils étaient naïfs.
- C'est ton point de vue Lisa, mais je te fais quand même remarquer qu'à l'époque, l'erreur des scientifiques était d’environ 30%, alors que celle des Galmichs voisinait les 25%. »
Lisa rugit :
« Ah non ! S'il faut encore subir un des raisonnements tordus de monsieur Paul, ce sera sans moi ! »
Et elle se retira dans son labo en grommelant.
« Excusez-nous, David, c'est une de nos habituelles scènes de ménage, vous en verrez d'autres. »
David profita de l'occasion pour poser la question qui le torturait.
« Scène de ménage ? Lisa n'est donc pas célibataire ? »
Paul le vit venir :
« Laissez-la tranquille ! Lisa a perdu son mari dans un accident tragique il y a trois ans. Depuis, elle n'arrive pas à s'en remettre, simplement parce que son esprit scientifique refuse d'écouter ses émotions.
- Comment est-ce arrivé ?
- Il dirigeait une petite entreprise qui peignait des fresques sur les châteaux d'eau. Il travaillait en rappel et ne s’assurait jamais. Un jour sa corde s'est rompue. Privée de son patron et principal employé, la société a fait faillite et j’ai hébergé Lisa qui avait tout perdu. »
David n’avait retenu qu’une chose : Lisa n’avait pas de compagnon. Il eut un léger sourire qu’il cacha en revenant au manuscrit.
« Visiblement, il s'agirait d'un château avec six tours aux toits coniques.
- Il y en a beaucoup ici, c'est maigre comme indice.
- Et de Vinci ? Il ne nous a rien laissé pour nous guider ?
- J'ai lu tout son testament, je n'ai rien trouvé.
- Sinu Régio »
C'était Lisa ; elle était revenue, toujours boudeuse. Paul reprit:
« Ce seraient ses dernières paroles, en effet. Elles indiquent qu’il est mort dans les bras de François 1er. Et alors ?
- Et alors ce n’est pas possible. Le Roi était à Saint Germain en Laye ce jour là. Littéralement, ‘ Sinu Regio’ signifie
‘sur la poitrine d’un Roi’. Il voulait certainement nous dire autre chose.
- Bon Dieu ! Tu as raison. Que diable peut-on trouver sur la poitrine d'un roi-chevalier comme François 1er ?
- Son blason ? » Proposa David.
« La Salamandre !! » Exultât Paul.
Il embrassa Lisa qui, toujours fâchée, le repoussa.
« La Salamandre est l’emblème de François 1er, elle a la réputation d'empoisonner les eaux. »
Lisa avait déjà tiré les conclusions qui s’imposaient :
« Et le seul château à six tours qui soit décoré de Salamandres est… ?
- …Chambord ! » David était tout heureux de participer à ce vif échange… Il se sentait bouillonner.
Paul était aux anges, tout se passait comme il l’avait espéré. L’arrivée de David permettait de faire le lien entre ses connaissances et celle de Lisa. Ce qui n’avait été que brides d’informations devenait naturellement une histoire. Il enchaîna :
« Chambord ! Bien sûr !!! Sa construction date aussi de 1519. Mais, j’y pense, Lisa, il y a une Salamandre dans le manuscrit.
- Où ça ? Je n’ai rien vu de tel.
- Moi non plus au départ, mais maintenant que vous en parlez, j’y vois la réponse à une de mes questions. Regardez la partie astrologique. Les signes y sont dans l’ordre. Deux pages ont été perdues, qui correspondraient au capricorne et au verseau. On devine assez vite les autres sauf un : le scorpion.
- En effet il ne ressemble en rien à un scorpion » remarqua David.
« Mais vois ce corps vert tacheté, cette longue queue et cette langue. C’est sûrement une Salamandre. Dommage que la page du « verse-eau » ait été arrachée, elle contenait certainement d’autres pistes.
- Ce serait donc Chambord. Mais pourquoi ce lieu ?
- Par la Loire on peut atteindre le cœur de la France et par son embouchure le cœur de l’Atlantique. Et Magellan a démontré que ce dernier était en contact avec les eaux du monde entier.
- En effet, Lisa, à l’origine, les douves de Chambord devaient être reliées à la Loire par un chenal direct, mais François 1er y a renoncé.
- Peut-être François 1er a-t-il été influencé par Léonard de Vinci qui aurait eu connaissance des intentions des Galmichs ?
- Ou par son héritier Francesco Melzi, mais comment en être sûr ?
- En allant sur place, s’ils ont eu ce projet il doit en rester des traces. Reste à savoir où chercher. »
Lisa ouvrit son ordinateur portable :
« On peut le savoir en regardant la structure géologique, ils ont sûrement choisi l’endroit le plus favorable. »
Elle se connecta à internet sur le site Géoportail de l’IGN. En configurant correctement l’interface on pouvait voir, à l’échelle 1/32 000, la composition géologique du sous-sol.
« Regarde David, pour relier facilement les douves à la Loire, il faudrait rester le plus possible dans les zones qui sont de la même couleur que ces deux cours d’eau.
- Comme ces deux lits dont un vient du fleuve et l’autre des douves ? On dirait une patte de Salamandre qu’un doigt venant des douves chercherait à toucher.
- En effet, c’est là que l’on aurait le moins de zone d’une autre couleur à creuser. Ces deux lits représentent donc le tracé que tout bon ingénieur aurait choisi.
- Et si nous allions voir à quel endroit la Loire aurait débouché sur les eaux du château ? Nous trouverons peut-être des indices. »
Il était tard, ils reportèrent la visite au lendemain. Il restait une chambre à Paul, il la proposa à David qui ne se fit pas prier.
Le jour suivant, ils rendirent la voiture de location de David, et prirent le petit déjeuner dans un café-terrasse, face au château. Ils entamèrent alors leur enquête.
Après avoir longé plusieurs fois le canal sans rien trouver ils éprouvèrent le besoin de faire une pause. David s’assit sur un tronc d'arbre scellé faisant office de banc. C'est dans cette position qu’il vit, sur l’autre berge du canal, une petite vanne.
Inconsciemment inhabituée à ce que les yeux de David restent si longuement sans se poser sur elle, Lisa regarda dans la même direction.
« C’est là ! » S’exclama-elle avant d’embrasser David sur le front, sous le regard rageur de Paul.
« La Loire est un fleuve capricieux, il fallait prévoir un écoulement extérieur au canal en cas de crue. C’est le premier vrai indice que nous ayons, tu es un amour David ! »
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
- Paul le mystique se mettrait-il à ne croire que sur preuve ? On nous l’a changé.
- Ne commence pas Lisa ! Croire aux pouvoirs occultes ne signifie pas croire à n’importe quoi. Ma démarche est aussi scientifique que la tienne. Je suis simplement moins obtus. »
David jugea bon d’intervenir :
« Du calme les deux, vous n’allez pas recommencer. Allons voir ce qu’il y a à l’endroit où les doigts des Salamandres devaient se rejoindre.
Un peu de balade en forêt vous fera du bien.
- Oui, allons-y ! » Dit Lisa en prenant la main de David.
Paul les suivit de loin en trainant les pieds. David était aux Anges mais doutait quand même, cette nouvelle attitude de Lisa n’avait-elle pas pour unique but de provoquer la jalousie de Paul ?
Le doigt venant du sud pointait sur un carrefour de chemins mais celui qui y menait depuis la route était interdit par une barrière.
Ils se dirigèrent donc vers l’autre doigt en empruntant le chemin qui était en face, de l’autre coté de la route.
Ils étaient encore loin du second doigt quand ils virent une cabane en branchage et un peu de mobilier.
Lisa s’était un peu écartée du groupe :
« Regardez ! Il y a le dessin d’une Salamandre sur ce panneau ! »
Les deux hommes la regardèrent depuis l’arrière de la cabane lorsqu’un homme surgit de celle-ci et se rua sur Lisa, cherchant à l’étrangler. Les petits poings de la jeune fille s’agitaient, frappant sans résultats la grande masse de son agresseur.
David s’élança vers elle quand il entendit un coup de feu. L'homme lâcha sa victime et s'enfuit dans les Bois.
Paul tira à nouveau sur lui et le prit en chasse. David avait rejoint Lisa, elle n'avait rien. Il la serra dans ses bras, pas seulement pour la réconforter. Alors, trois coups de feu successifs retentirent dans la forêt.
David sursauta :
« Il est fou, il va le tuer !
- Il ne va pas le tuer, il l'a tué. Et ce n'est pas le premier. »
David couru vers eux. Il s'arrêtera net quand il vit le cadavre.
Paul avait récupéré ses papiers.
« Il faut Choisir David, eux ou l'humanité.
Il a un passeport au nom de Giuseppe Paggi.
- Nous connaissons ce nom » dit Lisa qui les avait rejoints « C'est celui d'une des société qui a répondu à l'appel d'offre du refroidisseur.
J’ai réussi à m’y faire embaucher comme conseillère. Ils ont rompu mon contrat quand je leur ai démontré que la troisième tour était devenue inutile, depuis qu’on avait remplacé le système graphite-gaz contre des réacteurs à eau pressurisée.
- Pardon ?
- Laisse tomber David, je ne la comprends pas toujours non plus, ne restons pas ici. »
Ils rentrèrent. David resta silencieux toute la soirée et se tint éloigné de Lisa.
Avec qui s’était-il embarqué ? Paul avait tué un homme et Lisa n’avait rien fait pour l’en empêcher, comme si elle se soumettait à une sorte de fatalité.
La police avait trouvé le corps dès le lendemain, il n’en restait maintenant plus que l’habituel contour à la craie, tracé au sol, des scènes de crime.
Les trois complices étaient maintenant recherchés, un lien de plus les avait soudé, malgré leur divergences.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Pour Meloe et pour me faire pardonner de mon dernier retard, voici tout de suite l'épisode suivant
CHAPITRE 4) Une Larme de Lisa
David émergea vers huit heures du matin et se prépara lui-même un bol de café. Lisa travaillait déjà dans son laboratoire. Depuis longtemps, elle essayait de composer le poison décrit dans le manuscrit. Paul, lui, s'était plongé dans les archives de la construction de Chambord. Il ne travaillait que sur livres et détestait internet. Cherchant à sortir de cette ambiance glaciale il dit à David :
« On ne sait pas qui fut l'architecte du château mais ils disent que le plan originel serait de Léonard.
- ...
- Le vieil homme se serait plaint que l'on ait modifié ses plans avant la construction.
- ...
- Tiens, viens voir, j'ai quelque chose de très intéressant. Il y aurait eu une mortalité très élevée dès le début du chantier. Essentiellement par maladies et fièvres.
- Rien d'anormal, Paul. » Observa Lisa qui venait d'entrer.
« Chambord a été construit sur un immense marécage. Il y a toujours eu beaucoup de maladies dans ces zones.
- Peut-être mais ces travaux étaient réalisés par une majorité d'hommes ; or ici, la mortalité a été plus élevée chez les femmes. »
David et Lisa se précipitèrent vers le livre de Paul. D'un coup, ils avaient oublié leurs divergences. Ils se sentaient approcher d'un but qui leur était commun. David sortit de sa réserve :
« Paul, tu dis que Léonard s’était plaint d’une modification des ses plans en cours de construction. Ceci a dû engendrer des incohérences dans l’architecture, non ? »
Il reçut une réponse de polytechnicienne :
« Il est en effet inévitable qu’il en reste des traces, un tel projet ne se mène pas dans l’improvisation.
- Il faut donc que nous retournions au château.
- Mais c’est inutile ! » S’insurgea Paul « J’ai tous les plans ici, il n’y a qu’à les consulter. Vous avez pensé que la police nous recherche ? »
Mais Lisa et David étaient déjà partis. Paul était un homme de dossiers qui avait horreur de sortir. Il rassembla en catastrophe plusieurs plans dans un porte-documents et essaya de rattraper le couple.
La visite de l’intérieur du château ne donna rien. Les groupes de touristes, les parcours imposés et les multiples portes donnaient à Chambord des airs de labyrinthe dont il était difficile de se faire une idée générale.
Ils décidèrent alors de faire le tour de l’édifice par l’extérieur. Ils entamaient le second tour quand David fit remarquer à Paul :
« C’est étrange, certaines des façades qui sont entre les quatre tours du donjon ne sont pas symétriques.
- En effet, voyons ce que les plans disent de ça… Mais attends-moi !! »
David, qui était parti pour son troisième tour, revint voir le plan.
« Regarde ! On retrouve cette dissymétrie dans les plans sur tous les étages. Le canton sud n’est pas aligné sur les autres. »
Mais alors que Paul essayait de passer d’un plan à l’autre, l’encombrant classeur lui échappa des mains. Tandis qu’il tentait de replier ses grandes feuilles, David se rendit compte de l’absence de Lisa. Il la retrouva tout près, face à un mur, devant un parterre de fleurs. Après son aventure de la veille, elle avait abandonné son tailleur froissé pour une petite robe saharienne blanche, plus adaptée aux circonstances.
Quand il la rejoignit, il vit une larme dans son œil. Il en comprit l’origine en lisant la plaque vissée sur le mur. Le texte rappelait un fait de guerre, l'exécution par les Nazis de plusieurs résistants.
Dernière modification par bob d artois le sam. 12 sept. 2009 22:08, modifié 1 fois.
A quoi ça sert de tuer l'ours, si on n'a pas d'abord vendu la peau ?
Oh, ça se complique ! Grand Maître ! Merci d'avoir mis en ligne le début du chapitre suivant le plus rapidement possible, maintenant vous vous devez à vos lecteurs
La marquise demanda sa voiture et se mit au lit. JE SUIS CHARLIE
Grand Merci Ô Grand Maistre! 
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Je brûle d'impatience et ne vais pas lire le manuscrit pour une totale surprise, grand maître et cher Bob je vous embrasse pour cette heureuse initiative.
Bonjour Bob et les amis lecteurs ! 
