<nostalgie>
Souviens-toi l'été dernier... C'était en juin 2005 et une chaleur de plomb accablait l'arrière-pays montpelliérain.
Tron, Zarth Arnette et votre serviteur gambadions dans la gaieté ensoleillée de la garrigue grignotée bruyamment par des chenilles de bombyx frétillant au bout de fils invisibles. La poésie verte des lieux où grattait la salsepareille, où saignait le coquelicot et pullulait le ciste local invitait à la chasse à la boîte. Alors dans cette griserie de l'air chargé de vie et d'arômes, nous nous élançâmes énigme au vent à l'assaut de la terriblissime égoreciste.
Peu après un mas dont la seule évocation du nom ferait trembler Chuck Norris, nous entamâmes péniblement l'ascension de la draille vers le sommet. Optimistes, on se voyait déjà en haut de la friche! Arrivant donc à la dite friche, ce fut à dextre derrière un mur végétal de buis que nous la découvrîmes. Cette vision fut le baume de nos pensées, comme le soleil perçant les nuages réchauffe soudain notre corps transi.
"Là où la lumière cesse, l'aventure commence" s'écria Zarth Arnette, Indiana Jones à ses heures. Et nous voilà tous 3 plongeant dans l'egor'house à l'improbable lueur d'un lumignon dessinant sous nos pas un cône blanc vacillant. Au prix du dérangement de quelques habitants nyctalopes suivi d'un rampement herpétophile vers la salle promise, nous l'aperçûmes enfin. Au dessus des babines retroussées, les prunelles fixes de la bête avaient une luisance quasi surnaturelle. Elles ne reflétaient pas la terne lueur de la lune ou des étoiles, elles avaient emprisonné la lumière orangée du jour pour la rendre à la nuit. Ces yeux-là ne se contentaient pas de voir, ils éclairaient. Saisissant notre courage et nos lampes à 2 mains, nous la fîmes fuir à grand renfort de cris et de gestes dans un grognement hostile et extraterrestre. Oooh elle ne fut pas loin, tapie là dans le fond de sa tanière et surveillant nos agissements illicites envers sa progéniture, à portée de gueule.
Sous la protection de Tron, obscur témoin, Zarth plongea sa main, son bras, que sais-je encore, dans la chose visqueuse avec le geste auguste du cisteur pour en retirer enfin le fruit de nos recherches.
La bête poussa un hurlement de
minotaure de fin du monde... (les puristes excuseront cet anachronisme, les autres ma pub déguisée). Ce fut comme l'ordre de départ des lieux, les uns grimpant sur les autres, s'accrochant aux stalactites, dans un brou tout ce qu'il y a de haha. Nous sentions le souffle rauque et fétide de l'immonde égor'bestiole sur nos nuques et nous redoublions de vitesse. Enfin la lumière fut et la garrigue reprit ses droits: Zeus merci, nous étions sauvés.
C'est sur le chemin du retour de cette sanglante épopée que nous croisâmes, anecdote authentique, un groupe de cisteurs en détresse mené par le célèbre Pablo, pas Picasso, non, l'autre bien plus connu, Pablo107s, mais vous l'aviez compris. Et oui, ce cacheur des premières heures était lui aussi à pied, à pied d'oeuvre et à piétiner désespérément les sentes dans l'espoir de trouver sa voie vers le St Graal du Captain
Igloo Canyon. Après l'échange des amabilités d'usage "mais siiii, au Y=D, cap 130 jusqu'au grand blanc, compter 3 cailloux, c'est pourtant clair, non?", nous rentrâmes à la casa prendre un
whisky thé à la menthe et nous remettre de toutes ces émotions.
</nostalgie>