Allez, à la demande générale, je vais m'exécuter ! Non, pas me faire hara-kiri, mais juste avouer l'inavouable d'une certaine époque !
Les anciens je vais les gaver avec mon histoire, mais je pense que les nouveaux pourront en tirer un enseignement (prétentieux, va !)

Ca remonte à mes débuts. Pour ceux qui ne le savent pas encore (y sont rares) je ne me suis intéressé que tardivement au monde des cistes et à sa bande de givrés. Au départ je me limitais à conduire ma dame et occasionnellement à l'accompagner à certaines rencontres cistiques . . .
Puis est venue la phase "je m'en mêle aussi". Non seulement j'accompagne, mais je pête un peu les plombs.
Une ciste tombe sur les écrans dans la soirée, je la décode, je ne regarde ni l'heure, ni la météo, mais la tête de la krapette quand je lui propose d'aller la cueillir. Pas la krapette, la ciste !! Je me fais traiter de fou, je saute dans ma voiture, j'embarque le krapdog et "à l'assaut".

J'arrive dans le bled en question (vous laisserai le trouver par vous-mêmes), il est 22 heures, et il commence à pleuvoir comme vache qui pisse. Faut que je trouve un passage, un pont, une passerelle ou qq chose de ce genre pour traverser le cours d'eau et aller chercher mes lauriers bien mérités, vu l'heure, la météo, la tête de la krapette et tout et tout !
Pas de bol, à une centaine de mètres je vois les feux arrières d'un véhicule garé à l'endroit de mon passage. Je m'en approche un peu, une bande de d'jeuns, criants, vociférants, menaçants !

J'exagère ? Oui, peut-être !

Toujours est-il que, connaissant le courage à toute épreuve de mon fidèle krapdog . . . (et le mien) j'ai préféré contourner l'obstacle plutôt que de l'affronter.
Y'a bien d'autres passages dans le coin. Je tourne en rond dans le bled, j'emprunte plusieurs chemins de terre avant d'abandonner car sans issue ou barrière ou pas de pont ou trop de gadoue (il flotte de plus en plus).
Je reviens une bonne dizaine de fois près de la passerelle squattée pas cette bande de . . . . .

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. . . et ils sont toujours là ! Ils vont se pieuter quand ceux-là ? Ils bossent pas ? Leurs parents savent où ils trainent ? Ce qu'ils boivent ? Ce qu'ils fument ?
Il est près de minuit quand je trouve enfin un autre chemin de terre qui contourne le cours d'eau et également l'obstacle pré-cité !
J'arrive au bout, en face de la petite passerelle, je ne distingue plus les jeunes en question, juste une voiture garée dans la nuit. Ca doit être une voiture volée, à tous les coups !
Je fais demi-tour pour garer ma voiture dans ce chemin hyper gadoueux en priant le ciel de pouvoir un jour en ressortir ! Et au moment où je fais mon demi-tour, en pleine nuit, dans les champs, il y a des gens qui sortent de nulle part, passent dans les projecteurs de ma voiture et se dirigent vers la passerelle en question.

C'est les jeunes de tout-à l'heure ?? Non, l'un d'entre eux avait l'air assez vieux, et il se baladait avec un tapis sur la tête ! Un tapis ? Oui, un tapis ou une couverture enfin je sais pas !
Mais qu'est-ce-que je fous là ? Il est minuit ! Il flotte ! C'est peuplé de oufs dans ce pays !

Mais bon !!
Je ne suis pas venu ici pour rien.
Je "gare" la voiture (cad je l'arrête en plein milieu du chemin car ailleurs c'est embourbage assuré) je sors, je m'équipe, capuche, torche, feuille d'énigme, objets, et je sors mon chien qui dormait tranquille dans le coffre depuis 2 heures !
Je ferme la voiture à clé. Clac clac ! Et une voix d'outre-tombe (pas vraiment mais presque) crie : "krapette ? C'est toi krapette ??"
Je me dis que la krapette est là où je devrais être moi aussi ! Je fais quoi ? Je crie au secours ? Je monte dans ma bagnole et je me casse ? Non, j'assume, et je lance un fier "ouiiiiiiiiii ??"
En face (de l'autre côté de la passerelle), ça rigole sec !

C'est la Sénéchalerie au grand complet, Grosjean M. et Mme + leur fille Glise, qui viennent de DECAPSULER ma belle !! Ils n'étaient pas là depuis 2 heures, eux !! Et ils la décapsulent !!
Le mec avec le tapis ? Le Grosjean qui apparemment avait oublié son blouson et qui a trouvé autre chose pour se protéger de la pluie . . .
Je leur explique pourquoi je suis seul . . . pourquoi je suis "en retard" . . . et nous échangeons quelques propos . . . courtois !!
J'en profite pour frimer avec ma super torche de combat que je venais d'acquérir récemment. Vous savez, le gros phare qui doit faire 30 cm de diamètre, qui pèse 5 kilos, mais qui éclaire à 10 bornes et qui se recharge sur l'allume-cigare de la voiture . . . Epaté le Grosjean ! Ben oui, on est des pros ou pas !
Je les quitte pour aller chercher cette deuxième place (pas de bol ils étaient 2 cisteurs, Grosjean + Glise) je ne serai donc que 3ème !
Je m'engage dans ce chemin boueux, il flotte toujours encore, le krapdog m'ouvre la voie, et on arrive dans le noir du noir, en pleine forêt !
Non mais, quelle idée ! J'avance péniblement, ça glisse, j'ai du mal à trouver mes repères, et, comble de ****

**** je m'apercois que ma torche commence à faiblir. Oh non, de pire en pire ! Plus j'avance, plus il fait sombre, moins je vois où je marche, le krapdog je ne le vois plus, les repères je ne les trouve plus . . . et la torche s'éteint ! Oh la cata !!!
J'essaie encore en mode hibou total, tu penses !!

Trouver la ciste, j'en rêve même plus. Retrouver la sortie de cette p***** de forêt, dans la gadoue, sous la flotte, devient le seul et unique objectif !
Après environ une heure de promenade matinale (c'était après minuit) on arrive enfin à sortir de cette forêt et on retrouve la voiture ! La honte !
On retourne à la base, je demande au krapdog de ne rien dire à la maison car j'imagine la krapette et ses moqueries !
On fait quoi ? Ben on attend qu'il fasse jour et on y retourne ! On va quand même pas se laisser raffler la 3ème place, non mais !
Donc retour à la maison, on enlève les godasses crottées, on s'allonge sur le canapé (faut surtout pas réveiller l'autre) après avoir mis le réveil, et à 6 heures du mat on y est retournés le krapdog et moi. Encore de la flotte, toujours de la gadoue (mais il suffisait de suivre les traces) et une ciste à pecho en "finger in the nose" !!
Bien sur mes récits foromesques du jour suivant n'ont fait allusion qu'au formidable chassé-croisé de la nuit, mais aucune allusion à la deuxième partie de l'aventure !

Cette expérience relativement . . . douloureuse . . . je n'ai pu l'avouer que longtemps après !
Comme quoi, c'est pas facile de cister torché, même quand on est un hibou !
A propos, vous voulez la marque de ma torche ??

La morale de cette histoire ?? Vaut mieux une petite nerveuse qu'une grosse paresseuse ! Je parle de torches bien entendu !!

La deuxième morale ? En décapsulage méfiez-vous ! Un Grosjean peut surgir de n'importe où !! J'en ai fait 2 fois l'expérience (un autre récit en réserve) ! Depuis j'ai levé le pied ! Eh oui, je vieillis !
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
C'était un 3 décembre . . . 2006 !! Je jour de mes 50 ans ! Je risque pas d'oublier !
Et pour ceux qui ne l'ont pas encore à leur tableau de chasse notez-en le numéro :
67@23404 - Et si vous osez, faites-la de nuit, par temps de pluie ! C'est faisable !!
