Alors...
J'ai peu dormi la nuit dernière, peaufinant encore mon brouillon d'intervention, révisant les arguments de poids...
On avait finalement rdv à midi et demi. Quand on est arrivés, on nous a annoncé une heure de retard. On est passés à deux heures moins vingt, après l'audience du prof principal et du COP (conseiller d'orientation psychologue du collège).
Le président de la commission annonce d'abord qu'à 14 ans avec un an d'avance, il n'est pas question d'orienter mon gamin en filière pro, et que le redoublement serait logiquement retenu. On va donc étudier la question entre redoublement et 2nde GT (générale et technologique).
Première rafale de questions un peu rudes et pas trop cools pour mon gamin : pourquoi ces notes si basses, ces 43 demi-journées d'absence, etc. Un vrai tribunal.
Après un moment de désarroi, il assure clairement ses réponses, exprime ses qualités et ses aspirations.
On nous passe ensuite la parole. Son père, dans une superbe introduction, annonce d'emblée le profil haut potentiel.
C'est alors qu'une partie des membres de la commission s'agite et se redresse sur sa chaise... manifestement ça les interpelle.
Je présente les conclusions du psychologue testeur. Le document intéresse vivement le président et ses voisins. Ils veulent l'ajouter au dossier.
Je refais un bref historique du cursus pré-scolaire et scolaire de mon fils, de ses étonnantes facultés, de petit enfant autodidacte à la spirale de la démotivation et de l'inhibition intellectuelle. Quatre années de souffrances scolaires et personnelles.
J'explique comment, juste au moment de la réaffectation de mon zèbre dans son ancien collège, j'ai bénéficié d'une conférence sur les EIP en échec scolaire (oui je suis enseignante) et j'ai découvert avec stupeur qu'on y traçait le portrait de mon fils. La qualité des intervenants de la conférence a semblé satisfaire le président de la commission.
J'ai ensuite raconté comment l'équipe enseignante m'avait envoyée sur les roses quand je leur ai exposé les résultats des tests (qu'ils attendaient) et demandé de bien vouloir prendre en considération ce cas individuel, leur proposant le partage des informations sur les EIP que je venais de recevoir.
Comment mon zèbre a continué à subir les sarcasmes d'un prof en particulier.
Comment cet espoir de reconnaissance s'est mué en grande déception, boule au ventre, refus scolaire et dépression...
Froncements de sourcils, chuchotements à l'oreille du voisin et discrètes exclamations scandalisées chez les membres actifs de la commission.
On me redemande confirmation qu'aucun projet n'a été mis en place pour mon fils.
Non vraiment, aucun...
Hochements de tête. A ce moment là, il me semble que la cause est entendue.
On questionne mon gamin sur ses options linguistiques (difficulté de pratiquer l'espagnol dans un collège qui ne le propose pas, assurance que le lycée d'accueil éventuel le proposerait).
On s'assure à ce moment-là du lycée choisi "au cas où".
Parallèlement on me demande si je suis d'accord pour qu'ils transmettent le compte-rendu du psychologue au futur établissement d'affectation. Le président nous précise encore qu'il sera nécessaire de prendre rdv rapidement avec le chef d'établissement pour présenter le cas de mon zèbre afin qu'ils puissent mettre rapidement un projet d'accompagnement en place. C'était déjà mon intention.
Je sens qu'avant même d'avoir délibéré et sans vouloir nous le dire clairement, le choix tacite de la commission est fait.
Le médecin scolaire, qui s'est agitée d'indignation à plusieurs reprises, nous invite à l'attendre pour un petit entretien après la délibération.
La commission a délibéré et sort de la salle. Tandis que nous attendons que le médecin nous invite à entrer, le COP qui attendait le verdit de la commission en compagnie du prof principal, m'aborde, tout embêté. Il vient d'apprendre la haute potentialité de mon gamin ! C'est vrai que je n'ai jamais songé à le contacter (il est établi dans un autre collège)... mais je me rends compte que l'équipe enseignante ne lui a jamais rien dit non plus, pas même le prof principal avec qui il argumentait vingt minutes plus tôt devant la commission pour une orientation en 2nde pro !
Manifestement, le prof a bien occulté les capacités de mon zèbre dans son laïus, puisque la commission a découvert cet état quand nous lui en avons fait part !
Je crois que l'équipe du collège a marqué un point contre son camp !
Nous devions recevoir la conclusion de la délibération en début de semaine par voie postale... le principal du collège nous a appelés personnellement à 18 h pour nous annoncer que mon zèbre était accepté en 2e GT ! C'est mon gamin qui a pris l'appel et le principal avait raccroché avant qu'il n'ait eu le temps de dire au-revoir !
Je crois qu'ils ont marqué un second but contre leur camp et qu'ils ont dû le sentir passer tout près des oreilles !





