Car en ce vendredi 11 novembre, la météo n’avait pas fait l’armistice avec un crachin à ne pas mettre un bouquetin dehors et un vent à décorner un mouflon.
Après avoir affronté blizzard et neige, pluies de mousson ou froid sibérien lors de précédentes aventures jacouesques, il ne manquait plus que le zef à notre collection : l’oubli est maintenant réparé.
Mais commençons par le commencement.
Motivés comme jamais, nous partons du hameau pittoresque et entamons l’ascension dans le chemin transformé en ru.
« L’eau, c’est la vie » philosophe Bibindum
« Pas faux mais pour une balade made in Jacou9, autant d’eau c’est surprenant, t’es sûr qu’on est sur le bon chemin ? » ironise Zarth Arn.
Plus loin, nous découvrons progressivement les crêtes de gneiss escarpées et les vues dégagées sur les vallées en contrebas. Bonté divine, c’est grandiose, une scène à fort potentiel extatique.
« Ouais mais il pleut » gronchonne Bibindum
« C’est vrai qu’on prend la douche » joue avec les mots Zarth Arn.
Il nous faut ensuite traverser la jungle callune : dans le genêt (mouillé), il n’y a pas de plaisir, comme dit le dicton breton.
« Oh un arc-en-ciel, phénomène optique et météorologique qui rend visible le spectre continu de la lumière du ciel avec le rouge à l’extérieur et le violet à l’intérieur » s’ébahit le premier, grand disciple de Gillot Pétré.
« Ah un autre » fait sobrement écho le second.
Tout ça pour dire que la pluie n’a pas que du mauvais et n’altère ni notre moral ni la beauté de la balade.
Plus loin encore des sous-bois traversés par des torrents nous accueillent toutes branches ouvertes.
Châtaigne sur le gâteau, l'automne a rajouté ses couleurs oranges, jaunes et rouges à la palette de ce tableau somptueux : c’est une alchimie magnifique.
« Tiens des mouflons du genre Ovis, famille des Bovidae, sous-famille des Caprinae qui détalent devant nous » s’enthousiasme le premier, grand adepte animalier de Bougrain-Dubourg
« Ah un écureuil » répond modestement le second.
Encore plus loin, des murailles rocheuses se dressent ici et là, tels des geysers de sève minérale.
C’est alors que le sosie du Portail de Roquandouire, haut-lieu de pèlerinage jacouesque nous coupe la route. Pause obligatoire, minute de recueillement.
« Putain, mais ça déchire grave tellement c’est beau » poétise le premier.
« Sa mère que je kiffe ce spot » surenchérit le second.
C’est désormais clair, cette balade vient de monter sur le podium des randos extraordinaires.
Nous continuons en alternant superbes forêts et vues sur le massif lumineux et ses pentes déchiquetées. Le soupir des feuillages au vent nous accompagne, des animaux aussi.
« Oh mais voilà encore des mouflons qui nous observent » admire Bibindum.
« Et ne serait-ce pas là quatre marcassins et leur mère sanglier qui s’enfuient ?» s’exclaffe Obélix Zarth Arn.
« T’es sûr qu’ils ne sont pas dangereux au moins ? » s’inquiète Bib.
« Ben non, moins dangereux qu’un chat en tout cas » répond Zarth.
« Comment ça? » s’interroge Bib.
« Ben oui. C’est sacrément dangereux, un chat. D’ailleurs, c’est un chat qui a tué Jésus ! Rappelle-toi que Jésus est descendu par minou » assène Zarth
« mmm… » médite Bib, perplexe.
Bref, nous en prenons plein les yeux et nos vêtements plein de flotte. Des sous-bois exceptionnels longeant un torrent joueur en contrebas, de majestueux sapins, des châtaigniers remarquables, la faune locale surprise au détour d’une épingle, des senteurs automnales enivrantes, au loin une cascade… c’est le bonheur au Naturel, la chlorophylle a conquis ce monde.
La sente s’efface par endroits, défoncée par les groins des cochons sauvages et devient plus une hypothèse qu’une réalité.
« Et si on allait tout droit entre ce point et l’autre plus loin, ce ne serait pas plus rapide, Zarth ?»
« Voyons, Bib, ça dépend si les 2 points sont parfaitement alignés !»
« mmm… ça ne s’arrange pas »
Nous poursuivons par monts et merveilles, guéant des ruisseaux parfois, baignant dans un état d’enchantement souvent, nous repaissant du spectacle des forces vivantes jouant leur partition toujours.
Tout en bas, un pont improbable nous tend son unique arche que nous franchissons pour découvrir des restes de civilisation : sublime thébaïde où se réfugier loin de la folie des élections outre atlantiques.
Nous attaquons ensuite une montée qui réchauffe les organismes, enfin les cuisses et les mollets principalement.
« C’est à droite ou à gauche qu’il faut prendre ?» demande Zarth
« A droite, j’en mettrai mon oreille à couper » répond Van Gogh Bib.
Ça grimpe et certains ont un coup de mou, ou plutôt de moût (dédicace viticole à Jacou9)
Bien plus loin, bien plus haut, c’est un changement de décors et de climat : les bois ont fait place à une steppe mongole et un vent redoutable a remplacé les gouttes.
Parce que pour souffler, ça envoie du lourd, du très lourd même : c’est pas possible, Dieu a mangé du cassoulet qui le lui rend bien.
Nous sommes comme des funambules face aux éléments déchaînés, oscillant maladroitement pour conserver l’équilibre.
« Ça va me décoiffer le brushing » râle Zarth Arn.
« Ah ah elle est bien bonne. Tu n’as qu’à fermer la porte, ça fait courant d’air, OK ? » plaisante Bibindum.
« Arrête de dire OK ! » s’énerve Zarth Arn.
« OK » conclut l’ami Chelin.
Nous profitons malgré tout des derniers panoramas à 360°, des dernières vues sur l’ordre minéral découpé à la hache, des derniers belvédères plongeants sur la nature sauvage et magnifique à nos pieds. Nous sommes littéralement en contemplation devant ce monde, buvant à sa coupe (seconde dédicace viticole à Jacou9)
Car voilà, c’est déjà le final : nous récoltons l’ultime ciste, 10/10, tout comme la note attribuée à l’unanimité à la balade.
Merci Jacou9, c’était de la très grande balade qui nous a enchantés comme peu de flûtes (troisième dédicace viticole à Jacou9).
Si l’on devait la résumer en une phrase, ce serait du Shakespeare « Il est plus de merveilles en ce monde que n’en peuvent contenir tous nos rêves »
Ah, Bibindum me glisse un mot dans l’oreillette :